«Ces violations de nos droits sont consécutives à notre refus catégorique de nous assujettir à certaines règles coutumières qui vont à l’encontre des lois de la République du Mali, parce qu’elles sont esclavagistes et discriminatoires», nous rappelle le président de l’ACDE, Koundénécoun Diallo.
Pour la première fois, l’Association contre la domination et l’esclavage (ACDE) a organisé une marche pacifique, dans le cercle de Bafoulabé, région de Kayes, le jeudi 15 octobre 2020, pour dénoncer la pratique de l’esclavage par ascendance. «Ces violations de nos droits sont consécutives à notre refus catégorique de nous assujettir à certaines règles coutumières qui vont à l’encontre des lois de la République du Mali, parce qu’elles sont esclavagistes et discriminatoires», nous rappelle le président de l’ACDE, Koundénécoun Diallo.
Le président de l’ACDE, Koundénécoun Diallo, a indiqué, dans une déclaration, que la mobilisation du jeudi 15 octobre 2020 avait pour but de manifester leur mécontentement, non seulement face aux atteintes portées à leur liberté de réunion pacifique, malgré avis préalables adressés aux chefs de villages concernés, dans leurs communes, notamment Tomora, Kontela, mais aussi, face aux atteintes portées à l’intégrité physique et aux droits fondamentaux de certains de leurs membres.
Le 08 mars 2019, rappelle-t-il, «le village de Tourako a été pris en otage lorsque nous avons voulu y tenir une réunion pacifique chez nos camarades dans un lieu privé prévu à cet effet; ils nous ont barricadé les routes d’accès au village. Puisqu’il n’y a pas eu de sanction après, c’est pourquoi, ils viennent de récidiver, les 03 et 04 octobre 2020 à Balandougou où il y a eu de violents affrontements entre les preneurs d’otage du village et certains de nos membres qui voulaient tenir cette réunion. De notre côté, il y a eu seize blessés dont quatre femmes».
À en l’en croire, de 2019 à 2020, «un déluge de convocations s’est abattu sur certains de nos membres qui sont essentiellement des cultivateurs, soit plus de 180 convocations. Une dizaine de personnes de notre organisation sont menacées d’expropriation des terres agricoles qu’ils occupent ou exploitent depuis plus de cinquante ans.
Ces dossiers sont en instance au Tribunal de Bafoulabé. Les villages concernés par cette affaire sont Souroubiré, Dioulafoundou, Saman, Tingoye, Dioufoya, Gangantan, Dialan-Kersignané; un handicapé a été battu à Sabouciré; huit personnes de Diayi ont été mises en garde à vue ou en détention pendant 02 à 03 mois, puis libérés; nos membres sont traités d’esclaves, injuriés, menacés à longueur de journée sur les réseaux sociaux…».
Et de poursuivre : «ÀTomborotéguindan, le jour même du 22 septembre 2019, un de nos jeunes a été agressé et blessé jusqu’à son domicile au motif qu’il dérangeait ceux qui dansaient sur la place publique … actuellement, Filioulin Konaté dit Mandé Mansa de Kontela-Sabousiré, un de nos membres très actifs dans la lutte que nous menons, est sous mandat de dépôt à Bafoulabé», s’indigne le président de l’ACDE.
«Nous estimons que beaucoup de ces faits violent de façon flagrante nos libertés et droits fondamentaux de valeur constitutionnelle, la Charte Africaine des droits de l’homme et des peuples du 27 juin 1981, la Déclaration des droits de l’homme du 10 décembre 1948…», interpelle-t-il ainsi l’Etat au respect de ses engagements.
Et Koundénécoun Diallo d’ajouter : «C’est pourquoi, nous nous mobilisons aujourd’hui pour réclamer plus de justice, d’égalité pour tous. Une fois de plus, nous demandons aux autorités compétentes de prendre ce problème d’esclavage par ascendance à bras le corps, car il est plus qu’une réalité dans le cercle de Bafoulabé. Nous demeurons convaincus que sans liberté, sans égalité, sans justice, il n’y a ni paix, ni développement».