Le général Bernard Barrera, à la tête de la brigade lancée contre les djihadistes au Mali en janvier 2013, a fait son adieu aux armes mardi 20 octobre.
Dans la grande cour des Invalides, ce mardi 20 octobre, peu d’invités masqués ont pu entourer le général Bernard Barrera pour son départ du service actif, après quarante-deux ans passés sous l’uniforme. Cette figure respectée de l’armée de terre a commandé en 2013 au Mali la « brigade Serval », lancée contre les djihadistes liés à Al-Qaïda qui menaçaient Bamako. Dans les rangs, les anciens considèrent avec lui que ce fut « la plus importante des opérations menées par l’armée française depuis la guerre d’Algérie ». Il précise, lors de cet adieu aux armes : « J’ai eu des victoires, “Serval” en est une, collective. »
Ce furent trois mois de combat permanent de janvier à avril 2013. Le premier mort français tombe au premier jour, Damien Boiteux, dans son hélicoptère des forces spéciales. Sur le moment, rappelle le général, « il n’y avait qu’une chose à faire », foncer droit vers le nord pour libérer les villes de Tombouctou, Gao, Ménaka sur la boucle du Niger. Puis Tessalit, tout au nord, proche de l’Algérie. « Quand j’ai raconté au général américain McMaster [l’un des hauts responsables de l’armée américaine qui devint conseiller à la sécurité nationale du président Trump] qu’on était partis dans des conditions tendues à l’extrême, avec 15 % de la logistique nécessaire pour démarrer, il m’a dit que nous étions fous. »
Parmi les 3 000 hommes lancés dans la bataille, un deuxième meurt le 19 février 2013, le légionnaire du 2e REP Harold Vormezeele. Parvenus dans l’Adrar des Ifoghas, le massif montagneux de l’extrême nord du Mali, les Français sont tombés dans une embuscade. « Nous ne savions pas où étaient les djihadistes, alors », admet l’ancien commandant de la force Serval. Ni le renseignement extérieur ni le renseignement militaire n’ont eu de vision claire – ainsi, quelques semaines plus tôt, les services avaient évoqué la présence de plusieurs centaines de djihadistes entre Bamako et Tombouctou « mais il n’y avait personne ».
Le général raconte : « Nous étions en plein brouillard de guerre. Le 17 février les forces spéciales et les drones envoyés dans l’Adrar n’ont rien trouvé. En fantassin, je me suis dit qu’on allait parcourir la vallée de l’Ametettai et qu’on verrait bien. On a vu. Ils étaient plusieurs centaines de combattants retranchés là, installés depuis dix ans dans les grottes. »