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Affaire de la journaliste avec le premier ministre à Paris : Le vrai faux débat
Publié le jeudi 21 juin 2012   |  L'Indicateur Renouveau




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Au delà de toute la polémique autour de la question, l’affaire dite désormais d’Aïssata Ibrahim Maïga avec Cheick Modibo Diarra en mission à Alger, Paris et Nouakchott, pose véritablement la problématique de la gestion des télévisions d’Etat africaines, particulièrement celle de l’Office de radio diffusion, télévision du Mali (ORTM). Explications.

Une affaire si banale (au début), a vite pris les allures d’une affaire d’Etat. La semaine dernière, le chef du gouvernement malien, Cheick Modibo Diarra devait se rendre en Algérie, à Paris, puis à Nouakchott, dans le cadre de sa série de concertations pour la résolution de la crise au Nord du Mali. Le choix du journaliste de l’ORTM devant l’accompagner s’est heurté à une confusion qui ne dit pas son nom. Et des informations concordantes nous apportent qu’une consœur (présentatrice) a été préférée à un « grand reporter » suite à « l’intervention personnelle du Premier ministre. Le pas est franchi et la polémique s’emballe depuis une semaine.

Faux débat, vraie problématique

Au delà du débat sur la forme du choix fait par le chef du gouvernement, l’affaire Aïssata Ibrahim Maïga pose véritablement la problématique du fonctionnement de nos télévisions africaines. Bref, leur rapport avec le régime en place. L’ORTM ne fait pas exception à la règle. Et tous les régimes qui se sont succédés ont eu leurs « journalistes préférés ».

Sous d’autres cieux, le débat ne se pose. Aux Etats-Unis, les journalistes accrédités pour la couverture des activités du président sont connus dans leurs rédactions. On les appelle « les correspondants de la Maison blanche ». En France, la démarche semble la même, où les radios, journaux et chaines de télévision, ont des reporters spécialisés auprès de l’Elysée.

Il est vrai que le Mali n’est pas la France, encore moins les Etats-Unis. Mais la mission des journalistes semble identique. Et le mode de fonctionnement du choix des reporters doit nous inspirer.

L’affaire de la journaliste avec le Premier à Paris doit nous amener donc à réfléchir sérieusement à un autre mécanisme de gestion des ressources humaines au sein de notre télévision. Depuis la création de la télévision nationale en 1984, le choix des hommes se heurte régulièrement à des frustrations. Certains estiment d’ailleurs que l’ORTM est « une boite qui fabrique des aigris ». Faisant référence à la « marginalisation de certains » réputés très talentueux.

Sous Moussa Traoré, les voyages présidentiels étaient réservés à un ou une catégorie de journalistes, dont les critères de choix restent encore à édifier. Les régimes suivants n’ont pas fait exception à la règle.

Le débat aujourd’hui à l’ORTM doit être consacré à la question de savoir qui fait quoi ? Et qui choisir pour de telle mission ? Dans un passé récent, nous avons vu des journalistes spécialistes de tous les domaines (politique, art, culture, sport, environnement, NTIC, etc.). Cela n’a pas fait broncher les observateurs. L’ORTM fait face à une véritable nécessité de réorganisation et de la valorisation des hommes.

En clair, pour nous éviter une autre « affaire Aïssata Ibrahim », il est important aujourd’hui pour les responsables de la chaine de télévision nationale de fixer les critères de choix des journalistes pour « les grands reportages », en n’oubliant pas que pour devenir grand reporter, il faut qu’on envoie au charbon. Et que l’expérience s’acquiert sur le terrain.

Issa Fakaba Sissoko

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