Photographe autodidacte, Fanta Diarra est une jeune artiste multidisciplinaire qui met l’Homme et son environnement au cœur de ses créations. Photographe de prédilection, Fanta n’hésite pas, en effet, à explorer d’autres disciplines pour exprimer son potentiel artistique comme la peinture, le design ou encore la mode.
Bon nombre d’artistes évitent de s’imposer des frontières afin de pleinement faire valoir toutes leurs potentialités, en embrassant plusieurs catégories d’art. La jeune photographe malienne, Fanta Diarra, fait partie de cette catégorie. Bien que photographe de prédilection, elle fait parler d’elle dans le monde des arts au Mali, notamment dans la peinture, le design et même dans la mode.
Avec l’Homme et son environnement au bout de l’objectif de son appareil, Fanta Diarra mène son combat pour un monde meilleur en termes d’humanisme et de préservation de l’environnement, à travers ses nombreuses séries photographiques. Promotrice de Diam’art, une structure spécialisée dans la photographie et la mode, Fanta Diarra est également la présidente de l’Association femmes fortes et arts du Mali qui regroupe en son sein des femmes artistes comme des peintres, photographes, danseuses et musiciennes.
Native de Ségou, une ville située à 240 kilomètres de Bamako, la capitale malienne, Fanta Diarra n’était pourtant pas destinée à faire carrière dans les arts. En effet, après l’obtention de son Diplôme d’étude fondamental (Def) en 2012, elle s’inscrit dans un centre de formation professionnelle pour y suivre des cours de comptabilité. Mais, deux années après, elle comprend que son destin était ailleurs, notamment dans le monde des arts qu’elle affectionnait. Elle s’intéressait alors à la photographie. Un métier dont elle était passionnée depuis son jeune âge. “J’ai été impressionnée dès ma tendre enfance par l’appareil photo qui permettait aux nombreux touristes qui visitaient ma ville natale d’immortaliser leur passage” nous explique-elle.
Ainsi, sans aucune formation, elle décide de vivre sa passion en se lançant dans la photographie. D’abord avec un appareil amateur qui lui permettait déjà de faire des merveilles. Et convaincue que le hasard n’a pas sa place dans la vie lorsque l’on choisit de vivre de son talent, elle décide alors de se former afin de mettre toute sa technique au service de sa créativité et de son inventivité. C’est ainsi qu’elle se présente en 2014 au concours du Centre de formation en photographique (Cfp) de Bamako, qu’elle réussit avec brio.
Après sa formation, Fanta exprime son potentiel artistique et sera invitée à de nombres expositions, tant sur le plan national qu’international. Elle compte aujourd’hui une vingtaine d’expositions à son actif en seulement quelques années de carrière. On peut citer, entre autres : Longing for the future au Cfp de Bamako et au Musée des Cultures à Bâle (Suisse) dans le cadre de sa formation (2015), Sunu natal à la Galerie nationale d’Art de Dakar (2016), Musow Ka Touma sera lors de la 12ème édition de la Biennale africaine de la photographie à Bamako en 2020, F+F Schule für Kunst und Design à Bayreuth en Allemagne (2017) et bien d’autres. Aussi, de nombreuses collaborations viennent confirmer le talent émergent de la jeune photographe. En plus de son centre formateur (Cfp-Bamako), Fanta est photographe reporter du Centre Soleil d’Afrique de Bamako, le Festival sur le Niger à Ségou au Mali, Amadaer, le programme de résilience de l’insécurité alimentaire et nutritionnelle au Sahel (P2RS-Mali), l’Institut du Sahel (Mali) et CPO de Ouagadougou. Mieux, Fanta collabore avec des institutions internationales comme Planning familial Health communication capacity collaborative, portrait d’une famille (Usaid) et la Banque mondiale. Enfin, elle collabore avec la plus grande banque d’images, Guetty-images.
“Terre sans frontière”
Le processus de création de Fanta Diarra est centré sur l’Homme, son bien-être dans un environnement sain. Quand elle ne travaille pas pour demander de prendre soins de personnes âgées (La Connaissance, série), la jeune artiste pose volontairement l’objectif de son appareil photo dans des phénomènes comme l’importation et la commercialisation de la friperie d’Europe qui tuent la production textile artisanale locale à travers sa série Afrique en mode Yougou-Yougou.
“Pendant que l’importation de ces friperies (Yougou-Yougou) ou d’autres produits appelés” France aurevoir “gagnent du terrain commercialement, les compétences et l’exploitation de matériaux locaux disparaissent”, déplore Fanta qui précise que cette série cherche à montrer cette nouvelle forme de dépendance des Africains vis-à-vis des produits étrangers au détriment des produits locaux textiles en pleine déperdition dans nos pays africains, malgré des efforts des hommes et femmes à les valoriser.
En plus de la maîtrise des différentes techniques photographiques, cette série Afrique en mode Yougou-Yougou exhibe le talent artistique de la jeune dame dans le domaine des arts plastiques, à travers des installations très colorées lors de nombreuses expositions. Artiste engagée, Fanta Diarra plaide également pour la protection de l’environnement. Comme en témoigne sa série Terre sans frontière où la déforestation et son corolaire des changements climatiques qui occupe une place de choix. Une série qui fait appel à une technique mixte (couture, collage, peinture et photographie).
“Perte d’un être cher”
Dans sa nouvelle série Garde-les exposée en août 2020 à la Galerie Madina de Bamako, l’artiste s’interroge sur les relations humaines. “Y- a-t-il une douleur plus grande que celle que l’on ressent à la perte d’un être cher ? Peut-on oublier du jour au lendemain une personne avec qui on a partagé des moments de vie, des objets, des idées, des sentiments ?”, autant de questions auxquelles Fanta répond dans sa série où l’artiste invite à l’exploration de reliques intimes d’une personne qu’elle a connue, côtoyée, et qui, partie pour un voyage, n’est plus revenue (la mort). Ses affaires, il les lui avait confiées en disant : “Garde-les”.
Dans cette série, Fanta nous invite donc à un hommage qui n’est pas que reconnaissance mémorielle, mais aussi une quête d’équilibre mental cathartique. C’est presque une démarche psychanalytique en invitant à visiter la vie d’un être qui n’est plus physiquement dans notre vie. “Les images exposées contiennent tout le mystère que représente chacun de ces objets dont l’existence maintient le parfum subtil de la parenté, de l’amitié ou de l’amour”, explique-t-elle.Fanta Diarra est certes une photographe, mais elle n’hésite pas à faire appel à d’autres disciplines artistiques pour la réalisation de ces œuvres. Ainsi, la peinture, les installations, le collage, la couture, se donnent rendez-vous dans certaines de ses œuvres qui laissent entrevoir tout le potentiel d’une grande artiste en devenir.