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Composition du Conseil National de Transition au Mali : Vers une crise politique aux conséquences imprévisibles
Publié le mercredi 28 octobre 2020  |  Nouveau Réveil
Rencontre
© aBamako.com par AS
Rencontre entre le CNSP et le M5-RFP
Kati, le 26 août 2020. Dans les tractations devant définir les modalités de la transition politique post IBK, le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP) a reçu les membres du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP), les contestataires qui ont été à l`origine de la déchéance du régime IBK.
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Réuni en assemblée générale pour la première fois depuis la chute de Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), le très hétéroclite Mouvement du 5 juin- Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a dressé un réquisitoire particulièrement sévère contre les militaires putschistes qu’il a accusés, à tort ou à raison, de monopoliser le pouvoir qu’il leur a pourtant offert sur un plateau d’argent.
Le M5 a tiré à boulets rouges sur la junte, coupable à ses yeux de « malice » et de « fraude », dans la désignation du président, du vice-président et du Premier ministre de la Transition. Mais pour la composition du dernier organe, notamment le Conseil national de la Transition (CNT), le M5-RFP n’entend pas se laisser conter fleurette, et réclame, en plus de la présidence de ce qui tiendra lieu d’Assemblée nationale jusqu’à l’organisation d’élections pluripartites en 2022, pas moins de trente représentants pour y défendre les intérêts de tous les segments de la population malienne. Toutefois, malgré les diatribes et les chantages de Choguel Kokala Maïga et des siens, cette requête risque d’être ignorée par les autres acteurs de la Transition qui verront d’un mauvais œil un conglomérat déjà transpirant de colère contre les autorités en place, diriger l’organe législatif qui sera appelé à voter toutes les lois sur la refondation des institutions au Mali. En même temps, leur refuser ce dernier morceau viandeux de la Transition, pourrait raidir davantage leur position vis-à-vis du pouvoir, et ouvrir des brèches pour une crise politique aux conséquences imprévisibles. Il appartient donc au président Bah N’Daw, au Premier ministre Moctar Ouane et aux colonels de Kati, de bien négocier, pour ainsi dire, ce dernier virage afin de ne pas accréditer la thèse selon laquelle les événements du 18 août dernier n’étaient ni plus ni moins qu’une révolution de Palais pour couper l’herbe sous les pieds des grognards de l’opposition et pour sauver IBK et les siens d’une éventuelle mort politique et peut-être même physique.
Le futur duel au sommet entre les partisans d’hier pourrait une fois encore tourner à l’avantage de la junte
Malheureusement, la lenteur dans la mise en place du CNT a laissé libre court à toutes les supputations, comme celle qui prête à la junte l’intention de bombarder, en temps opportun, le Colonel Malick Diaw à la tête de l’institution. L’hypothèse est d’autant plus crédible qu’il est le seul des cinq colonels qui ont débarqué IBK, à n’avoir pas encore de poste de responsabilités dans le Mali nouveau, et que l’article 15 de la charte de la transition autorise un militaire à occuper le perchoir du CNT. Le futur duel au sommet entre les partisans d’hier pourrait une fois encore tourner à l’avantage de la junte et dégonfler le M5-RFP comme un ballon de baudruche, surtout que la figure tutélaire de ce dernier, l’imam Mahmoud Dicko, a décidé de quitter la rue pour se consacrer désormais à sa mosquée de Badalabougou. Ce ne serait pas forcément une bonne chose pour le Mali que dans cette période encore trouble, toutes les institutions ou presque échoient aux putschistes de Kati, car ils pourraient être tentés de prolonger la transition en jouant les Cassandre, ou à interférer d’une manière ou d’une autre dans le choix du futur président de la République du Mali. On espère que le vice-président Assimi Goita, auréolé de sa victoire sur les djihadistes après une opération militaire hollywoodienne qu’il a personnellement dirigée pour libérer le village assiégé de Farabougou le 22 octobre dernier, aura assez de lucidité pour ne pas torpiller la Transition dans l’intention de se rendre indispensable au Mali bien au-delà de la date prescrite par la CEDEAO pour débarrasser le plancher et retourner sur le terrain qu’il connaît mieux et affectionne tant, c’est-à-dire à la caserne ou au front pour casser les reins des terroristes. Ce conseil, pour le moins sage, aurait pu lui être donné par le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Le Drian, en visite à Bamako depuis le dimanche, mais malheureusement le tête-à-tête initialement prévu entre les deux hommes n’a pas eu lieu parce que le colonel Goita se trouve toujours avec ses hommes dans l’enfer du Delta central. Qu’à cela ne tienne, lui et ses camarades en treillis doivent se rendre à l’évidence que le compte à rebours a commencé depuis que le président Bah N’Daw a installé ses pénates à Koulouba, le 21 septembre 2020, et ils n’auront aucune excuse pour ne pas permettre le passage de témoin à un président démocratiquement élu, en fin 2022.
Jean Pierre James
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