Entre le deuxième tour de l’élection et l’investiture du nouveau président, qui marquera la fin de la transition, il se passe les derniers réglages. Au nombre de ceux-ci, les nominations au dernier conseil des ministres le mercredi 14 août, retiennent notre attention : le Capitaine Amadou Haya Sanogo au grade de Général de Corps d’Armée ; le Colonel-major Didier Dacko et le Colonel Moussa Sinko Coulibaly au grade de Général de Brigade. Le tout à titre exceptionnel à compter du 1er août 2013.
Le fait marquant qui pourrait expliquer le ‘’jumping’’ du Capitaine Amadou Haya Sanogo au grade de Général ne peut être que le coup d’Etat qu’il a dirigé contre le pouvoir élu du Général Amadou Toumani Touré, le 22 mars 2012, pendant que le pays croulait sous le coup de boutoir des occupants extrémistes islamistes. Forcé de revenir dans l’ordre constitutionnel, le Capitaine Sanogo est resté dans le jeu politique donnant du fil à retordre au président par intérim (qui a été frappé jusque dans son palais et laissé pour mort) et au Premier ministre de la transition, qui a été contraint à la démission. Les chefs d’Etat de la Cedeao avaient dénié au Capitaine Sanogo le statut d’ancien chef d’Etat, une « erreur des Présidents» aux yeux du président par intérim Dioncounda Traoré, qu’il vient de corriger en le nommant Général quatre étoile.
La récompense dont le mérite est contesté par l’opinion nationale et internationale, alimente la polémique. Elle est qualifiée de « honteuse» par Corinne Dufka, chargée de l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch (HRW), dans un message à l’AFP. Pour le bi-hebdomadaire malien ‘’l’Aube’’, « cette promotion en grade est aussi et surtout une prime au putsch. En effet, le seul mérite du capitaine bénéficiaire est d’avoir parachevé un soulèvement militaire qui s’est soldé par le renversement d’un régime démocratique ». La transition malienne aura été marquée par des exactions, des violations des droits de l’homme, des brimades, des actes criminels d’intimidation et des atteintes graves à la liberté d’expression. Dans ce contexte difficile, l’organisation et la conduite parfaite à terme de l’élection présidentielle, selon « les issues convenues » ont été également récompensées. Ce mérite du ministre de l’Administration territoriale, le Colonel Moussa Sinko Coulibaly, est diversement interprété, et controversé. Le Challenger d’IBK parle ouvertement d’« instrumentalisation de l’armée qui a atteint une proportion grave», des militaires qui ont battu campagne pour son adversaire du scrutin. Et l’administration qui aura été partisane, favorable à un des candidats. En sommes, des nominations polémiquées qui font débat, à contrario de l’acte fort posé par le candidat malheureux Soumaïla Cissé qui a pris le devant pour étouffer toute polémique naissante sur les résultats de l’élection présidentielle.
Quand au chef des opérations militaires de l’armée malienne dans le Nord, le Colonel Didier Dacko, sa nomination a été unanimement saluée par tous, comme une vraie reconnaissance du mérite, qui doit être étendue au Colonel El Hadj Gamou et à d’autres.