La communauté musulmane du Mali a célébré avec faste dans la nuit du 28 au 29 octobre le Maouloud, qui consacre la naissance du prophète Mohamed (PSL). Malgré un contexte marqué par la crise sanitaire liée à la maladie à Coronavirus, et les menaces des djihadistes dans certaines localités du pays contre cette célébration, le Stade du 26 mars a fait le plein, à l’appel de la fédération internationale Ançar-Dine (FADI). La mobilisation était à la dimension de l’événement avec des pèlerins venus d’une trentaine de pays africains et du monde. Les temps forts d’une veillée religieuse qui a tenu toutes ses promesses…
L’ambiance du Stade au cours de la journée était déjà à la fête où anonymes et personnalités du pays se mêlaient. Pour cette 36e édition, la fédération a choisi comme thème central : « Ensemble pour la renaissance de la chère patrie le Mali ».
À son arrivée aux environs de 23 heures, au stade, déjà plein à craquer, le guide de la FADI, le Chérif Ousmane Madani HAÏDARA, président du Haut conseil islamique du Mali, a commencé la cérémonie par une lecture du Saint Coran. Il a tout d’abord rendu grâce à Allah et a souhaité Paix et Salut sur le Prophète (PSL), et ensuite salué et remercié le grand public a fait le déplacement à l’occasion de cette célébration.
Encore une fois, la célébration de ce Maouloud intervient dans un contexte de double crise sécuritaire et sanitaire pour le pays marqué par la violence au quotidien contre les populations civiles et les FAMA, notamment au nord et au centre du pays.
Aussi, la présente édition intervient à un moment où les caricatures du Prophète (PSL) sont au centre d’une crise politique et diplomatique entre la France et une partie du monde arabo-musulman.
À l’entame de ses propos, il a invité chaque fidèle à avoir une pensée pour le Mali dans ses prières avant de faire des bénédictions pour les autorités. Des prières de paix et de stabilité ont été formulées à l’attention de certains pays voisins, notamment la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso, qui attendent des élections générales, très prochainement.
Selon lui, seules les prières et les bénédictions permettent de sortir un pays en crise comme celle du Mali. Une préoccupation qui, selon lui, justifie le thème de cette année.
Dans son intervention, il est revenu sur le rassemblement organisé par le Haut conseil islamique du Mali (HCIM) dans l’après-midi à la Grande mosquée de Bamako pour protester contre les propos du président français, Emmanuel MACRON, jugés comme une atteinte à l’image de notre Prophète (PSL) et aux valeurs de l’islam. Il s’agissait pour le HCIM de condamner et exiger des « excuses » du président français.
Même si HAIDARA est d’accord sur le principe, il est cependant opposé à la démarche du HCIM, dont il est lui-même le président. À ce propos, il a rappelé que 30 musulmans avaient perdu la vie à la suite d’incident liés à la publication des caricatures du Prophète (PSL) sans que celui qui est à l’origine n’ai été inquiété. Pour HAÏDARA, la meilleure attitude face aux caricatures est de faire comme si de rien n’était, c’est-à-dire, les ignorer.
Il s’est dit convaincu que les réactions violentes enregistrées à la suite des caricatures encouragent les auteurs à récidiver.
D’ailleurs, trouve-t-il, le pire ailleurs. Car il y a, dit-il, des officines qui sont créées, à travers le monde dans le but de remettre en cause l’islam et son Prophète (PSL). Aussi, y a-t-il des chaines de télévision qui sont au service de ces officines pour relayer des informations contradictoires sur l’islam.
Selon lui, les caricatures n’ont pas leur raison d’exister dans un pays laïc comme la France qui consacre la liberté de culte. Sur ce point, il a interpelé le français face aux atteintes à l’image de l’islam pratiquée par une partie du peuple. Pour lui, ces caricatures sont intolérables dans un État de droit qui consacre la laïcité.
Dans son propos, il a jugé responsable la position des autorités de la transition sur la question des négociations avec les jihadistes. Il s’est insurgé contre la France qui a voulu interdire au Mali d’engager des discussions avec les groupes armés terroristes. À ce propos, il a rappelé que même les Américains ont eu à négocier avec les djihadistes en Afghanistan. Pour lui, la France qui n’a pas les moyens de mettre fin au terrorisme ne doit pas imposer une voie au Mali.
« Il y a trop de violences, des villages entiers sont pris en otage. À Mopti et à Dily, ces terroristes ont interdit la célébration du Maouloud », a-t-il fait savoir. Face à ce constat, HAÏDARA d’ajouter : « La France ne peut pas nous empêcher de négocier avec les djihadistes tant qu’elle ne nous dit pas les conditions de notre libération ».
Dans le cas contraire, il invité les autorités à négocier avec les terroristes pour que les populations retrouvent paix et la sécurité.