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Mali: la laïcité compromise : La communauté musulmane et la conquête du pouvoir
Publié le lundi 2 novembre 2020  |  L’Inter de Bamako
Rassemblement
© aBamako.com par MS
Rassemblement du Haut Conseil Islamique du Mali
Bamako, Le 28 octobre 2020 le Haut Conseil Islamique du Mali a tenu un grand rassemblement à la grande mosquée de Bamako contre les propos de Monsieur Emmanuel Macron,
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La prise du pouvoir par les religieux est la conséquence du consensus prôné par le général Amadou Toumani Touré (ATT), un indépendant bombardé à la magistrature suprême par Alpha Oumar Konaré. Bilan démocratique le plus désastreux. Incapable de maintenir le cap, il a tout saboté sur son passage. Le livre ATTcratie ou la promotion d’un homme et de son clan en est l’illustration la plus parfaite. Le mode de gouvernance d’ATT était le népotisme, la délinquance financière et le régionalisme.
Dans les régimes de démocraties actuelles, la situation politique interne, incluant la frustration des populations sont visés par des islamistes violents. Dans ce contexte, le Mali apparaît être le plus clairement ciblé par les éléments islamistes. L’une des causes directes réside dans la pauvreté. Le ton violent des prêches orientées. Tous les musulmans dans la région sahélienne sont des sunnites émanant de «Malékite», branche légale de l’islam. Cependant, il existe trois branches prédominantes: Quadriya, Mouridiya, Tidjaniya. De ces trois branches il y a plusieurs sectes.

Après la forte mobilisation du 22 août 2009 au stade du 26 Mars, qui a ébranlé le président Amadou Touimani Touré (ATT), contraint à surseoir à la promulgation de la Loi portant Code de la famille, pourtant votée par 117 députés sur 126 députés présents, le Haut Conseil islamique (HCI), dès lors, a adopté une politique d’exigence graduelle. Face à des indices probants de la grande capacité de mobilisation et de nuisance non déclarée, des dirigeants du HCI, les présidents successifs du Mali seront affaiblis.

Ainsi, le Haut Conseil islamique arrivera à se hisser à la tête de la Commission électorale nationale et indépendante (CENI) chargée de superviser l’organisation des élections, en 2012 (présidentielle et législatives. Et trois ans après la première, à la suite d’une seconde mobilisation monstre tenue également au stade du 26 Mars, le 12 août 2012, le HCI a donné de la voix en imposant le maintien du Premier ministre Cheick Modibo Diarra au moment où ce dernier se trouvait entre l’enclume de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et le marteau du FDR (Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et la République) et une centrale syndicale fortement politisée (UNTM).

Ensuite, la classe politique et les forces vives de la nation seront prises de court par l’institution d’un ministère en charge des Affaires religieuses et du Culte dans le gouvernement d’union nationale, une doléance du Haut Conseil islamique pourtant rejeté par les participants au sommet de Ouaga I. Après ce subtil «coup d’État constitutionnel» réussi, qui, en fait, pourrait à la longue remettre en cause la diversité religieuse ou porter un coup aux fondements sociologiques du pays, le «mouvement islamique» en portant son choix sur un candidat indépendant peut bien aspirer à conquérir le pouvoir d’État par la voie démocratique; dès lors que les partis politiques ne comprennent pas que leur salut, même aléatoire, ne viendra qu’après le renouvellement de la classe politique actuelle, qui visiblement n’est plus porteuse d’espoirs et d’espérance pour un peuple abusé et désabusé depuis plus de deux décennies.

À la surprise générale, cette fois-ci de toute la population, le Haut Conseil islamique tapera du poing sur la table en exigeant le limogeage du directeur général de l’ORTM, pas pour une faute administrative ou professionnelle, mais pour un supposé manque d’égard, ce 17 août 2012, à l’endroit de ses délégués chargés de transmettre un message aux fidèles musulmans. Comment donc s’étonner de la percée des leaders religieux, qui se sont illustrés, ces dernières années, par des prises de position courageuses, en dénonçant à chaque occasion cette politique de compromission ou allant jusqu’à porter la contradiction aux errements d’un président de la République en manque de toute culture, notamment sur le plan politique, administratif, social et même spirituel (limogeage de Soumeylou B. Maïga, en avril 2019). Triste fin d‘une démocratie mal pensée, mal élaborée et mal portée par des voyous qui ont installé le pays dans l’impasse.

Ne soyons pas surpris de voir élire un imam comme président de la République du Mali qui pourrait s’appeler République islamique du Mali.

Safounè KOUMBA
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