Qu’est ce qui peut expliquer le comportement des autorités françaises sur leur refus à laisser les maliens dialoguer avec les djihadistes ? Voici quelques éléments de réponses.
Quelques semaines après la tenue du dialogue national inclusif (DNI) en décembre 2019, l’ancien président, Ibrahim Boubacar Keïta, avait annoncé en février 2020, l’ouverture d’un dialogue avec les chefs terroristes Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa. Une première pour IBK, qui s’était opposé à toute négociation avec les terroristes. La décision est une des recommandations du DNI. L’annonce du chef de l’Etat avait été suivie par l’envoi d’émissaires en direction des deux responsables de mouvements terroristes. En son temps, la France avait rougit les yeux.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) dirigé par Iyad Aghali a répondu à l’offre de dialogue de Bamako, et a posé ses conditions. Ils ont évoqué le retrait des troupes françaises du pays, pour accepter de négocier la paix. Après le coup d’Etat contre IBK, la question refait surface. Les autorités de la transition veulent aller dans le sens du vouloir des maliens : Négocier avec Iyad et Kouffa.
Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, se rend à Bamako pour rejeter tout dialogue avec les groupes rebelles non-signataires de l’accord de paix d’Alger de 2015.
Qu’est ce qui fait donc courir le ministre français des Affaires étrangères ou du moins les autorités française ? Selon plusieurs observateurs, plusieurs faits peuvent expliquer le comportement de l’Etat français.
Pour la France, en laissant le Mali ouvrir un cadre de dialogue avec les terroristes, serait synonyme pour elle, de se mettre les doigts dans l’œil.
La France n’est présente dans le nord du Mali que pour lutter contre le terrorisme. Elle y défend ses intérêts. Cette défense des intérêts passe par le retour de l’armée française à Tessalit, localité où elle a été chassée par le premier Président Modibo Keita.
Depuis cette date, la France a cherché bec et oncle à retourner s’installer à Tessalit, mais a été buté à la résistance du peuple malien. A la faveur d’une rébellion en 2012 dont elle est à la base, selon plusieurs avis, la France a obligé le président de la Transition Dioncounda Traoré à lui ouvrir la porte de Tessalit ou du moins du Nord du Mali pour poursuivre ce qu’elle n’a pu faire pendant 50 ans.
Le rêve des autorités françaises se réalisa. Depuis juillet 2013, un Accord de défense entre la France et le Mali fut signé. Ce traité a été conclu pour une durée de cinq ans reconductible, laissant le libre choix aux forces françaises de déposer armes et bagages là où elles veulent.
Si aujourd’hui, l’une des exigences des groupes djihadistes est le départ de Barkhane et des forces onusiens du Mali, pour engager les pourparlers avec Bamako, la France est prête à faire tout ce qui est à son pouvoir pour empêcher cela. Pour les autorités françaises, il serait difficile après tant de « sacrifices pour le Mali » que ses forces quittent le Nord sous la pression de Iyad pour faire la paix. Pour faire cette paix, le plan tracé par Ledrian est la mise en œuvre des accords de paix. « Ce sont les accords de paix qui font la paix. Ils ont été validés par un certain nombre de signataires, dont des groupes armés signataires », a indiqué Jean-Yves le Drian. Autrement dit, le chef de la diplomatie française veut ni plus ni moins que le Mali renonce à entreprendre le processus de dialogue avec Iyad, Amadou Kouffa.
La 2e crainte est que si le Mali parvenait à se comprendre avec les responsables terroristes et que ceux-ci rentraient dans la République, la France verra sa marge de manœuvre diminuer.
Pendant qu’Emannuel Macron sort ses muscles pour intimider le Mali à aller à la paix, une autre puissance, les Etats-Unis lui montrent le chemin à emprunter.
Après 18 ans de conflit contre son ennemi juré, les Talibans (des terroristes selon eux), Donald Trump a finalement décidé d’engager des négociations avec eux pour «mettre fin à la guerre sans fin, la plus longue de l’histoire des Etats-Unis ».
« Je pense que tout le monde est fatigué. Nous devons nous sortir de ces guerres sans fin et ramener nos gars à la maison », avait affirmé Trump. Devant des soldats, M. Trump a affirmé que la guerre d’Afghanistan ne se déciderait pas sur le champ de bataille « A la fin il faudra une solution politique », a-t-il dit.
L’accord prévoyait un début de retrait des troupes américaines en échange de garanties de la part des talibans de « réduction de la violence » et d’ouverture de négociations directes avec les autorités afghanes à Kaboul.