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«On n’a pas besoin de monter sur un toit de soleil pour revendiquer» Habib Sylla, président du HCME
Publié le mardi 3 novembre 2020  |  le Temoin
Conférence
© aBamako.com par MS
Conférence de presse du HCME sur la situation des Maliens de l’extérieur
Bamako, le 16 juillet 2019 Le Haut Conseil des Maliens de l’extérieur a tenu une conférence de presse sur la situation des Maliens en Libye, Mauritanie, L’Algérie et en Angola au siège du HCME
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De plus en plus décrié pour maintien à la tête d’un bureau dont le mandat est arrivé à terme ainsi que pour son renoncement à la nationalité malienne au profit de celle du Gabon, Habib Sylla rompt le silence et se défend. Il soutient ne tirer aucun avantage de son poste de président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur et parle de sa double nationalité comme un moyen de faire prospérer ses affaires au Gabon et lui permet de venir en aide à ses compatriotes. Pour ce qui concerne sa nationalité malienne, le natif de Nioro du Sahel assure porter le Mali dans mon cœur qu’il ne renoncera jamais à ses origines.
Le Témoin : Monsieur Sylla pouvez nous expliquer comment est né le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur ?

Habib Sylla : Le HCME est né de la volonté des délégués ayant participé à la conférence nationale de 1991. En novembre 1992 les délégués de 27 pays se sont retrouvés à Bamako pour mettre sur pied le HCME. Et aujourd’hui, il regroupe les 77 pays. Sa mission c’était d’assister les Maliens de l’extérieur, contribuer de façon efficiente et efficace au développement politique économique et sociale du pays. A l’époque, notre diplomatie était peu agressive parce que peu représentée dans très peu de pays. Moi je suis parti du Mali dans les années 1970. Par exemple dans toute l’Afrique centrale au Gabon, au Cameroun, au Tchad en Centrafrique en Angola Afrique du Sud Zambie, il n’y avait pas d’ambassade ou un consulat du Mali. C’est l’ambassade de la Guinée Conakry qui représentait tous ces pays. Nous étions, comme ça, comme des orphelins. Il fallait créer cette structure pour s’entr’aider.

Le Témoin : On vous accuse d’avoir renoncé à la nationalité malienne au profit de celle du Gabon. Qu’en est-il ?

Habib Sylla : J’ai vécu 45 ans au Gabon. C’est le pays qui m’a adopté et qui m’a tout donné. J’ai été aimé et soutenu par ce pays et sa population et c’est ce qui m’a permis d’être ce que je suis. Oui, j’ai la nationalité gabonaise mais ne pouvait pas être Gabonais qui le voulait au temps d’Oumar Bongo. C’était le Koweït africain. Et si un Malien a eu la nationalité de ce pays, les Maliens devraient en être fiers. Parce que si j’étais un voleur on n’allait pas me la donner. Et ça ne m’a pas empêché de servir le Mali. Est-ce que j’ai perdu ma nationalité malienne ? Non. D’ailleurs, j’ai un passeport diplomatique malien. Même si le Gabon a fait de moi son fils, je suis et je reste malien. L’acquisition de nationalité m’a permis d’aider mes frères. J’ai construit des maisons au Mali, notamment dans mon village et dans plusieurs quartiers de Bamako. J’ai également des immeubles au grand marché de Bamako. Si je n’étais pas malien je n’allais pas investir autant d’argent au Mali. Le Mali, je le porte dans mon cœur. Je n’ai pas renoncé et je ne renoncerai jamais à la nationalité malienne. Pour la prospérité de nos affaires, les maliens de l’extérieur tentent d’acquérir la nationalité de leur pays d’accueil.

Le Témoin : En tant que Malien, qu’est-ce qu’Habib Sylla a fait pour le Mali ?

Habib Sylla : J’aurais aimé que quelqu’un d’autre, plus indépendant, vous parle de ce que j’ai pu accompli, pour le Mali. Vous savez, le patriotisme n’est pas dans la bouche mais dans le cœur. L’occasion viendra où on parlera de moi de mon bilan à la tête du HCME et de ce que j’ai pu faire pour le Mali.

En 2012, lorsque le pays a sombré, le Mali par la voix du président Dioncouda Traoré, a fait appel à ses enfants de l’intérieur comme de l’extérieur. J’étais le premier à débloquer 170 millions de FCFA. J’ai ensuite contacté tous les conseils de base et on a pu collecter 1 milliards 80 millions pour le Mali et pour l’armée. C’est pour vous dire que si on nous avait demandé de venir combattre, on allait répondre à l’appel. J’ai aidé beaucoup de Maliens qui ont raté l’aventure à rentrer au bercail. Lors des compétitions de la CAN organisées au Gabon, j’ai payé de ma poche les frais d’hôtels et des primes de matches de nos joueurs. J’ai pu épargner plusieurs maliens de l’expulsion. Le plus récent c’était à Brazzaville où des Maliens étaient sur le point d’être expulsés. Il y a quelques mois, le directeur de l’immigration de Kinshasa en RDC Congo m’a fait le cadeau de régulariser tous les Maliens qui ont un passeport.

Le Témoin : On vous accuse d’être à la solde des pouvoirs publics, allusion faite à votre soutien à IBK lors de la présidentielle de 2018. Quel commentaire en faites-vous ?

Habib Sylla : Le Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur est un organe consultatif auprès des pouvoirs publics et auprès des missions diplomatiques à travers ses conseils de bases. Ça veut dire que nous sommes des partenaires de l’Etat. Notre rôle est d’inciter les Maliens de l’extérieur, au-delà d’envoyer de l’argent, à épargner et non de revendiquer. Il ne faut pas qu’on leur dise que leur malheur est de la responsabilité de l’Etat. Nous réclamons, mais on n’a pas besoin de monter sur un toit de soleil pour ça. Vous voulez que je sois opposé à un régime alors que je n’ai pas de parti politique. Et je suis à l’extérieur en plus. En 2018, j’ai soutenu IBK à cause des réalisations et des promesses qu’il nous a faites. Au-delà de nous construire un siège qu’on avait demandé depuis au temps d’Alpha Oumar Konaré, IBK s’était engagé à construire des sièges pour nos conseils de base et de régler beaucoup de manquements qu’on lui avait signalés. IBK fut le premier président malien a donner de l’argent pour assister les Maliens de l’extérieur.

Le Témoin : Comme le HCME le CSDM parle également au nom des Maliens établis à l’extérieur. Est-ce que vous entretenez cette association qui tente de vous voler la vedette ?

Habib Sylla : Le HCME est créé par décret présidentiel après avis de la Cour suprême. Cependant, l’article 5 de la constitution donne la possibilité à tout malien de créer son association. Ce n’est pas panacher des personnes. Nous voyons le CSDM avec un bon œil parce que le HCME est composé de plus 4 000 associations. Le problème du CSDM n’est pas une fatalité, c’est une association comme tant d’autres. Et comme la création de toutes les associations, le HCME a pris acte de sa création. Et on s’attendait à une collaboration avec lui. La difficulté est que nous, on se dit faitière, le CSDM également se dit faitière. On aurait souhaité, si nous avons le même souci, qu’on parle de la même voix. S’il y a un mauvais fonctionnement qu’on sanctionne celui qui n’a pas bien fait son travail durant le mandat ou essayer de le corriger. Le HMCE est pour tout le monde, il est ouvert à tout Malien qui respecte les critères. Cependant, pour être membre il faut être élu au niveau d’une base. D’ailleurs, sauf le président du CSDM, qui n’a milité à ma connaissance de dans aucune de nos associations, les personnes qui ont créé le CSDM sont des anciens du HCME.

Le Témoin : On vous accuse de s’accrocher à la tête de bureau qui est arrivé au terme de son mandat, qu’en est-il réellement ?

Habib Sylla : Le président du HCME n’a pas un salaire, il n’a aucun avantage. Je n’ai pas de carburant bon plus pour ma voiture. Le montant de la subvention que l’Etat nous accorde n’atteint pas les 40 millions alors que les dépenses du HCME sont estimées à plus 400 millions de FCFA par an. On s’accroche si on a un avantage, je n’y gagne rien. Au contraire, c’est moi qui dois sortir de l’argent pour contribuer. Mais cela fait partie de mes missions également. Je n’ai pas raté mon aventure, Dieu merci. Je suis rentré serein.

Pour vous répondre, nous avons été élus en août 2015. Notre mandat devait prendre fin en août 2020. Malheureusement, cette année, une situation exceptionnelle a empêché l’organisation de la conférence pour élire un nouveau président. Une assemblée qui devrait être présidée par le président de la République. Depuis mars 2020, le monde fait face à la pandémie de la Covid 19 et toutes les frontières ont été fermées. Alors qu’on s’attendait à une amélioration de la situation, le coup d’état est venu amplifier les choses. Les frontières ont été fermées et sont à nouveau fermées. Alors comment faire une élection sans les délégués qui viennent d’un autre pays. On était dans l’obligation de repousser les élections. Les autorités et ceux qui nous ont donné mandat ont été informés de la situation, qui est un cas de force majeur. Et dès que la situation s’améliore pour aller à l’élection, nous allons l’organiser. Oui le mandat du HCME est dépassé, mais il y’a le Haut Conseil des Collectivités, le Conseil Économique Social et Culturel, la Chambre du Commerce et d’Industrie du Mali, la Chambre des Mines du Mali, l’Union des Sociétés Coopératives de Production de Coton, l’Assemblée Permanente des Chambres de Métiers du Mali dont les mandats sont arrivé à terme. On ne parle pas, alors que la plupart des membres de ces institutions sont payés sur le budget de l’Etat, contrairement aux membres du bureau du HCME.

Le Témoin : Si le budget alloué à votre association est loin de couvrir les dépenses annuelles, comment faites-vous pour joindre les deux bouts ?

Habib Sylla : Etre président du Haut Conseil des Maliens de l’Extérieur demande beaucoup de volonté et de patriotisme. Il faut être disponible et avoir des moyens et des relations à l’extérieur pour assister ses compatriotes. Comme mes prédécesseurs, je fais de mon mieux pour le bonheur des maliens établis à l’extérieur.



Propos recueillis par Amidou KEITA


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