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Choix des collaborateurs des ministres : Enjeux de compétence et d’éthique publique
Publié le mercredi 4 novembre 2020  |  Mali Tribune
Conférence
© aBamako.com par mouhamar
Conférence de presse du Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord
Bamako, le 11 février 2014 (cité administrative). suite aux événements tragiques du jeudi 6 février 2014 dans la localité de Djébook dans la région de Gao, le Ministre de la Réconciliation Nationale et du Développement des Régions du Nord, M.Cheick Oumar Diarrah a donné une conférence de presse, ce soir au sein de son département.
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À la suite de la mise en place d’un gouvernement, le choix des collaborateurs devient un enjeu majeur. Au Mali, il est admis que le journal télévisé de 20h de l’ORTM, les mercredis est l’une des émissions ayant un taux d’audience élevé en raison des perspectives de nomination en Conseil des ministres et particulièrement après la mise en place d’un nouveau gouvernement.

Pour le cas spécifique des nominations des collaborateurs directs des ministres (membres des cabinets et Secrétariats généraux ministériels), il faut noter que ce processus obéit en principe à deux enjeux majeurs que sont la compétence et l’éthique publique au regard de la complexité du monde et de la gestion des organisations publiques modernes.

Le choix des collaborateurs directs du ministre : une exigence de compétence

Comme le mentionnent Théorêt et Lafrance (2006), si par le passé le choix des collaborateurs des responsables politiques (Président, Premier ministre et ministres) se fondait plus sur leur loyauté, ce choix est aujourd’hui davantage plus motivé par la compétence. De nos jours, la gestion des affaires de l’État est extrêmement complexe avec une divergence d’intérêts des différents groupes d’acteurs et des enjeux internationaux très pesants (faiblesse des ressources de l’État, demandes croissantes des syndicats, défiance des populations, exigences des partenaires techniques et financiers, pression des réseaux sociaux, etc.). La prise de décisions dans un tel environnement commande donc des conseils de tous ordres, offerts par des collaborateurs très compétents, c’est-à-dire des gens qui sont en mesure de considérer non seulement les aspects techniques des propositions (légalité, efficacité et efficience), mais aussi leurs aspects politiques (conséquences sur les différents groupes que forme la population ou sur l’opinion publique).

Au Mali, cette exigence de compétence est circonscrite par les décrets n°94-201/P-RM du 3 juin 1994 et n°94-202/P-RM du 3 juin 1994 fixant respectivement les règles générales d’organisation et de fonctionnement des cabinets ministériels d’une part et des secrétariats généraux des départements ministériels d’autre part. Ainsi, l’article 4 du décret n°94-201/P-RM du 3 juin 1994 précise que les membres des cabinets ministériels (Chef de Cabinet, Chargés de mission) doivent posséder les compétences et la formation requises pour occuper les emplois réservés aux fonctionnaires de la catégorie A.

Dans le même sens, l’article 3 du décret n°94-202/P-RM du 3 juin 1994 mentionne que les secrétaires généraux sont choisis parmi les fonctionnaires de la catégorie A du statut général des fonctionnaires et les magistrats du statut particulier de la magistrature ayant au moins 10 années d’ancienneté de service effectif, les officiers généraux et supérieurs des forces armées et de sécurité et les fonctionnaires de la police ayant au moins atteint le grade de Commissaire divisionnaire. Les Conseillers techniques pour leur part sont choisis parmi les fonctionnaires de la catégorie A du statut général de la fonction publique, du statut de la police, les magistrats et les officiers des forces armées et de sécurité. Comme on le voit bien, ces deux décrets mettent un accent particulier sur la compétence en exigeant le niveau de la catégorie A de la fonction publique pour les membres des cabinets et secrétariats généraux des ministères. Néanmoins, si cette compétence à la fois technique et même politique constitue la base du choix des collaborateurs directs du ministre, de plus en plus la dimension éthique prend une place robuste dans les critères dans cette désignation.

Le choix des collaborateurs directs du ministre : une exigence d’éthique publique

Outre la compétence, l’exemplarité et le courage éthique constituent des critères fondamentaux de choix des collaborateurs directs des responsables politiques (Président de la République, Premier ministre et ministres). Ici, l’éthique se fonde sur le leadership exemplaire, l’intégrité et l’honnêteté, la responsabilité, le respect de la confidentialité et la promotion de la transparence. Pour ce faire, comme le mentionne Boisvert (2009), l’amitié, la partisanerie ou l’affiliation sociale ne doivent pas être des critères de sélection, mais la compétence, l’intégrité et le dévouement. Une telle sélection (choix rigoureux) est le meilleur moyen d’éviter les dérapages. Or, dans la pratique, beaucoup de ministres aiment s’entourer de collaborateurs directs adorateurs ou des PAC (parent, ami ou connaissance), ce qui les rend vulnérables.

Car dans ses relations avec les membres du cabinet et du secrétariat général, la probité intellectuelle est essentielle, autrement dit, dire tout haut ce que l’on pense, même si cela va à l’encontre des tendances, l’important étant de rester dans une logique de respect, de loyauté et de confidentialité. Ceci est d’autant plus important que les décisions que prend chaque ministre ont un impact direct sur la crédibilité de l’ensemble du Gouvernement. Ainsi, chaque décision du ministère doit avoir une assise légale solide, une portée politique acceptable et une dimension éthique irréprochable. Autrement dit, quand un ministre n’est pas en mesure de défendre quelque chose qui s’est passé dans son ministère, il n’a d’autres choix en principe que de démissionner, car cela démontre qu’il n’a pas le contrôle de ses dossiers.

Comme on le voit, le choix des collaborateurs directs des ministres apparaît plus complexe qu’on peut le penser. Cette entreprise doit être conduite avec parcimonie en tenant compte des critères de compétence ²notamment le niveau de la catégorie A de la fonction publique, mais aussi surtout d’éthique publique, c’est-à-dire une considération très poussée du leadership exemplaire, de l’intégrité et de l’honnêteté, de la responsabilité, du respect de la confidentialité et de la promotion de la transparence. Car en ces temps d’immédiateté des réseaux sociaux où les faits et gestes de l’agent public sont scrutés à temps réel, la rigueur doit être de mise.

Daouda Coulibaly, Ph. D.

Chercheur en Gouvernance et Management Public

Contacts : 77 02 16 00 / daoudcoul@yahoo.fr
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