Le président de la République par intérim a promu mercredi au rang de général le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’Etat de mars 2012 qui avait plongé le pays dans le chaos. Cette nomination est une honte », a réagi Corinne Dufka, qui enquête sur les violations des droits de l’Homme commises par la junte pour Human Rights Watch
Capitaine_SanogoxxLe président intérimaire a promu mercredi au rang de général le capitaine Amadou Haya Sanogo, auteur du coup d’Etat de mars 2012 qui avait plongé le pays dans le chaos. Cette décision inattendue, critiquée par les défenseurs des droits de l’Homme, a été prise quelques jours après l’élection à la présidence d’Ibrahim Boubacar Keïta, qui n’a pas encore pris ses fonctions. « Cette nomination est une honte », a réagi Corinne Dufka, qui enquête sur les violations des droits de l’Homme commises par la junte pour Human Rights Watch.
« Au lieu d’être récompensé pour son comportement, Sanogo aurait dû faire l’objet d’une enquête pour son implication dans les graves abus commis pendant les 18 derniers mois, dont des détentions arbitraires, des actes de torture et des disparitions », a-t-elle dit. « La promotion du capitaine Amadou Sanogo au rang de général est une décision scandaleuse. Sanogo et les forces qu’il contrôle ont été impliqués dans des violations très graves des droits humains, parmi lesquelles des détentions arbitraires, des disparitions forcées, des attaques contre des journalistes et des actes de torture. La plupart de ces crimes ont été commis au cours de l’année dernière, pendant les mois ayant suivi le coup d’État de mars 2012. Au lieu d’être récompensé par cette promotion, Amadou Sanogo aurait dû faire l’objet d’une enquête pour sa responsabilité présumée dans ces actes.
Le Mali a longtemps souffert d’une culture de l’impunité pour toutes sortes d’abus; la promotion de Sanogo revient à envoyer un signal négatif à d’autres potentiels auteurs de crimes et représente un pas en arrière très inquiétant dans les efforts pour faire progresser l’état de droit au Mali », a-t-elle dit dans un communiqué cinglant qui traduit un sentiment général autant au sein de la communauté nationale qu’internationale .Human Rights Watch a avait déjà dénoncé en 25 juillet 2012 que des soldats fidèles au dirigeant du coup d’État au Mali sont responsables de la disparition forcée d’au moins 20 soldats présumés liés au contrecoup d’État du 30 avril 2012 et ils ont perpétré des actes de torture et autres exactions à l’encontre de dizaines d’autres soldats, aujourd’hui.
Les forces de sécurité du Capitaine Amadou Sanogo, à la tête du coup d’État du 22 mars contre le Président Amadou Toumani Touré, se sont également livrées à une campagne d’intimidation contre des journalistes, des proches de soldats détenus et d’autres personnes considérées comme une menace.
Human Rights Watch avait appelé le gouvernement à ouvrir une enquête sur les disparitions et autres violences, à traduire en justice les responsables de ces exactions, et à prendre de toute urgence des mesures visant à exercer un contrôle sur les forces de sécurité. Ce qui n’a jamais été fait.