Cette nouvelle n’était qu’un secret de polichinelle. Cependant, dans notre parution du mardi 13 aout dernier, quand nous avons eu la primauté de l’annoncer sous le titre « Sanogo, ses 41 ans et ses 4 étoiles », nombreux sont nos lecteurs, notamment sur le net à nous adresser toutes sortes d’insanités. Mais l’histoire nous a donné raison.
En effet, c’est désormais officiel, Amadou Haya Sanogo est promu Général de corps d’armée à titre exceptionnel. La nouvelle est tombée comme un couperet, à l’issue du Conseil des ministres du mercredi 14 aout 2013, tenu sous la présidence du professeur Dioncounda Traoré. Une reconnaissance au Coup d’Etat ? Ou une fuite en avant ?
En tout cas, 24 heures après la publication de cette décision le Président de la République par intérim s’est envolé pour Cotonou afin de participer au sommet de la CEDEAO.
Comme pour maquiller cette promotion du désormais ex capitaine Amadou Haya Sanogo, la décision a concerné deux autres officiers, à savoir le colonel major Didier Dakouo et le colonel Moussa Sinko Coulibaly, eux galonnés à deux étoiles chacun contre quatre pour le premier. Ce qui amène le nombre à 5 généraux nommés du 22 mars 2012 à Août 2013, s’il faut ajouter le ministre de la défense, Yamoussa Camara et le chef d’Etat major Ibrahima Dahirou Dembelé.
A noter que dans cette promotion à titre exceptionnel, le colonel Elhadj Ag Gamou est la grande victime d’une manœuvre qui ne dit pas son nom.
A reconnaître que ce grand patriote a en effet montré sa preuve de digne officier de l’armée malienne avant, pendant, après l’occupation des deux tiers de notre territoire ainsi qu’à la phase de la libération par l’opération serval. L’on se souvient, lors des événements du 22 mars 2012 qui ont brisé la chaine de commandement suivis de l’occupation des 2/3 du territoire par les hordes de djihadistes, le colonel Gamou a fait une traversée miraculeuse du désert avec les troupes qu’il commandait pour se réfugier au Niger, en restant toujours fidèle à son pays, le Mali.
A l’annonce du communiqué du conseil des ministres, le mercredi 14 aout, la nouvelle a fait le tour de la ville comme une trainée de poudre. Et par la même occasion a suscité une vive indignation tant au niveau national qu’international. Pour deux raisons essentielles. D’abord compte tenu du statut d’ancien putschiste, collé à Amadou Haya Sanogo, mais aussi en raison de la non prise en compte d’un vaillant officier, qui a toujours été au charbon lors de la crise au nord contre non seulement les jihadistes, mais aussi ses frères touaregs armés du MNLA, il s’agit du colonel El Hadj Gamou. D’aucuns estiment que d’autres officiers, devraient bénéficier de cette promotion spéciale, comme le colonel Kèba Sangaré et le lieutenant colonel Nema Sagara engagés au nord depuis belle lurette avec conviction et patriotisme.
Déjà, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a jugé la promotion du capitaine Sanogo de décision « honteuse ». Cette organisation internationale de défense des droits de l’homme estime qu’au lieu d’être « récompensé », il devrait faire l’objet d’une enquête « pour son implication présumée dans des actes de tortures et de disparitions forcées » suite au coup d’Etat.
Tout compte fait, la nomination du colonel El Hadj Gamou allait permettre à lui et à sa troupe d’éviter d’être livrés à la risée des apatrides du MNLA.