Les populations de Kidal sont descendues dans la rue, jeudi 29 octobre, tôt le matin, pour condamner les propos du président français à l’égard de l’islam. Avant d’incendier le drapeau français devant une foule en colère. Les Kidalois en ont profité pour réclamer le départ pur et simple de la France du Mali. Et de son armée, dite « d’occupation ».
Jeudi 29 octobre, 8h 10mn. La place publique de la capitale de l’Adrar des Ifoghas est déjà noire de monde. Venus des différents quartiers et des fractions environnantes, les Kidalois se sont donné rendez-vous ici pour dire tout le mal qu’ils pensent de la France ; mais aussi, de son armée, dite « d’occupation », qui a coupé, depuis bientôt huit ans, la huitième région administrative du Mali du reste.
France dégage, Barkhane dégage…
A moto, à pieds, à dos de chameau ou à dos d’âne, les manifestants ont paradé, des heures durant, dans la ville. Avant de tenir leur meeting à la place publique.
« France dégage » ; « Barkhane dégage » ; « Vive le Mali, un et indivisible » ; « Kidal, c’est le Mali ; pas l’Azawad »… Tels sont, entre autres, les messages inscrits sur les pancartes.
Pour la communauté musulmane de Kidal, la France n’a plus rien à faire à Kidal. Surtout, après les propos malveillants tenus par son président à l’endroit de leur religion. Et de leur prophète.
A l’origine de la colère des musulmans contre la France et son président, les déclarations de ce dernier après la décapitation, par un tchétchène, d’un professeur d’histoire qui avait montré à ses élèves des caricatures du prophète Mohamed, lors d’un cours sur la liberté d’expression.
« Nous ne reculerons pas. Nous allons continuer à publier ces caricatures, car notre histoire est celle de la lutte contre les tyrannies et les fanatismes », déclarait-il.
Résultat : un appel au boycott des produits français dans le monde arabo-musulman est lancé. Un boycott, qui en train de gagner l’Afrique entière.
Mercredi 28 octobre, des milliers de musulmans maliens ont convergé, à l’appel du Haut Conseil Islamique, vers la grande mosquée de Bamako pour protester contre les propos du président français.
« Le discours irresponsable, diffamatoire, calomnieux et antirépublicain d’Emmanuel Macron sur l’islam et sur les caricatures à l’endroit du sceau du prophète visent à détourner l’attention du peuple français face aux problèmes de leur pays, à l’approche des élections présidentielles de 2022 », explique le Haut Conseil Islamique dans sa déclaration rendue publique.
Pour un haut responsable de la communauté musulmane de Kidal, la déclaration de Macron est la goutte d’eau qui fera déborder le vase au Mali, particulièrement, à Kidal où les populations se sentent dans une prison à ciel ouvert.
Plus question, dit-il, de nous taire face à la volonté de la France de nous « séparer de nos frères maliens, à cause de son hypothétique projet de création de son fantomatique Etat de l’Azawad ». Afin, poursuit-il, de faire main basse sur les ressources naturelles du Nord : pétrole, uranium, gaz naturel, bauxite, manganèse, fer, cuivre, or…
Du coup, des jeunes se saisissent du drapeau français. Certains le piétinent, d’autres y mettent le feu devant les caméras, en criant « France dégage ! Barkhane dégage ! Vive le Mali, un et indivisible ! ».
Pourtant, notre confrère RFI n’a pipé mot de cette affaire sur ses antennes. Curieusement.
Oumar Babi /Canarddechaine.com
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