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Art et Culture

Baba Salah: Le guitare héros revient avec l’album « Maliba »
Publié le vendredi 6 novembre 2020  |  L’Essor
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Dans ce sixième opus, l’ancien soliste d’Oumou Sangaré propose dix titres. Il a choisi de rendre l’album disponible uniquement en téléchargement sur les sites de streaming. Un procédé qui a été édicté par la situation de crise.


C’est par un poste presque anodin, le 23 septembre dernier, sur les réseaux sociaux, qu’il a annoncé la sortie de son nouvel album. Intitulé Maliba, les dix titres de cet album sont disponibles uniquement en téléchargement sur différents sites de streaming. Sans donner de chiffres exacts, il affirme avoir déjà vendu plusieurs milliers d’exemplaires dans des pays comme la France, les États-Unis d’Amérique, le Ghana, le Gabon, la Côte d’Ivoire et un peu au Mali.

L’auteur de cet exploit fait partie du gotha de la musique malienne, il s’appelle Baba Salah. Il s’agit du sixième album de ce jeune artiste, auteur compositeur, interprète et instrumentiste. Il s’est fait connaître d’abord comme soliste de la grande vedette du Wassouloun Oumou Sangaré, avant de prendre son envol à travers un premier album à succès « Gao » en 2003.

« C’est à cause des crises socio-politiques et de la pandémie du coronavirus que j’ai décidé de faire cette sortie », explique-t-il de manière laconique. En insistant, il lâche : « nous ne voulions pas laissé passer la date symbolique du 60ème anniversaire de l’indépendance de notre pays, le 22 septembre 2020, sinon les réalités du moment ne se prêtent à cela. » Des concerts et autres évènements médiatiques sont prévus quand le pays sera un peu plus calme, ajoute notre interlocuteur.

Baba Salah est à la fois un guitariste de charme, une star de la musique malienne et un homme timide, mais surtout très épris de son de pays. Ce sixième album est donc la manifestation d’un travail acharné et entièrement dédié à la paix et à la cohésion du Mali.
Ce songhoï bon teint a décidé de donner un nom en bamanan à son opus, car dit-il, « vous ne pouvez pas prêcher la solidarité, la paix et la cohésion dans un pays et continuer à vous exprime uniquement dans votre langue maternelle. Il faut que la majorité de vos compatriotes puisse recevoir votre message ».
En fait, explique-t-il, il ne s’est pas levé un jour pour faire un album. Il a composé les différents morceaux au fil du temps et de son inspiration depuis 2015. Chacun des morceaux a été fait en solo.

Youssouf DOUMBIA

Ainsi, les dix titres sont : Allahidou ; Basse Terey ; Dangay ; Haïra ; Djiri Merdié ; Maliba ; Mimanda ; Naaba ; Tamala ; Wayaye. Le cinquième titre « Djiri Merdié » est sans doute le plus connu, car il fut chanté en solo en 1970 par la grande cantatrice Fissa Maïga de la troupe de Gao lors de la Biennale artistique et culturelle de la jeunesse du Mali. Il s’agit donc d’une reprise en featuring entre Baba Salah et Fissa Maïga, qui a gardé sa belle voix.

Cette chanson évoque la grande sècheresse que notre pays a connue durant ces années. La rareté de la pluie, la désertification. Face à cette dure adversité climatique, Fissa encourageait les hommes à redoubler d’effort. Quant au rythme, Baba Salah utilise l’afrobeat qui est dansant afin d’attirer l’attention d’un public plus jeune.

L’ORDRE ET LA DISCIPLINE- Le second titre qui est aussi plus connu est Taamala, une vieille chanson en hommage au roi de Gao Soni Ali Ber (1364 – 1492). Reconnu comme étant l’un des rois qui a beaucoup fait pour Gao, il faisait régner l’ordre et la discipline dans tout le royaume. Il faisait beaucoup de prisonniers. Les griots chantaient pour le supplier d’amnistier ses captifs. En sonrhaï, Taamala signifie pitié, en retour ces derniers s’engageaient à la discipline et au travail bien fait. Cette chanson est devenue au fil du temps, les louanges des familles Maïga qui sont les descendants de Soni Ali Ber. Là également, avec son orchestre, l’artiste a préféré un rythme plus dansant qu’est le funky.

Gao représente ainsi un pan important de l’histoire de notre pays qui connaît depuis 2012 une des plus graves crises de son existence. Ce qui a conduit à la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation en 2015. Cet important événement a inspiré l’artiste à travers le titre Maliba. Ce titre éponyme de l’album est chanté en français. Un titre chanté aussi en featuring avec Haïra Arby, la grande voix de Tombouctou qui est décédée peu après. Baba Salah a invité la Tomboctienne, dit-il, afin de porter le message pour cette autre partie du Nord de notre pays. Cet Accord n’était pas scrupuleusement respecté par tous les groupes signataires. Pour lui, il ne suffisait pas seulement de signer, il faut avoir la paix dans son cœur afin qu’elle se matérialise.

Allahidou, signifie l’engagement, la parole donnée. Dans ce morceau, Baba Salah dénonce les élus de notre pays et du continent africain en général qui ne respectent pas les promesses faites durant les campagnes électorales. Dans ces conditions, estime-t-il, la démocratie ne pourrait s’incruster durablement dans nos sociétés. Dans cette chanson, il dit: « nous avons plein de soleil, chez nous, mais nous restons dans l’obscurité, malgré les deux grands fleuves qui irriguent notre pays, il y a beaucoup de zones où les gens meurent de soif ». Comment comprendre qu’en plein 21ème siècle, les centres de santé et les écoles sont encore rares. « Nous avons décidé de dénoncer ces problèmes dans l’espoir d’être entendu par qui de droit », explique notre interlocuteur.

Quant à Dangay, c’est le morceau qui lui permet de mettre le doigt sur les réalités de la rébellion. Dire que l’indépendance ou l’autonomie permet de régler les problèmes du Nord, c’est un leurre, car personne n’a intérêt au morcèlement du pays. Autant le Nord a besoin du Sud, autant toutes ces deux parties ont besoin du Centre et vice-versa.

L’origine du cousinage à plaisanterie, un lien très fort, entre Dogon et Sonhraï est aussi mise en avant dans Basse Terey. En effet, notre génération a besoin de repère, il est donc important de rappeler des faits qui ont le ciment de notre société indique l’artiste. Ainsi, Soni Ali Ber est le roi de qui a fait venir les Dogons pour l’aider dans ses différentes conquêtes. Mais la barrière de la langue a été la source de nombreuses tensions avec les Sonhraï. C’est ainsi que le roi trouvera l’astuce d’un pacte afin que les deux ethnies puissent cohabiter et raffermir son armée.

Baba Salah est convaincu que la cohésion est possible entre les populations. Il exhorte au combat contre la rudesse du climat et pour l’amélioration des conditions de vie, source de paix et de développement. « Nous devons comprendre que nous pouvons obliger les politiques à prendre les bonnes décisions », confie notre interlocuteur pour qui chacun de nos pays doit prendre sa part dans l’essor du continent car personne ne s’en sortira seule.



DE LA TABLETTE CORANIQUE AU MANAGEMENT

En 2001, Baba Salah a reçu à Bamako le célèbre auteur compositeur, chanteur Jackson Brown. Le guitariste américain avait décidé de faire le voyage de Bamako pour savoir comment les artistes maliens apprennent à chanter et surtout à jouer de la guitare. Un an auparavant, il avait été impressionné par la manière de jouer du jeune Baba Salah lors d’un concert au « Madison square garden » de New York. Il lui a offert sa propre guitare en signe d’amitié et de respect.

Fils de Salah Baba et de Niamoye, Baba Salah est né le 23 mars 1974 à Gao. Très tôt, comme la plupart des enfants de la cité des Askia, Baba Salah est inscrit à l’école coranique. Il est issu d’une famille de grands maîtres coraniques. Pas étonnant qu’il maîtrise l’islam dans sa diversité et le Coran dans sa complexité. « J’ai toujours mon ardoise de l’école coranique sur laquelle j’écris généralement afin de ne pas perdre de vue l’islam », confie-t-il.

De l’école coranique Baba Salah rejoint l’école des Blancs à Gao, sa ville natale. Il termine avec succès l’école fondamentale avec son Diplôme d’études fondamentales (DEF). Il poursuit son petit bonhomme de chemin en se rendant à Bamako. à cette époque, il rêvait de devenir économiste mais, au fil du temps, la passion pour la musique qu’il nourrissait depuis l’âge de 9 ans prendra le dessus. En effet, à 9 ans déjà, Baba pratiquait la musique avec un petit groupe d’amis à l’aide de sa guitare traditionnelle qu’il avait lui-même fabriquée.

Comme appelé par son destin, l’Institut national des arts lui ouvre ses porte en 1994. Il en sortira en 1998, avec un diplôme de fin de cycle. Mais avant cela, son sérieux, son courage, son talent, sa volonté de persévérer dans la musique, l’avaient fait rejoindre en 1995 une étoile, Oumou Sangaré dont il deviendra le guitariste soliste.

En 2003, il commence sa carrière solo avec son premier album « Gao ». Ce qui lui permet d’enchaîner les prix : Meilleure Révélation de l’Année, Meilleur Artiste de la Chaîne 2. Cet homme au triomphe modeste et plein de sagesse devient une star de la musique malienne. Suivront : Borey en 2006 ; Wabaranay en 2012 ; Irgo Tcherebandé en 2015 et le Live Baba Salah en 2016.

Après avoir installé un home studio acoustique d’enregistrement équipé notamment de logiciels de traitement de son comme le « Logic pros » le « Puis-base » chez lui à domicile en 2015, l’artiste y pratique tout son travail.

Il s’attelle depuis quelques mois à la mise en place d’une équipe d’accompagnement afin de produire et de manager des jeunes artistes.

Pour ce faire, il a commencé par une formation en communication et management dans une école supérieure de la place. « Nous avons plein de jeunes qui ont du talent et de la volonté. Ils ont juste besoin d’un accompagnement pour réussir dans la musique », conclut-il.

Y. D.

Source: LEssor– Mali‘
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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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