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L’Essor N° 17497 du 16/8/2013

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Hivernage à Bamako : Les trimeuses des faubourgs
Publié le vendredi 16 aout 2013  |  L’Essor




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Elles sont présentes à la fois dans les cuisines, les bureaux, les marchés et les champs. L’hivernage bat son train. champ d’actions de la gent féminine des villages périphériques du District s’élargit en ce moment. Elles s’adonnent à des activités pouvant affecter leur santé. Elles se déplacent par-ci par là pour vendre les productions maraîchères. Même quand il pleut. Ces femmes apparemment « infatigables » courent de gros risques. Elles peuvent attraper le paludisme, le rhume.

Des maux qui prennent de l’ampleur durant la saison des pluies. Les maraîchères de Bamako ont déjà commencé les travaux dans leurs jardins. Les femmes rurales des villages proches s’occupent de la cueillette des noix de karité en vue de la préparation du beurre de karité, dont la qualité est très appréciée à travers le monde. Plusieurs armées d’épouses « abeilles » s’adonnent à l’exploitation de la terre dans la périphérie de la capitale. Les opérateurs économiques traitent même de bonnes affaires depuis belle lurette avec des Maliennes propriétaires d’un domaine agricole ou d’une ferme moderne dans des villages. Aujourd’hui au Mali, même si la femme ne possède pas de terrain, elle prend une part active dans les travaux champêtres. La paysanne, dont le rôle est capital pour l’équilibre alimentaire, occupe souvent des terres en jachère ou des parcelles inexploitées par les hommes parce que peu rentables. Dans la région de Kayes, les femmes rurales n’hésitent pas à prendre la « daba » (la houe) pour labourer les champs de leurs époux.

Dans la partie sud de cette région, notamment à Kéniéba, les hommes attribuent des terrains aux ménagères pour la culture du riz et du fonio. Mais très souvent elles n’ont pas suffisamment de moyens pour valoriser ces champs. Grâce à l’aide des autorités, les villageoises deviennent de plus en plus propriétaires de parcelles, même si la superficie de ces espaces cultivables n’est pas grande. Elles les obtiennent par la voie légale ou par l’intermédiaire de proches parents. approvisionnés en gombo. Mme Sokona Makadji dispose d’un champ d’un hectare sur la route de l’aéroport de Sénou dans le district de Bamako.

Elle y cultive du gombo, du haricot, de l’arachide, du petit pois, du maïs, du mil. Elle exploite ce champ, depuis cinq ans. « Je suis veuve depuis plusieurs années. Ce champ est l’héritage de mon défunt mari », nous a-t-elle confié. « Chaque année je suis pressée que l’hivernage arrive car je tire ma nourriture de cette parcelle», affirme-t-elle. Cette courageuse veuve est un exemple parmi tant d’autres. Non loin de son champ, nous avons rencontré deux autres cultivatrices en train de semer des arachides. Celle qui a accepté de nous parler a révélé que le champ leur a été attribué par les autorités communales. Elles vendent la récolte pour subvenir aux besoins de la famille. Entre le mois d’août et le mois de septembre, il pleut abondamment dans le district. Les marchés de Bamako sont largement approvisionnés en gombo.

Ce légume de rente cultivé par des maraîchers apporte des gains aux femmes productrices des zones périphériques de Senou, de Kalaban-Coro, de Gouana. Les champs de gombo sont très bien entretenus par les femmes pendant l’hivernage. La culture et le commerce du gombo procurent un grand rendement en zones rurales et urbaines. Mme Sountoura appuie chaque année son mari au champ. Mais elle caresse le désir secret de posséder une plus grande parcelle pour pratiquer à souhait la culture du gombo, sa seule source de revenus. « Je cultive du gombo et je m’occupe de sa commercialisation. Chaque jour la cueillette me procure à peu près 5000 F cfa. Tous les matins, je viens au champ avant d’aller vendre ma moisson au marché », a-t-elle ajouté. Le maïs, l’une des principales cultures saisonnières est très convoité dans les villages et les villes en ce mois d’août. Cette culture atténue les souffrances des paysannes. Elles entretiennent toutes un champ de maïs dont la commercialisation est très rentable.

La preuve en est que les vendeuses et les frileuses de maïs frais abondent le long des rues et des grandes avenues goudrons. Kadidia Kéita vend du maïs depuis 10 ans. Elle y trouve bien son compte en cédant le tas de cinq épis ou de six épis à 500 F cfa. LA LOA. Elle protège les paysannes – Le 16 août 2006, la Loi d’Orientation agricole (LOA) a été adoptée par l’Assemblée nationale. Ce texte est le fruit de larges concertations à travers tout le Mali. Les paysans ont été fortement impliqués dans l’élaboration de cette loi. Les concertations ont donné l’occasion aux femmes rurales de parler de leurs difficultés et de leur vision de l’agriculture pour les années à venir.

Elles ont œuvré pour qu’une partie de leurs revendications soit incluse dans la loi. Ainsi, l’article 25 de la LOA stipule que « l’Etat privilégie l’installation des jeunes, des femmes et des groupes vulnérables comme exploitants agricoles, notamment en favorisant leur accès aux facteurs de production et par des mécanismes d’appuis techniques ou financiers particuliers ». L’article 89 ajoute qu’un « accès équitable aux ressources foncières agricoles est assuré aux différentes catégories d’exploitants agricoles (…). A cet égard, des groupes vulnérables, comme les femmes, bénéficient des mesures de discrimination positive dans l’attribution des parcelles au niveau des zones aménagées sur fonds public ».

Cette loi a été bien été accueillie par les paysannes. A l’approche de la saison pluvieuse, elles sont pressées d’aller au champ à l’instar des hommes. Les paysannes ne sont uniquement occupées à gratter la terre pendant la saison des pluies. Beaucoup d’autres exercent des activités génératrices de revenus. En effet, outre les tâches ménagères, la femme rurale ramasse et commercialise des noix de karité. Elle se lève très tôt pour se rendre en brousse pour ce faire. Elle conserve la moisson de noix de karité dans des sacs de jute avant l’extraction du beurre de karité. Ce processus harassant s’opère sous les éclats de tonnerre et les flagellations des rafales de pluie. Présidente d’une association de valorisation du beurre de qualité, F.K évolue dans le commerce du beurre de karité depuis des années.

Elle collecte sa marchandise dans les villages pour approvisionner la ville de Bamako. En ce moment, ce commerce est florissant. L’activité d’extraction du beurre de karité se déroule à plein régime dans les villages. Le courage et le dévouement de nos mamans rurales pour la cause familiale sont à saluer. Elles sont indispensables pour assurer la sécurité alimentaire dans les foyers ruraux.

Anne-Marie Keïta

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