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Art et Culture

A la découverte de la culture soninké : Les soninkés : une ethnie, quelle origine ?
Publié le samedi 7 novembre 2020  |  Mali Tribune
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Un groupe ethnique avec la renommée internationale pour la migration et l’exode.
Les soninkés encore appelés les sarakolés en bambara (Maraka) sont un peuple présent en Afrique de l’Ouest sahélienne, établi principalement au Mali, le long de la frontière mauritanienne (entre Nara, la région de Koulikoro, Kayes et Nioro du Sahel), ainsi qu’au Sénégal, en Mauritanie, en Gambie et en Guinée-Bissau. Ils font culturellement partie du groupe mandé de par leur langue, le soninké, mais forment un groupe ethnique à part entière.

La fondation du royaume du Ouagadou, à l’origine de l’empire du Ghana, d’après la tradition orale des griots, soninké est attribué à un personnage légendaire, Igo Khassé Dingka (ce qui signifie“gros vieil homme“), l’ancêtre des soninkés. Lorsque Dingka arriva en Afrique de l’Ouest, dans la région où se trouvent aujourd’hui le Mali, la Mauritanie et le Sénégal, il trouva sur place une nation d’agriculteurs, les Karos, qu’il réussit, lui et sa suite, à dominer. Les troupes de Dingka étaient d’excellents cavaliers et ils étaient armés de lances, épées, boucliers, armures de fer. La légende nous apprend que dans la région, un serpent à sept têtes nommé Bida régnait en maître. Pour pouvoir installer le royaume du Ouagadou, Igo Khassé Dingka a dû négocier avec le serpent Bida de le laisser installer son empire à condition de lui donner tous les sept ans la fille la plus belle et la plus propre (vierge) du Ouagadou. En contrepartie, le serpent accorderait au Ouagadou la richesse, l’or et la pluie pour les récoltes. Igo Khassé Dingka est l’ancêtre des soninkés portant les patronymes : Soukhouna, Cissé, Touré, Diané, Dramé, Khouma, Sakho, Diawara, Sylla.

A la chute de l’empire du Ghana, les Soninkés se sont dispersés dans toute l’Afrique de l’Ouest à partir du XIIe siècle, donnant ainsi naissance à plusieurs ethnies dont les Bozo, Soninkés devenus pêcheurs sur le fleuve Niger et en propageant l’islam.

Ils ont aussi créé le royaume du Galam au Sénégal, sur la vallée du fleuve Sénégal, ancien royaume qui se trouvait au sud du Fouta-Toro et à l’est du royaume du Djolof. Le roi portait le titre de Tounka. Le royaume a été plusieurs fois vassalisé par le Djolof à l’époque où celui-ci était un empire, par le Fouta-Toro et par le royaume bambara du Kaarta. Il vivait de l’agriculture, du commerce de la gomme arabique et de l’or.

Le territoire qu’ils occupent s’étend sur 800 kilomètres, d’est en ouest, de la moyenne vallée du Sénégal jusqu’au delta intérieur du Niger. La majorité des Soninkés vivent dans l’ouest du Mali.

Il existe une importante diaspora, notamment en région parisienne depuis la fin des années 1950. Dans les années 1970, les Soninkés représentaient près de 70 % de la population subsaharienne émigrée en France. Ils sont généralement musulmans sunnites.



Identité Culture d’appartenance

Dans le passé, les hommes avaient les cheveux tressés ou des coiffures en locks, qu’ils enduisaient de karité. Les femmes avaient le plus souvent le crâne rasé, mais il y avait aussi des coiffures tressées, très difficiles à réaliser. Elles tatouaient leurs lèvres et leurs gencives pour faire ressortir la blancheur de leurs dents et rehausser la beauté de leur visage. Les femmes portaient toujours un léger voile sur la tête.

Les Sarakholés ne pratiquent pas la scarification du visage autant que les Bambaras. Hommes comme femmes se font deux ou trois scarifications sur les tempes, et les femmes en font trois de plus sur les joues. L’excision des jeunes filles était très pratiquée dans le passé. Les oreilles de la femme sont percées de plusieurs trous dans lesquels sont placés plusieurs anneaux en or pour les plus fortunées, en argent ou en bronze pour les plus modestes. Les bijoux tels que les colliers, les bracelets au poignet et aux chevilles sont très utilisés. Traditionnellement, les hommes soninkés portent le boubou, une grande robe qui arrivait en bas des genoux et un pantalon, souvent de couleur blanche, beige ou bleu indigo. Dans le passé, une ceinture de cuir était attachée à la taille. Il y a aussi les babouches brodées appelées moukhou, ou les sandales de cuir, le tepou. Les femmes portaient le pagne qui s’arrêtaient en bas des genoux, le fendeli, et pour le haut la camisole, par-dessus laquelle elles mettent un boubou le plus souvent de couleur indigo, appelé doroké khoré (grand vêtement). Avec l’islamisation, le pagne arrive désormais jusqu’aux chevilles. Le bazin (bassa) est le tissu utilisé pour les fêtes, noble et de grande qualité. Sous leurs vêtements, les femmes ont plusieurs colliers de perles qu’elles portent sur la taille. Ils sont portés comme des sous-vêtements de séduction, ils ne peuvent être montrés que dans l’intimité. Sur la tête elles attachent artistiquement un foulard, le tikka ou kala.

La tradition orale des Sarakolés (ou Soninké) fait remonter la fondation de l’empire à Dinga, ancêtre légendaire des Soninkés. Le pays est alors peuplé par les Kakolos qui pratiquent l’agriculture sur brûlis. Les Soninkés sont des pasteurs nomades qui connaissent la métallurgie du fer et possèdent des chevaux. Ils soumettent les Kakolos et leur offrent protection en échange de leur travail.

Comme tous les peuples restés de culture essentiellement orale, les Soninkés possèdent un grand nombre de mythes et de légendes expliquant leurs origines et les grands moments de leur histoire. Ces mythes révèlent déjà un destin de peuple dispersé, tenu de partir au loin en quête de sa survie.



Aminata Agaly Yattara
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