De plus en plus, les voix s’élèvent à la base pour demander une refondation de l’État malien et donc du Mali pour qu’enfin prennent service chez nous la justice sociale, l’équité, l’engagement sans démagogie des Maliens au travail. Pour que cette refondation du Mali soit une réalité, il est indispensable de procéder à la refonte du citoyen malien et cela par une éducation nouvelle, rigoureuse et patriotique.
«Après l’indépendance acquise dans un désastre politico- social, des contradictions aiguës sont apparues entre les intérêts immédiats des Maliens en tant qu’individus et les intérêts supérieurs du Mali en tant que nation vouée à son destin historique. Le Soudanais était devenu le Malien et ceci n’est pas une simple question de vocable. Il y a entre le Soudanais et le Malien une différence de qualité dans le comportement et dans la vision du monde.
– Le premier était réputé pour son attachement à certaines valeurs traditionnelles comme la franchise, la fidélité à la parole donnée et à l’amitié sans calcul, l’honnêteté et l’intégrité. Toutes ces valeurs morales étaient acquises dans une ambiance sociale qui lui enseignait le courage et la tolérance au point d’en faire un homme résigné et fataliste… capable de sacrifier l’intérêt individuel au salut de la collectivité, le présent aux incertitudes dans l’avenir.
– Le Malien au contraire apparaît plus matérialiste (au sens populaire), plus calculateur. Il est le produit bâtard d’une manœuvre politique à laquelle l’a initié le colonisateur…» (Amadou Tiégoué Ouattara).
Il convient de rappeler que le régime nationaliste de Modibo Keïta a entrepris de fonder l’homme malien, vestige de l’éducation coloniale française. Le gage de Modibo Keïta était de forger un homme nouveau acquis à la cause de l’honneur et de la dignité de l’homme noir, de l’homme africain et donc en particulier de l’homme malien conscient de son devoir patriotique. Cet homme fondé par le régime de l’Union soudanaise-RDA s’est engagé sans réserve dans le combat patriotique pour la défense de la patrie. Cet homme forgé par Modibo Keïta imposait au colonisateur français et aux pays limitrophes du Mali respect et admiration.
La réalisation de cet homme nouveau s’est fondée sur la refonte historique du système éducatif national, plus connue sous le nom de la Réforme de 1962. Cette refonte avait enclenché un enseignement de masse et de qualité. Cela a valu à l’homme malien d’être une denrée rare recherchée dans la sous-région ouest-africaine et donc partout en Afrique. En lui, on retrouvait toutes les bonnes qualités nécessaires à la refondation d’une société de justice, de partage, d’équité et de probité morale. Cet homme s’était donné pour seul gage la défense des intérêts fondamentaux de notre peuple travailleur. Face au nationalisme de plus en plus ancré dans les consciences collectives, le régime colonial français ne pouvait rester indifférent.
Ainsi, la France a décidé de s’appuyer sur des soldats apatrides maliens pour donner un coup d’arrêt à l’œuvre patriotique d’édification d’une nation forte, indépendante et prospère. C’était un jour sombre de novembre 1968. Le 19 novembre 1968 restera, à jamais, gravé dans la mémoire de tous les fils du Mali acquis à la cause de notre peuple laborieux. Pour réussir le lavage de cerveau, le Comité militaire de libération nationale (CMLN) a imposé à ce peuple un vide politique de dix (10) ans.
Ainsi, de 1969 à 1979, le peuple malien a vu sa liberté confisquée par Moussa Traoré. Le parti unique créé, en 1979 appelé «Union Démocratique du Peuple Malien» avait un seul gage : celui de réussir la désagrégation du tissu socio-moral tissé par le régime nationaliste de Modibo Keïta.
Pour résumer l’œuvre de Moussa Traoré, le moins que l’on puisse dire c’est que le crime le plus horrible qu’il a commis contre notre peuple était et reste l’assassinat de l’homme Malien totalement acquis à la cause supérieure du Mali. Pour achever ce crime, Moussa a taché ses mains du sang de fils et de filles du Mali, lors des événements de mars 1991: deux cent vingt-quatre (224) morts et des centaines de blessés. Moussa a confisqué à notre peuple sa dignité, sa liberté et son sens élevé de la justice. Pour tout dire, Moussa a sacrifié l’indépendance chèrement acquise du Mali.
Lisons donc Patrice Emery Lumumba: «Sans dignité, il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres.»
Moussa est chassé du pouvoir, le 26 mars 1991. La 3ème République, hélas, s’est illustrée dans la désagrégation du tissu socio-économique moral du Mali. Le constat est cuisant : Le Mali a perdu toutes ses valeurs qui faisaient sa fierté et son honneur, fondement de l’estime et du respect qui lui étaient dus ici en Afrique.
Aujourd’hui, par la faute des «démocrates», les Maliens s’illustrent par tous les vices abominables, entre autres: la course à l’argent facile, la politique politicienne, l’affairisme, le vol, le mensonge, le clientélisme, la corruption et la délinquance financière. Bref, de plus en plus les maliens s’illustrent par les contrefaçons, la recherche du profit individuel par des voies peu recommandables.
Amadou Tiégoué Ouattara disait qu’à l’indépendance de notre pays on a enregistré deux types d’hommes: l’un (Soudanais) acquis à la cause des intérêts supérieurs du Mali et l’autre(le Malien) dévoué pour des intérêts individuels. Pour Tiégoué Ouattara, le Soudanais était réputé pour son intégrité socio- morale sans faille. Pendant que le Malien s’est voué à l’individualisme hypocrite au service des individus même si l’intérêt de la collectivité doit aller au diable.
Lisons Tiégoué Ouattara à ce sujet: «Après l’indépendance acquise dans un désastre politico- social, des contradictions aiguës sont apparues entre les intérêts immédiats des Maliens en tant qu’individus et les intérêts supérieurs du Mali en tant que nation vouée à son destin historique. Le Soudanais était devenu le Malien et ceci n’est pas une simple question de vocable. Il y a entre le Soudanais et le Malien une différence de qualité dans le comportement et dans la vision du monde.
– Le premier était réputé pour son attachement à certaines valeurs traditionnelles comme la franchise, la fidélité à la parole donnée et à l’amitié sans calcul, l’honnêteté et l’intégrité. Toutes ces valeurs morales étaient acquises dans une ambiance sociale qui lui enseignait le courage et la tolérance au point d’en faire un homme résigné et fataliste… capable de sacrifier l’intérêt individuel au salut de la collectivité, le présent aux incertitudes dans l’avenir.
– Le Malien au contraire apparaît plus matérialiste (au sens populaire), plus calculateur. Il est le produit bâtard d’une manœuvre politique à laquelle l’a initié le colonisateur…»
Il apparaît clairement que les Maliens, dans leur écrasante majorité, œuvrent pour des intérêts privés égoïstes tout en jetant à la poubelle tout esprit visant à défendre les intérêts fondamentaux de notre peuple travailleur. À l’heure de la «démocratie», ce n’est pas le Mali qui comptait ou qui compte mais bien plutôt les intérêts individuels privés, le gain facile, l’affairisme, la délinquance sous toutes ses formes et la corruption.
De plus en plus, les voix s’élèvent à la base pour réclamer une refondation de l’État malien et donc du Mali pour qu’enfin prennent service chez nous la justice sociale, l’équité, l’engagement sans démagogie des Maliens au travail. Pour que cette refondation du Mali soit une réalité, il est indispensable de procéder à la refonte du citoyen malien et cela par une éducation nouvelle, rigoureuse et patriotique.
Fidel Castro avait coutume de dire: «Il n’est pas difficile d’éveiller les appétits, les instincts négatifs, l’égoïsme de l’homme. L’homme doit être éduqué. Nous disons en d’autres termes: le vice est spontané, la vertu, elle, doit être cultivée.»
C’est dire que la refondation du Mali restera toujours un vœu pieux tant que l’on ne fera pas de la refonte de l’homme malien une impérieuse nécessité et une préoccupation patriotique.