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Guerre au Mali : La Communauté internationale au chevet du Mali. Pourquoi ?
Publié le lundi 9 novembre 2020  |  L’Inter de Bamako
Soldats
© RFI par David Baché
Soldats de la force française Barkhane, casques bleus de la Minusma, et soldats de l`armée malienne, lors d`une mission conjointe dans la région de Gao. Partout au Mali, la situation sécuritaire reste préoccupante.
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Depuis la mise en place d’une transition, la puissante communauté internationale multiplie les rencontres à travers des tables rondes en direction des Maliens. Cette motivation est axée sur le «Suivi de l’Accord de paix». Table ronde sur les «Médias et la transition», table ronde sur les «Otages au Sahel».
A l’heure où une certaine communauté internationale est décriée au Mali, où un manque de confiance existe entre les membres de la transition et le peuple du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), il serait difficile pour les Nations unies de faire avaler une couleuvre aux Maliens. Ceux qui soutiennent mordicus qu’il faut laisser les militaires gérer la transition, parce que les hommes politiques, de 1992 à nos jours, sont tous mauvais, ont la mémoire courte.

Les militaires putschistes du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), tombeurs du régime Ibrahim Boubacar Kéita, sont les progénitures de mauvais politiciens, démocrates d’hier. Ce qui compte, c’est le patriotisme du père ou du fils pour le pays. Sur ce tableau de patriotisme, les Maliens retiennent un seul nom l’économiste Soumana Sako, ancien Premier ministre de la transition de 1991. Son nom fait peur aux cadres véreux et délinquants financiers.

Pour mieux connaître nos dirigeants, ouvrons le dossier sur les ressources pétrolières. Parlons de pétrole. La Sonatrach, une compagnie algérienne, a signé un contrat de recherche et d’exploration de pétrole au Mali de 11,6 millions de dollars. Dès lors, on comprend aisément les va-et-vient à Koulouba des personnalités algériennes.

Selon les sources du ministère des Mines du Mali, la région du Nord compterait de nombreux gisements d’énergies fossiles. Ce qui renforcera les enjeux stratégiques et géostratégiques des territoires déjà existants pour les acteurs rivaux en place (les groupes rebelles). Les récentes prospections pétrolières et uranifères seraient également une motivation de la rébellion des Touaregs qui espèrent eux aussi tirer les dividendes de ces rentes si, elles sont un jour exploitées.

Le Mali, à l’instar des États sahéliens, oscille également entre la pauvreté et le rêve de richesses symbolisé généralement par le pétrole. Ainsi, en Mauritanie, le premier champ pétrolier (l’offshore, à Chinguetti), découvert, en 2001, par la compagnie australienne Woodside, assure une production faiblement estimée à environ 80 000 barils par jour, depuis avril 2006.

Un autre gisement, on Shore (juxtaposant le bassin de Taoudéni au Mali) fut découvert quelques années plus tard. Un avenir prometteur s’annonce, mais qui suppose de lever les menaces des tensions politiques.

Au Niger, plusieurs compagnies ont obtenu des licences d’exploitation. Dès 2003, Niamey a signé avec la Chine des conventions pour la recherche, l’exploitation, le transport et la commercialisation du pétrole dans le Nord du pays (notamment, à travers le permis de Bilma).

Par ailleurs, l’intérêt des Algériens (dans le contexte de l’épuisement potentiel de leurs gisements) pour le Nord du Mali pourrait s’expliquer également par des espoirs de pétrole. La Sonatrach, une société algérienne spécialisée dans l’exploration et l’exploitation du pétrole, s’y était installée avant le début de la rébellion de 2012.

À la suite de l’envolée du prix du brut ces dernières années, c’est tout le paysage pétrolier mondial qui s’est redessiné. Des petites compagnies pétrolières ont profité de la hausse des cours pour tenter leur chance dans les régions négligées par les géants du secteur, pour le plus grand profit des États africains concernés ou du moins des dirigeants. Avant la reprise de la rébellion par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), en 2011, le Mali a su attirer l’intérêt des investisseurs pétroliers qui ont pris le risque (malgré la menace sécuritaire) en explorant des bassins, où aucune compagnie n’est encore allée.

En observant la situation des blocs d’exploration (carte à l’appui), nous remarquons que plus de la moitié du territoire malien était sous prospection pétrolière, notamment à de vastes étendues territoriales du Nord (arides, semi-arides et sans reliefs notoires) en vue de multiplier les chances de découverte.

Les prospections ont été faites par de nombreuses compagnies majors et juniors de différentes nationalités. Cette situation d’attente est fréquente dans les nouveaux pays à la production incertaine, où les réserves espérées sont encore faibles. Les compagnies juniors sont présentes sur de nouveaux territoires où les permis sont financièrement à leur portée, alors que dans les pays déjà producteurs les nouveaux permis ne sont accessibles qu’aux majors et à d’autres compagnies intermédiaires.

Baraka Petroleum Limited est loin d’être une exception au Mali. Trop petite pour faire face aux coûts des campagnes d’exploration, estimés entre 70 à 80 millions de dollars australiens, cette société qui ne pèse que 34 millions de dollars à la bourse australienne, a été dans l’obligation de réduire ses ambitions. Cependant, les indices découverts par Baraka Petroleum Limited, au début des années 2000, ont sans doute encouragé d’autres chasseurs de pétrole à s’engager dans le Nord du Mali.

La société malaisienne Markmore a obtenu, en fin d’année 2006, des droits sur les blocs 6 et 7 du bassin de Taoudéni. La société Mali Petroleum filiale de la société australienne Sphere Investment travaille sur d’autres blocs dans le bassin de Taoudéni et dans le graben de Gao (blocs 7,8, 10 et 11). Les blocs 14 et 21 du bassin de Taoudéni ont été octroyés à la société américaine Terralliance Petroleum. La compagnie algérienne Sonatrach a signé un contrat de recherche et d’exploration au Mali dans le même bassin pour un contrat de 11,6 millions de dollars.

À travers sa filiale Sipex, elle s’engagea à réaliser en quatre (04) ans des travaux géologiques et géophysiques, ainsi qu’un forage sur le bloc 20, où la superficie avoisine 118 000 km2. Plus à l’Ouest dans la région de Kayes, les blocs 17,18, 13 et 25, dans le fossé de Nara, ont été respectivement attribués, en mai 2007 aux sociétés canadiennes Selier Energy LTD et Petroma,à la société d’Afex Global (Bermudes) et à la joint-venture Martagon Financial Services et Falcon Petroleum LTD.

Au total, le Mali a délimité plus d’une vingtaine de blocs de prospection. Le bassin de Taoudéni est celui qui semble avoir une potentialité importante avec plus de 190 000 km2, équivalente à celle d’Illizi (Algérie), de quoi faire rêver les insurgés touaregs du MNLA.

Selon les estimations faites par les autorités algériennes, le potentiel pétrolier d’Illizi atteint quelques centaines de gisements de pétrole. Selon le modèle économique dressé par Baraka Mali Venture, le potentiel était estimé à plus de 900 millions de barils, exploitables pour un coût de cinq (05) milliards de dollars. Il fallait pour cela 150 puits de forage, sachant qu’un forage coûtera cinq à dix (10) millions de dollars.

Pour les Touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui ont proclamé leur indépendance même, si cette question n’apparaît pas au centre de leur revendication, force est de reconnaître que le pétrole pourrait constituer un levier pour le développement de la région, et être l’une des causes de leur projet sécessionniste.

D’ailleurs, beaucoup de Maliens avaient prédit que cette aubaine serait facteur de tension dans la région. Certains des accords franco-africains stipulent également l’accès prioritaire de la France aux matières premières stratégiques du pays. Rappelons qu’en Afrique la Libye est un pays riche en pétrole, troisième producteur du continent après l’Angola et le Nigeria.

Brin COULIBALY

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