YACOUBA KATILE, SECRETAIRE GENERAL DE L’UNTM :
«Nous revendiquons la présence des 13 secteurs de production au CNT»
Au-delà des points de revendications dans le cahier des charges de l’Untm, la centrale syndicale revendique la présence des 13 secteurs de production dans les assises du Conseil national de transition.
Après avoir déposé un préavis de grève de 72 heures sur la table du gouvernement, le lundi dernier, le secrétaire général de l’Untm était face à la presse, le mardi 3 novembre, à la Bourse du Travail, pour expliquer les tenants et les aboutissants du mot d’ordre de grève.
Dans une déclaration, M. Katilé a fait savoir que sa centrale est à la recherche de justice sociale. «Notre exigence, comme partout dans le monde, est d’établir l’égalité de chance et de rémunération à travail de valeur égale à travers des grilles uniques par catégorie : armée, police, gendarmerie, juges, chercheurs et professeurs, administrateurs civils, ingénieurs, chacun se trouve dans une catégorie et ne doit pas gagner plus que ses semblables. C’est aussi une question de justice sociale», a précisé le secrétaire général de l’Untm.
Concernant la transition, le secrétaire général de la centrale a déploré le manque de considération des autorités de transition envers les forces vives et laborieuses du pays. «La transition a échappé aux forces vives et laborieuses du pays. Président, Premier ministre, gouvernement de la transition sont installés sans que la société civile, l’Untm et ses démembrements aient leur mot à placer. En tant que partenaire de développement pour le Mali, l’Untm entendait apporter toute sa contribution pour la réussite de la transition et le lancement du Mali dans une trajectoire de paix, de développement», a regretté M. Katilé.
La présence de l’Untm au sein du CNT
Selon Yacouba Katilé, rien ne sera comme avant au Mali. «Nous ne ferons plus comme par le passé. On ne laissera pas faire jusqu’à ce que tout se gâte. Nous arrêterons tout simplement de travailler, de produire jusqu’à ce que les mauvaises politiques, les mauvais dirigeants soient écartés» a prévenu M. Katilé.
Aux dires du secrétaire général de l’Untm, le CNT va faire des textes qui touchent à tous les domaines où se trouvent les membres de l’Untm : «Le passé politique, juridique et économique du pays consacre l’Untm, le syndicat le plus représentatif du Mali. Nos activités le prouvent aisément.
Nous revendiquons la présence des 13 secteurs de production, à la base de la structuration de notre centrale, dans les assises du CNT. Qu’importe le nombre de politiciens, de militaires, nous saurons lever toutes les embûches semées par les uns et les autres».
L’occasion était aussi bonne pour M. Katilé de répondre à ses détracteurs : «Nous ne ferons pas comme certaines personnes qui, après la défection de 2043 membres de l’Untm, appellent la presse pour mieux tromper. La force d’un syndicat, c’est le terrain. Nous ne ferons pas d’enfantillage, ni de pratique des heures primaires du syndicalisme. Nos structures restent ouvertes individuellement et collectivement à celui et à ceux qui le veulent.
De toute façon, le multi-syndicalisme a maintenant plus d’un quart de siècle. Comme dans de nombreux pays, les acquis d’une centrale, d’un syndicat national, reviennent seulement à ses membres, non à tout le monde. Cette générosité des 1ères années de l’indépendance est aujourd’hui un parasitisme syndical. Le Mali nouveau doit y mettre fin».
Les revendications de l’Untm
Au total, le cahier des charges comporte plusieurs revendications. Pour les anciennes revendications de 2014, l’Untm exige du gouvernement l’extinction de tous les accords signés de 2014 à 2020, et ce avant la fin de décembre 2020 au terme d’un chronogramme précis avant le 10 novembre 2020.
Il s’agit notamment de : règlement des droits des compressés et des partants volontaires à la retraite ; octroi à tout le secteur privé du bénéfice des acquis signés entre le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), le gouvernement et l’Untm sur les augmentations au terme d’un chronogramme de payement précis au plus tard le 10 novembre 2020 ; reprise immédiate des travaux de relecture des conventions collectives suspendues, au plus tard pour fin novembre 2020.
Pour les revendications de 2019, la centrale exige l’octroi des indemnités et de prime de spécificités par catégorie à tous les fonctionnaires de façon équitable ; la fixation d’un chronogramme d’application immédiate pour répondre à la nécessité de restauration de l’égalité, de l’équité, de la non-discrimination (harmonisation des grilles) comme prôné par la convention internationale et par l’arsenal juridique malien pour le 10 novembre 2020 au plus tard ; l’extension des nouveaux âges à la retraite à tous les travailleurs selon leur statut et leur catégorie dans le public, ainsi que dans le privé, des ambassades, et singulièrement dans celles aux Etats-Unis et aux contractuels et conventionnaires de l’Etat.
La centrale syndicale demande aussi l’amélioration des grilles salariales à appliquer dans le secteur privé ; l’application des mesures pour la réduction de la cherté de vie non respectées par les marchands ; l’utilisation des passerelles entre la fonction publique et la fonction publique des collectivités ; la suspension immédiate des activités des bureaux de placements devenus des entreprises antisyndicales ; la relance du chemin de fer pour la nouvelle année 2021.
L’Untm exige également l’arrêt immédiat des activités illégales de terrain de l’OCLEI et la mise en place légale d’une équipe formée sur la base des textes ; l’intégration définitive des enseignants communautaires dans la fonction publique des collectivités…
Faute de satisfaction, la centrale syndicale menace d’observer une grève de 72 heures allant du mercredi 18 novembre au vendredi 20 novembre 2020 sur toute l’étendue du territoire.
Wassolo
FRONT SOCIAL
Vers une tension entre syndicats ?
En septembre dernier, le Comité national pour le salut du peuple (CNSP) et les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont trouvé un accord au sujet de l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants. Ce qui a créé le mécontentement d’autres syndicats à tel point qu’on peut se demander si on ne va assister à une tension entre certains syndicats dans notre pays.
Après près de 5 mois de grève, les syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016 ont trouvé en septembre dernier un accord avec les autorités sur l’application de l’article 39 du statut particulier des enseignants. Les enseignants du primaire, du fondamental et du secondaire doivent commencer à bénéficier des avantages de l’application de cet article 39 à la fin de ce mois de novembre 2020.
Cependant, la signature de cet accord a provoqué des mécontentements au niveau d’autres syndicats dans notre pays. L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a déposé le lundi dernier un préavis de grève de 72 heures. Dans son cahier des charges, l’UNTM exige «l’harmonisation des grilles pour répondre à la nécessité d’égalité, d’équité, de non-discrimination comme prôné par les conventions internationales et par notre arsenal juridique».
Les professeurs d’enseignement supérieur ont également observé une grève de 48 heures les 3 et 4 novembre 2020 afin de bénéficier des mêmes augmentations salariales que les enseignants du primaire, du fondamental et du secondaire grâce à l’application de l’article 39 de leur statut particulier.
Ce mécontentement de l’UNTM et des professeurs d’enseignement supérieur a poussé le porte-parole des syndicats de l’éducation signataires du 15 octobre 2016, Adama Fomba, à réagir.
«Pour moi, l’application de l’article 39 de notre statut devrait être une satisfaction pour toutes les centrales syndicales parce que cela a permis d’amener la stabilité au niveau de l’éducation. Tous ceux qui s’opposeront à l’application de cet article 39, nous trouveront sur leur chemin.
Nous pensons que l’UNTM est une grande centrale syndicale. Nous ne pensons pas que leur lutte soit de nous combattre. Mais si tel est le cas, nous allons leur demander ce qui se passe réellement» a-t-il déclaré. Dans ce contexte, va-ton vers une tension entre syndicats dans notre pays ?
Abdrahamane Diamouténé