Les menaces Djihadistes prennent une proportion inquiétante dans le Pays Dogon. Guerre ouverte entre eux et les Chasseurs de Dana Ambassagou ; processus de paix entamé entre eux et des chefs de village, Imams… appelés initiatives locales soutenues par des ONG.Les deux alternatives n’ont toujours pas porté les fruits escomptés. Du coup, des villages entiers accourent vers le Messager, Gabriel Sagara afin de solliciter sa protection. Le dimanche 8 Novembre 2020, le décompte chiffrait 171 villages et de centaines de hameaux venus se confier à l’Exorciste de Yadianga.
Récit d’un voyage plein d’enseignements au Pays Dogon.
Yadianga, village historique situé à quelques kilomètres de Koro ville. C’est en ce lieu que se trouve l’Exorciste, Gabriel Sagara. Cet homme d’une quarantaine d’années, au service du monde entier, fait un travail remarquable. Tout un quartier lui appartient. L’endroit se nomme Lafiabougou. Sur cet espace où vivent environs 5000 âmes, tous venus pour des besoins divers et sollicitant de l’aide afin de régler leurs problèmes, c’est là où Gabriel fait ses prières. Elles ont lieu deux fois dans la semaine, vendredi et dimanche. Ces jours, en plus des habitants sous sa gouverne, des citoyens viennent de divers horizons pour diverses raisons. Au moment des prières de l’Exorciste, ils psalmodient leurs soucis.
Dans le village et environnants, des témoins confirment les effets positifs des prières de Gabriel Sagara. Il a guéri plusieurs types de maladies précisément des malades mentaux ; permis à des femmes d’avoir des enfants…
L’homme sur le chemin du prêche de la bonne parole, prône la paix
C’est lors d’une mission en fin de semaine dernière au Pays Dogon que je croise le chemin de Gabriel Sagara. Je le rencontre via un Ami, Nouhoum Poudiougou de Son, un village situé à 25 kilomètres de Koro ville. Présent dans le cercle de Koro, lorsque j’ai entendu les bienfaits de l’Exorciste, alors je décide d’aller à sa rencontre. Chez lui, après les salutations d’usage, je lui explique les raisons de ma présence. Il me remercie en ces termes : « Cher frère, je te remercie beaucoup pour avoir effectué le déplacement. Le fait de chercher à savoir ce que je fais ici à Yadianga est un honneur pour moi. Je suis un Messager, en mission de Dieu. Ce qui fait que je n’aime pas qu’on médiatise mes actions. Je fais des prières pour les gens qui me sollicitent moyennant zéro franc. Vous voyez bien, ce quartier appelé Lafiabougou, il y a environ 5000 habitants. Ils sont venus divers horizons pour diverses situations. Je leur donne où s’installer. Ils m’expliquent leurs problèmes et je fais des prières qui sont généralement collectives, vendredi et dimanche sur un espace public au sein du quartier que j’ai aménagé pour la circonstance. Je ne demande même un seul centime à quelqu’un. Les malades sont pris en charge par leurs parents. Je fais aussi tout le temps de mon mieux en donnant des vivres. Et une fois qu’un malade est guéri, il rentre chez lui. »
Après cette brève intervention, Gabriel passe la parole à son bras droit, monsieur Innocent Dougnon. Au-delà de ce qu’ils font au niveau de leur lieu de prières, le quartier Lafiabougou, il m’explique les missions qu’ils effectuent dans les villages afin de prêcher la bonne parole de Dieu et appelé les hommes à cultiver la paix. « A Lafiabougou, au-delà des séances de prières pour les malades et autres problèmes personnels des citoyens présents, nous nous investissons aussi pour l’instauration d’une paix durable aux Pays Dogon. Chaque vendredi et dimanche, des chefs de villages ou leurs émissaires viennent confier leurs villages à Gabriel. Ils sollicitent son aide pour leur protection. Le dimanche passé, nous avons fait le point et nous étions à 172 villages sans compter les hameaux qui sont aussi des centaines venues pour la même cause.
Nous partons aussi dans les villages pour distribuer la bonne parole. Nous sommes en contact avec tous les habitants du cercle de koro par-delà le Pays Dogon. Nous partons dans les villages isolés et estimés être sous le contrôle des djihadistes. Nous échangeons avec eux afin de voir ce qui est possible pour le bien de nous tous. Et par la grâce de Dieu, nos démarches ont toujours porté fruit. Alors nous continuons notre chemin pour l’accomplissement de la mission que Dieu nous a confiée. »
J’ai eu l’occasion de visiter le site. La plupart des maisonnettes sont construites en tige de mil. Le climat est ambiantet les habitants se côtoient comme s’ils se connaissent depuis des décennies. Ils vivent du minimum et affirment n’avoir besoin de rien excepté l’eau qui est un sésame rare sur l’espace. Alors, ils sollicitent l’aide d’une bonne volonté afin de réaliser un château d’eau à Lafiabougou.
Les armes crépitent par endroits et des menaces pèsent toujours
Le climat d’insécurité règne toujours au Pays Dogon. Des attaques se font et des villages entiers sont menacés. La route Bankass- koro précisément entre Parou et Songoibia, les attaques djihadistes sont récurrentes. La dernière date de deux semaines. C’était un mini bus communément appelé 207. Sur le tronçon, dans un intervalle de 30 mètres, des épaves de véhicules brûlés s’y trouvent. Des habits et chaussures de passagers attaqués aussi sont éparpillés un peu partout.
L’endroit fait peur et les véhicules sont très rares sur l’axe ces derniers temps.
La semaine dernière, le village de Madougou a reçu la visite des hommes en armes. Les djihadistes sont venus arrêter les travaux de construction du bâtiment devant loger la gendarmerie de Madougou. En plus de cela, ils ont interdit la cigarette, le tabac…
Le lundi soir, des hommes sur des motos, ont tiré sur l’Imam de la grande mosquée de Bandiagara avant de disparaitre dans la nature. Qui sont-ils ? Leur identité n’est toujours pas connue. Après les premiers soins reçus à l’hôpital de Bandiagara, le blessé a été évacué d’urgence à l’hôpital Sominé Dolo de Mopti-Sevaré. Aux dernières nouvelles, les balles ont pu être extraites et sa vie serait hors de danger. A Bandiagara ville, après un moment de panique, le calme est revenu, nous explique un habitant joint au téléphone hier matin.
Les initiatives locales et la présence de l’armée en question
Les initiatives locales ne sont pas appréciées par tout le monde précisément du côté de certains chasseurs de Da Na Ambassagou. A leurs dires, ces initiatives sont des pièges tendus par les forces du mal. Elles veulent gagner du temps, voir disloquer le dispositif mis en place par les forces de résistance, les chasseurs, ensuite passer à leur forfaiture. Et c’est ce qui semble se passer à Madougou.
Selon des habitants de koro, les initiatives locales ont été négociées entre des ONG, des chefs de villages, Imams et les forces du mal qui écument le pays Dogon précisément la zone de koro. Les Chasseurs n’ont pas été associés et cela est scandaleux, martèle-t-il. Et le pire, ils ont été sommés, par des chefs de villages et Imams, de dégager les check-points et camps qui se trouvent dans le cercle de Koro. Cela est visible dans la zone car j’y ai effectué la visite. Certaines constructions servant de bases aux chasseurs sont en ruine.
Les chasseurs que j’ai rencontrés sont vraiment déçus. Ils déplorent la non reconnaissance de leurs efforts pendant tout ce temps et estiment être exposés aussi avec la situation actuelle car ils n’ont plus de moyens de défense. Ils peuvent être la cible des forces du mal. A leurs dires, les initiatives locales ouvrent un boulevard aux djihadistes qui imposeront si l’on n’y prend garde leur diktat sur tout le cercle de Koro par-delà le pays Dogon tout entier.
En définitive, la présence quasi inexistence de l’armée est condamnée. Les populations estiment qu’elles sont abandonnées par l’État malien depuis des années. Elles n’arrivent toujours pas à comprendre comment des attaques sont possibles dans des villes où se trouvent les porteurs d’uniforme sans qu’il n’y ait de riposte appropriée ? C’est valable aussi pour le cas des attaques répétitives entre Parou et Songoibia. Jusqu’à présent, aucune disposition idoine n’est prise pour sécuriser la zone. Lors de mon aller-retour sur l’axe, il n’y avait pas de présence militaire.