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Le Mali tout entier pleure l’un de ses dignes fils: ATT, le soldat de la démocratie et le bâtisseur a tiré sa révérence
Publié le lundi 16 novembre 2020  |  Infosept
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© aBamako.com par AS
Arrivée à Bamako de la dépouille du président ATT
Bamako, le 14 novembre 2020: le vice-président de la transition, le colonel Assimi GOĪTA a accueilli à l`aéroport international Modibo Keita de Bamako Sénou, la dépouille du président ATT en provenance d`Istanbul en Turquie.
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La nouvelle du décès de l’ancien Président de la République du Mali, le général à la retraite Amadou Toumani Touré, est tombée comme un couperet, le mardi 10 novembre 2020 au petit matin, à la stupéfaction générale du peuple tout entier. Celui que tout le monde appelle le soldat de la démocratie, pour avoir arrêté le général Moussa Traoré le 26 Mars 1991, mettant ainsi fin à la boucherie d’un peuple et à la tyrannie d’un homme, a ajouté une autre corde à sa cora en se faisant appeler le plus grand bâtisseur du Mali moderne. En dix ans il a écrit une nouvelle page de l’histoire de notre pays en réalisant des gigantesques œuvres faisant de lui un immortel. Sa mort est survenue moins de deux mois après celle d’un autre général et ancien Président, Moussa Traoré. Ils sont tous les deux partis sans avoir fini de livrer tous les secrets qu’ils ont en eux et sans avoir fini d’écrire leurs mémoires pour la nouvelle génération. Le général ATT s’en est allé en laissant tout un peuple inconsolé et une nouvelle génération, dont les tout-petits, orpheline. Parcours d’un homme d’exceptionnel qui a donné tout à son peuple.
C’est sans nul doute toute la Nation qui rendra un dernier hommage au digne fils du Mali, Amadou Toumani Touré, dont la dépouille est arrivée à Bamako en provenance d’Istanbul en Turquie, où il a rendu l’âme. A 72 ans ATT a dit adieu à son peuple qu’il a tant chéri, qu’il a servi avec amour et dévouement. Son nom figurera désormais en lettres d’or dans les annales de l’histoire de notre pays, pour deux faits majeurs. Le premier, pour avoir débarrassé le Mali de l’un des dictateurs les plus féroces du 21ième siècle, à savoir le Général Moussa Traoré, le second fait est d’avoir bâti des infrastructures socioéconomiques que nul autre Président n’avait fait au paravent et qui ont permis d’améliorer les conditions de vie des maliens.
Qui est cet illustre Lieutenant-Colonel inconnu qui a été révélé au grand public le 26 mars 1991 ?
L’enfant peul a vu le jour le 4 novembre 1948 dans la Venise malienne à Mopti. Il fréquenta l’école fondamentale de sa ville natale, avant d’entrer à l’école normale secondaire, ENSEC de Badalabougou pour y suivre une formation d’instituteur entre 1966 et 1969. C’est finalement à l’école interarmes de Kati qu’il se dirigera pour apprendre le métier des armes. Le 33ième Régiment des commandos parachutistes a été le choix d’ATT pour défendre son pays. Il grimpa rapidement les échelons, après ses formations et stages de perfectionnement en ex URSS et en France. Il deviendra en 1984 le commandant du 33ième RCP. C’est en mars 1991, après les manifestations populaires réprimées dans le sang qu’il va être à la tête d’un groupe d’officiers pour arrêter le général Moussa Traoré et prendra du coup la présidence du comité de transition pour le salut du peuple, CTSP en assurant les fonctions de chef de l’Etat pendant toute la durée de la transition. Il organise la conférence Nationale du 29 juillet au 12 Août 1991, puis des élections législatives et Présidentielle en 1992. A l’issue de ces élections il remet le pouvoir au nouveau Président élu Alpha Oumar Konaré. Pour avoir respecté sa parole donnée en organisant les élections et en remettant le pouvoir à un civil, ATT a été surnommé soldat de la démocratie. Après la transition, ATT, le soldat de la démocratie a connu un moment de flottement et de galère, c’est pourquoi il s’est consacré à sa fondation pour l’enfance avant d’être nommé plus tard en juin 2001 l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations Unies, Koffi Annan, en République Centrafricaine, après un coup d’Etat manqué contre Ange-Félix Patassé. Le 1er septembre 2001 il demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée. Il décide alors de se lancer dans la vie politique en déposant sa candidature pour l’élection Présidentielle de 2002. Il est élu président de la République le 12 mai 2002 avec 64,35 %. ATT a été réélu en 2007 face au candidat IBK.
Si ses dix ans n’ont pas toujours été couronnés de succès, il est à noter qu’ils ont permis de réaliser beaucoup d’infrastructures socioéconomiques et surtout la création d’emplois pour les jeunes. En matière d’infrastructures, l’ère ATT a permis au Mali de se doter d’infrastructures sanitaires avec la construction des hôpitaux modernes à Bamako, Sikasso, Mopti. Les maliens ont surtout apprécié l’Assurance Maladie Obligatoire, AMO qui permet de soulager les plus démunis. En matière d’infrastructures routières, ATT bat le record de ses trois prédécesseurs en réalisant des routes, des ponts, des barrages et d’aéroports comme celui de Dag-Dag à Kayes. Bamako et toutes les capitales régionales ont connu un embellissement et une modernisation sans précèdent sous ATT, échangeurs multiples, rue goudronnées. C’est pour avoir réalisé beaucoup d’infrastructures qu’on a collé à son nom celui de grand bâtisseur.
ATT, le général incompris
Il sera renversé à moins de deux mois de la fin de son mandat par des officiers subalternes de l’armée, pour dit-on, n’avoir mis à la disposition de l’armée suffisamment d’armes afin qu’elle se batte contre la coalition djihado-irredentistes. Et pourtant après sa chute les nouveaux hommes forts du pays regroupés au sein du CNRDRE n’ont ni trouvé de solution au problème qu’ils ont reproché à ATT, encore moins pacifié le pays qui a été envahi jusqu’au flanc de la Venise malienne, Mopti. Le Général incompris a été contraint d’aller en exil à Dakar au Sénégal pendant 6 ans. Accueilli triomphalement à son retour à Bamako, il a fait le choix de s’effacer et ne sortait à la Télé qu’au cours des grands événements, jusqu’au mardi 10 novembre 2020 où il a perdu sa dernière bataille contre la maladie. Dors en paix le soldat de la démocratie et le grand bâtisseur, ATT.
Youssouf Sissoko

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