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Militarisation de la transition : Des lendemains incertains pour le Mali
Publié le lundi 16 novembre 2020  |  L’Inter de Bamako
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie de sortie de la 41è et 42è promotion de l`Ecole Militaire Interarmes (AMIA)
Koulikoro, le 04 Septembre 2020, le président du CNSP, Assimi Goita a présidé la cérémonie de sortie de la 41è et 42è promotion de l`Ecole Militaire Interarmes (AMIA).
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Après avoir trahi le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) et réduit son combat du Mali Kura à néant, les militaires, auteurs du coup d’État du 18 août contre l’injustice, viennent d’étendre l’éventail de leur acte de parjures au reste du peuple malien avec la clé de répartition des membres du Comité national de transition (CNT) attribuée aux forces vives de la nation. Comme une traînée de poudre, les forces progressistes et la partie consciente et responsable du peuple malien ont manifesté leur refus de siéger à l’organe législatif de la transition. Ce rejet est non seulement un désaveu pour les autorités de la transition mais consacre aussi le divorce entre les Maliens et les militaires qui veulent s’accaparer de tous les segments de la transition.
Applaudis, félicités, courtisés et bénéficiant d’un soutien populaire pour avoir parachevé la lutte du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) qui manifestait depuis quelques mois pour le départ du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) et de tout son régime, les auteurs du coup de force du 18 août dernier, réunis au sein du Comité national pour le salut du peuple (CNSP), viennent de détruire le peu de capital de confiance et de considération qu’ils bénéficiaient encore auprès des Maliens avec la publication des décrets portant mise en place du Conseil national de la transition (CNT) et la clé de répartition des femmes et des hommes devant siéger audit CNT.

À peine rendue publique, la clé de répartition a fait l’effet d’une bombe au sein de la classe politique et des organisations de la société civile. Elle a été rejetée par les forces progressistes et la partie consciente et responsable du peuple malien. Ainsi le M5- RFP, Ensemble Pour le Mali (EMP, ancienne majorité présidentielle), Convergence pour le développement du Mali (CODEM), Convention des forces patriotiques (CoFoP), le parti Yèlèma, l’Alliance démocratique pour la paix (ADP- Maliba), la plateforme Espérance Nouvelle-Jigiya-Kura, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM), Confédération syndicale des travailleurs du Mali (CSTM), refusent de siéger au CNT. Et leurs réactions ne se sont pas fait attendre.

Divorce consommé entre les militaires et les forces vives

Pour le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), il est inadmissible que le vice-président de la transition, encore président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) non encore dissout, dispose d’un pouvoir de censeur pour choisir les bons et mauvais candidats en lieu et place des entités concernées. De quelle connaissance des candidats, de quel droit ou encore de quelle légitimité disposerait-il pour s’octroyer une telle prérogative dont le but inavoué est d’amener les seuls amis, parents et affidés au Conseil national de la transition (CNT).

Selon l’ancienne majorité présidentielle, EPM, elle dénonce la fixation des quotas effectuée sans consultation aucune de la classe politique de notre pays et la faiblesse du quota réservé aux partis et regroupements politiques qui ne disposent que de onze (11) sièges sur les 121 membres constituant le CNT.

Quant à la CoFoP, elle constate une confiscation du rôle des politiques. Cela est une entrave à la démocratie malienne et un danger pour l’avenir de notre pays. L’ADP-Maliba se dit inquiet de la crispation du climat sociopolitique engendrée par la publication desdits décrets et invite les plus hautes autorités nationales à engager Incessamment des consultations élargies en vue d’aboutir à un consensus autour de la formation du CNT.

Le parti rappelle que si le rôle principal du CNT est de rassembler l’ensemble des forces vives de la nation et de procéder aux réformes majeures indispensables à la refondation de l’État et à l’organisation des échéances prochaines, sa formation doit faire l’objet d’un réel consensus social et politique. Espérance Nouvelle-Jigiya-Kura n’est pas restée en marge. Elle attire l’attention de l’opinion nationale et internationale que la mise à l’écart des partis politiques est de nature à compliquer la mission du Conseil national de la transition (CNT).

Pourtant, ce divorce ne devrait pas arriver dans la mesure où bon nombre de Maliens avaient pris leur mal en patience et accordé le doute du bénéfice aux putschistes après le choix du Premier ministre et les membres du gouvernement. Il n’est un secret pour personne que le gouvernement reflète beaucoup plus la volonté des militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) que les intérêts du peuple malien.

Les uns et les autres pensaient que la clé de répartition des membres au Comité national de transition allait réparer l’injustice pour l’avènement du Mali Kura. Mais, c’était sans compter sur la voracité des putschistes à militariser la transition. Ils se sont taillé la part du lion. Sur les cent- vingt et un (121) membres que compte le CNT, ils doivent désigner vingt-deux (22) membres. Et c’est qui a provoqué la colère des femmes et des hommes qui se sont engagés dans le combat pour que rien ne soit plus comme avant.

Sans assise populaire, les putschistes sont désormais vulnérables

Le verrou dont les militaires viennent d’exploser, en mettant hors de jeu les acteurs du changement, présage des lendemains incertains pour le Mali déjà confronté, depuis 2012 à une crise multidimensionnelle. Comme on le dit, on ne scie pas la branche sur laquelle on est assis. Les putschistes, après avoir trahi le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), viennent de porter un coup dur à la stabilité politique de notre pays en donnant un coup de poignard dans le dos du peuple malien en l’écartant de la gestion de la transition. Déjà affaibli en termes de soutien populaire après la mise à l’écart du Mouvement du 5 juin, ils viennent de mettre sur leur dos les autres composantes de la société qui les soutenaient. Alors que la gestion d’un pays repose sur une assise populaire pour bien conduire les affaires publiques. Et sans cela, on devient une proie facile pour ses adversaires. Or il se trouve déjà que ceux qui ont refusé de siéger au Conseil national de la transition (CNT), sont en train d’appeler les Maliennes et les Maliens à une mobilisation générale pour préserver la démocratie qui, à leurs yeux, est prise en otage par les militaires du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) à travers leur forte représentation dans les institutions et la nomination de leurs hommes de liges dans les instances de la transition.

Est-ce à dire qu’on s’achemine vers une crispation de la situation socio- politique déjà éprouvée par des mouvements de grèves ?

Yoro SOW

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