Le ministère de la Justice, Garde des Sceaux, s’est fait gruger son titre foncier à Bolé, en Commune VI. Le directeur du Centre de détention pour mineurs de Bolé est cité parmi les prédateurs fonciers.
Dans sa politique de développement de l’administration de la justice, l’Etat a mis à la disposition du ministère de la Justice par décret n°04-070 P/RM du 4 mars 2004, un patrimoine foncier. La parcelle de terrain d’une superficie de 25 ha, est située à Bolé, en Commune VI du district de Bamako. Il est l’objet du titre foncier n°1418 de la Commune VI du district de Bamako. L’affectation de cette parcelle a pour objectif, selon le décret de mise à disposition, de permettre d’accueillir diverses structures du ministère de la Justice. C’est sur ce domaine qu’a été construit le nouveau bâtiment de la Cour suprême.
Pour mémoire, l’ancien ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me Malick Coulibaly s’était rendu sur le site en 2018, lors d’une visite du chantier de la Cour suprême. Il s’en était ressorti abasourdi. Le ministre s’était rendu compte d’un spectacle désolant. Celui du morcellement illicite d’une bonne partie de la réserve foncière de son département.
Me Malick Coulibaly surpris par cette atteinte grave au domaine public privé de l’Etat attribué à son ministère, avait mis en garde les spéculateurs tapis dans l’ombre. Il était loin de réaliser à l’époque qu’un de ses propres agents se trouverait à la manœuvre.
Quelques années plus tard, des accusations fusent. Celles-ci font état de l’implication réelle ou supposée du directeur du Centre de détention pour mineurs de Bolé, en la personne de Moussa Sarawi Maïga. Celui-là même qui est le responsable de ce pénitencier depuis plus d’une décennie et qui bientôt fera valoir ses droits à la retraire.
Selon des sources concordantes, M. Maïga s’est arrogé le droit de vendre 5 lots en face même de son service, le Centre de Bolé. Les acquéreurs douteux n’ont pas perdu du temps pour les mettre en valeur leur terrain. De très jolies bâtisses sont sorties de terre en un laps de temps. D’autres sont en chantier donnant fière allure à la zone, tel un nouveau quartier en gestation. Une parcelle sur laquelle est construite une villa basse aurait été vendue à un de ses proches parents. Celui-ci n’est autre que le directeur général adjoint de la direction nationale de l’Administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée (Dnapes).
Maïga a poussé jusqu’à brancher gratuitement son parent et collègue à qui il a vendu un lot, sur le réseau d’électricité de Bolé. C’est lorsque le pot aux roses de ce raccordement illégal au courant a été découvert, que le bénéficiaire de cette indélicatesse s’est précipité pour souscrire un abondement à Energie du Mali.
Le directeur du Centre de détention pour mineurs de Bolé est aussi soupçonné d’avoir doublement vendu une parcelle. Selon des sources, il a vendu un terrain sur le même site à un autre collègue de l’administration pénitentiaire pour ensuite le revendre à un tiers. Le montant de cette transaction douteuse est estimé à 12 millions de F CFA. Un contentieux est en cours dans cette affaire.
Moussa Sarawi Maïga, au seuil de la retraite, a-t-il agi seul pour escamoter le patrimoine foncier de l’administration de la justice ? La question a tout son sens dans la mesure où il paraît incompréhensible que des enquêtes n’aient pas jusque-là situé les responsabilités et épinglé les fautifs. Surtout que le ministre Me Malick Coulibaly avait mis le doigt sur le scandale depuis plus de deux ans.
Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, il nous revient que des enquêtes sont en cours. Mais il semble que le suspect Maïga n’en a cure de tout ça. Il se tire la couverture d’un lien supposé de parenté avec le nouveau ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Mohamed Sidda Dicko pour faire taire l’affaire. Celui-ci se laissera-t-il entraîner dans son jeu ?
Toutes nos sollicitations envers le directeur du Centre de détention pour mineurs de Bolé, Moussa Sarawi Maïga sont restées vaines jusqu’à notre mise sous presse. Il n’a pas daigné répondre non plus à notre message écrit afin de recouper ces accusations gravissimes, encore moins décrocher nos appels téléphoniques.