Cheikh Hamahoullah, dit chérif Hamallah, créa le mouvement religieux issu de la confrérie tidjane qui porte son nom le Hamallisme. Originaire de Tichit (Mauritanie),Hamaoullah,installé à Nioro fut remarqué par Cheikh Sidi Mohamed Lakhdar, grand initié de la Tidjaniya, chargé de remettre de l’ordre dans la confrérie après l’épopée d’El Hadj Omar, qui 1902,lui transmit l’autorité spirituelle lui permettant de mener à bien l’œuvre de rénovation qui s’imposait.
Celle-ci s’appuyait avant tout sur la récitation d’une prière, la Jawharatu-l- kamali (la Perle de perfection) qui était récitée habituellement douze fois, selon les douze grains du chapelet.
Cheikh Lakhdar et Hamahoullah, s’appuyant sur la tradition voulaient la ramener à onze fois seulement («onze grains»). Un certain nombre de responsables religieux tidjanes se rendirent à leurs arguments tandis que d’autres, bien insérés dans le système colonial, s’y opposèrent farouchement. Ce clivage religieux se doublait des oppositions traditionnelles entre tribus.
Les échauffourées, qui s’en suivirent à partir de 1923, furent mal évaluées par l’administration. Elle vit dans les partisans des Onze Grains de dangereux agitateurs qui risquaient de remettre le feu à une région déjà perturbée par l’introduction des nouvelles cultures coloniales (coton, arachide), la levée de troupes durant la Première Guerre mondiale, et le travail forcé sous ses différentes formes. Hamaoullah fut exilé dans l’Ouest mauritanien (Mederdra, 1926-1930) après des émeutes sanglantes à Kaédi (Mauritanie) qui firent une vingtaine de morts parmi les partisans et les adversaires des Onze Grains.
Alors que les maladresses de l’administration, qui avait pris partie pour une tendance contre une autre, avivaient les tensions, une autre controverse théologique surgit du retour du Cheikh en 1936.
S’estimant en danger, ce dernier justifiait la pratique de la prière abrégée telle que l’avait recommandée le prophète en cas de guerre. La situation se tendit encore plus quand éclata le deuxième conflit mondial, l’administration vichyste craignant de voir perdurer une situation troublée dans ses colonies alors que la France libre avait déjà fait basculer l’Afrique centrale
(1941).
Le 11 juin 1941, le gouverneur général Boisson ordonna l’incarcération d’Amahoullah tandis que plusieurs centaines de ses partisans étaient jetés dans des camps d’internement.
Humilié par Boisson à Dakar, où il avait été transféré, le Cheikh fut ensuite incarcéré à Oran, puis transféré à la prison de Montluçon, où il mourut le 16 janvier 1943. Il repose en France. Sa famille réclame de façon très adroite le retour de sa sépulture à Nioro.