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Disparition d’ATT: Il a cultivé la grandeur et n’a mérité que si peu
Publié le mardi 17 novembre 2020  |  le Temoin
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© Autre presse
Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
Renversé le 22 mars par la junte militaire l`Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
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Une gloire mêlée à la tristesse. Telle est la perception qu’inspire la brusque disparition à 72 ans de l’ancien chef de l’Etat Amadou Toumani Touré. Décédé à Istamboul le mardi …, la dépouille mortelle de l’Homme du 26 Mars a atterri à l’Aéroport International Modibo Keïta avant-hier samedi, tôt le petit matin et attend d’être portée à son ultime demeure après un hommage national et des militaires annoncés ce mardi. En attendant, on garde de lui pour l’heure la terne image d’un ancien président ravalé au ras des pâquerettes et contraint, il y a une année environ, à négocier son retour au bercail après cinq longues années de séjour forcé à Dakar. Son sort aurait pu basculer vers un bien pire destin si ses tombeurs politiques cachés, les anciennes autorités déchues en l’occurrence, n’avaient lamentablement échoué à faire prospérer un certain projet machiavélique de le couvrir de la flétrissure de haute trahison, parachevant ainsi le coup tordu l’ayant empêché de terminer son règne en beauté à Koulouba. C’était peut-être aussi le passage nécessaire pour révéler la dimension réelle d’une figure entrée dans l’histoire de son pays par deux glorieuses portes : d’abord comme le sauveur de la lutte héroïque de ses concitoyens pour l’avènement de la démocratie, ensuite comme le bâtisseur relativement inégalable sur les 60 années d’indépendance. En effet, rien de ce qu’on frôle au passage, dans le Mali contemporain, n’arrive à se soustraire à la d’ATT. Et les errements de ses successeurs, sept longues années après, n’auront contribué qu’à alimenter les regrets d’une décennie précédente (2002 – 2012) certes incomplète mais jalonnée d’avancées aux traces indélébiles pour la plupart et dont il ne reste que des nostalgies pour d’autres. De nombreux acquis en infrastructures routières n’ont pu par exemple résister à l’erosion de la mal-gouvernance post-ATT, mais une écrasante majorité de réalisations publiques continuent de témoigner du triomphal retour aux affaires de l’homme du 26 Mars. Ainsi, les millions d’usagers de la santé publique ne lui savent pas seulement gré de l’existence d’innombrables centres hospitaliers mais aussi de détenir la paternité quasi-exclusive d’un système plus juste et plus démocratique d’accès massif aux prestations sanitaires que représente aujourd’hui l’Assistance Maladie Obligatoire (AMO). D’autres initiatives et chantiers tout aussi ambitieuses comme le Code de la Famille ont pu injustement lui attirer une foudre d’hostilités savamment entretenues par une frange obscurantiste du peuple, mais l’unanimité est quasiment faite que la marche du Mali vers le progrès est suspendue et même arrêtée avec le stupide coup d’Etat de 2013. En atteste pour le moins la salve de reconnaissances et de gratitudes spontanément suscitées par l’annonce de sa mort et qui égrènent les uns après les autres les pans incalculables du riche héritage de ses passages successifs au sommet de l’Etat. Qui pour évoquer l’utilité des logements sociaux, qui pour comparer son riche bilan avec l’inertie ambiante de ces dernières années. Les rapports entre ATT et les Maliens n’ont pas été toujours harmonieux. L’opinion garde en mémoire, par exemple, des maladresses comme la fameuse formule «bè bi babolo» malicieusement exploitée par ses détracteurs ou encore la gestion très approximative de la crise septentrionale de fin de mandat. Toutefois, la vague d’empathie consécutive à sa disparition préfigure l’ampleur de la déception que pourrait avoir provoqué le traitement de ce triste événement par les autorités de la Transition. Lesquelles autorités se sont certes employées à rapatrier la dépouille de Turquie, mais n’ont consacré un deuil national de trois jours à l’illustre disparu que près d’une semaine après sa mort, après que les larmes ont déjà fini de sécher. Comme pour leur donner l’exemple, leurs homologues du Ghana en ont fait observer une semaine de deuil national (au lieu de trois jours) pour Jerry Rawlings qui n’aura probablement pas mérité de son pays plus qu’ATT du Mali. L’injustice pourra être atténuée demain mardi, par la présence remarquée et annoncée de célébrités nationales et étrangères à la cérémonie.

A K/Le TÉMOIN
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