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Assarid Ag Imbarcaouane : «Il faut une véritable concertation avant la mise en place du CNT»
Publié le mardi 17 novembre 2020  |  L’Essor
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© aBamako.com par mouhamar
Journée parlementaire de l`Adema-Pasj
Bamako, le 18 janvier 2014 à l`hôtel Radisson-Blu. Le parti Alliance pour la Démocratie au Mali- Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema-Pasj) a réuni ses 16 nouveaux élus pour les former sur leur nouvelle mission de député.
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La mise en place du Conseil national de transition, l’ébullition du front social, les négociations avec les terroristes, le décès de l’ancien président de la République Amadou Toumani Touré sont des sujets sur lesquels s’exprime dans cette interview le secrétaire général de l’Alliance pour la démocratie au Mali (Adema), Assarid Ag Imbarcaouane, élu plusieurs fois député à l’Assemblée nationale




L’Essor : Plusieurs partis et regroupements politiques ont décidé de ne pas siéger au Conseil national de transition suite à la signature de deux décrets par le président de la Transition. Quelle est votre lecture sur cette situation ?

Assarid Ag Imbarcaouane : La raison pour laquelle la quasi-totalité des partis politiques, naturellement les plus importants de notre pays, ont décidé de ne pas participer au Conseil national de transition, s’explique par l’absence de consensus entre eux et ceux qui ont décidé de créer, à travers deux décrets, cet organe. Dans ce pays, la seule chose qui marche et qui permet de nous entendre, quelles que soient les difficultés, c’est la concertation. J’ai la conviction profonde que si les présidents des regroupements et des partis politiques avaient été concertés par les dirigeants de la transition pour la mise en place du CNT, ça allait passer comme une lettre à la poste. Mais que des responsables, à un certain niveau, voient les décrets sur les réseaux sociaux n’est pas une bonne chose.

L’Adema n’a reçu aucun de ces décrets. Cela veut dire simplement qu’il n’y a pas eu une concertation entre ceux qui sont chargés de mettre en place le CNT et les partis concernés. Donc, il n’y a pas de refus en tant que tel, mais les partis politiques ont eu le sentiment de n’être pas considérés, de n’avoir aucun crédit auprès de ceux-là qui dirigent la transition.

Cette situation n’est bonne pour personne. Elle n’est pas bonne pour nous, en tant que partis politiques, parce que nous avons déjà fait plusieurs communiqués dans lesquels nous avons dit très clairement que nous allons apporter toute notre contribution à la réussite de la Transition. Le CNT va manquer des compétences en matière de processus législatif. Parce que le CNT est l’un des organes les plus importants de la Transition, si ce n’est le plus important. En ce sens que le Conseil national de transition sera chargé de voter un certain nombre de textes. Il sera chargé de réviser la Constitution du 25 février 1992, entre autres.

On aurait pu profiter de cela pour essayer d’associer toutes les forces vives afin que le référendum se tienne dans les meilleures conditions. Il y a un certain nombre de projets de textes aussi qui vont être révisés : La loi électorale, le code des collectivités et bien d’autres textes. Le découpage administratif que nous avons commencé, certainement va être remis sur la table. En plus de tout ce que je suis en train de vous dire, il y a aussi les différentes lois des finances. Parce qu’un pays repose sur le vote des lois des finances et les lois des règlements qui permettent de contrôler comment le gouvernement a utilisé les ressources qui ont été votées par l’Assemblée nationale et mises à sa disposition.
Donc, le CNT a un rôle extrêmement important. Sa mise en place ne doit pas être faite sans une véritable concertation entre tous les acteurs (politiques, sociaux, etc.) de notre pays. Il leur appartient de mettre en place un cadre de concertation à cet effet.

L’Essor : Aujourd’hui, ne faudrait-il pas craindre que l’ébullition du front social ne compromette les missions de la Transition ?

Assarid Ag Imbarcaouane : En tant que secrétaire général de l’Adema, je suis extrêmement préoccupé par la situation sociale de notre pays. Les administrateurs sont en grève illimitée. Cela veut dire tout simplement que les citoyens ne peuvent plus s’adresser à leurs circonscriptions respectives pour recevoir par exemple le certificat de résidence. En tout cas, ils n’ont plus la possibilité d’avoir les prestations auxquelles ils peuvent prétendre au niveau des différentes circonscriptions administratives. D’autres secteurs comme la santé s’apprêtent à aller en grève également. Cela veut dire simplement qu’on est en train de pénaliser le citoyen malien par ces différentes grèves.

J’ai la conviction profonde que les autorités de la Transition ne peuvent pas trouver la solution aux revendications de l’ensemble de ces compartiments de nos travailleurs. J’ai la conviction profonde que notre pays n’a pas les ressources nécessaires pour faire face à tout cela. Dans ces conditions, il faudra rapidement aller vers la conférence sociale. Et discuter très clairement de l’ensemble des préoccupations de tous les travailleurs et même arriver à signer un moratoire pour qu’il n’y ait pas de grèves jusqu’à la fin de la Transition.

Il s’agit de voir exactement comment on peut s’en sortir le plus correctement possible pour nous permettre de terminer rapidement avec cette Transition. Et d’aller vers des élections libres, transparentes nous permettant d’avoir un président de la République, une Assemblée nationale élus et des institutions crédibles.

L’Essor : La France annonce avoir récemment tué le chef terroriste Bah Ag Moussa dans un contexte où les autorités de notre pays évoquent la possibilité de dialoguer avec des djihadistes. Qu’en pensez-vous ?

Assarid Ag Imbarcaouane : Je sais que le problème de la négociation avec Iyad Ag Ghali et Amadou Koufa était une décision du Dialogue national inclusif (DNI). Ce n’est pas tant les autorités qui sont en place actuellement, mais l’ensemble des forces vives de la Nation, lors de cette rencontre, qui ont décidé de dialoguer avec les Iyad Ag Ghali qui sont supposés être la branche d’Al-Qaïda au Mali. C’est cette branche qui a libéré il n’y a pas longtemps, mon ami et frère Soumaïla Cissé. Mais, il n’a jamais été décidé de négocier avec la branche de l’état islamique.

Maintenant, je ne connais pas les bases de la négociation. Mais, d’après ce que je sais, par expérience, la principale exigence d’Iyad Ag Ghali, c’est l’application de la charia au Mali. Iyad ne cherche pas un territoire, ni l’indépendance de ce qu’on appelle l’Azawad. La seule chose qu’il cherche, c’est la bonne pratique de l’islam, ce que nous faisons déjà au Mali.

L’Essor : L’ancien président de la République Amadou Toumani Touré est décédé le 10 novembre dernier en Turquie à l’âge de 72 ans. Que retenez-vous de l’homme et de son passage à la tête de notre pays ?

Assarid Ag Imbarcaouane : C’est un homme que j’ai personnellement beaucoup soutenu. J’ai beaucoup travaillé avec lui. Je connais en lui un patriotisme extraordinaire ; c’est un homme qui n’aime que le Mali et c’est un pionnier du développement de ce pays. Quand vous voyez la liste de tout ce qu’il a fait dans ce pays, c’est difficile de trouver quelqu’un susceptible d’avoir fait autant.

Cela veut dire tout simplement que c’est quelqu’un qui avait le souci de voir les conditions de vie de ses concitoyens nettement améliorer. Je dois vous avouer que sa mort a été un véritable drame pour moi. Je profite de cette occasion pour présenter mes condoléances les plus attristées à sa famille, à ses amis et au peuple malien.

Propos recueillis par
Massa SIDIBE

Source : L’ESSOR
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