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Décès d’ATT : Les Maliens apprennent dans la douleur, qu’il n’y a pas de bon coup d’État
Publié le mercredi 18 novembre 2020  |  Nouveau Réveil
Cérémonie
© aBamako.com par A S
Cérémonie d`hommage national à l`ancien président Amadou Toumani Touré
Bamako, le 17 novembre 2020 Le Mali rend un dernier hommage à l`ancien président Amadou Toumani Touré au Génie militaire.
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Le Général Amadou Toumani Touré, plus connu sous l’acronyme ATT, a passé l’arme à gauche. En effet, l’ancien chef d’État malien qui avait été évacué en Turquie pour des raisons sanitaires, après une opération du cœur à Bamako, est décédé dans la nuit du lundi 9 au mardi 10 novembre 2020, à l’âge de 72 ans.
En un peu moins de deux mois, les Maliens déplorent la disparition de deux de leurs illustres fils qui ont, chacun, présidé, à un moment donné de l’histoire, à leur destinée. L’on se souvient, en effet, que le 15 septembre dernier, le président Moussa Traoré dont la chute correspond à l’entrée en scène d’Amadou Toumani Touré, avait, lui aussi, rendu l’âme. La disparition de ces deux hommes que le destin a opposés en mars 1991, intervient au moment où le Mali avait le plus besoin de leurs expériences aux commandes de l’État pour traverser la zone de turbulences créée par le putsch militaire du 18 août 2020. Le pays est, en effet, depuis lors, engagé dans une Transition qui n’en finit pas de soulever des tempêtes de sable dans le désert malien.
N effet, l’année 2012 aura marqué la fin de cet essor du « Maliba » en raison de l’apparition, dans le ciel du septentrion malien, de gros orages, en l’occurrence les menaces indépendantistes et djihadistes dont la gestion par ATT, n’a pas été du goût de certains de ses frères d’armes avec à leur tête un certain Amadou Haya Sanogo. Chassé du pouvoir et contraint à l’exil à Dakar suite au coup d’État de 2012 qui, au lieu de stopper l’avancée des mouvements rebelles et islamistes, a, au contraire, précipité la déroute de l’armée, l’homme n’avait finalement pu rejoindre la mère-patrie qu’en décembre 2019. Considéré comme un héros par certains, pour avoir perçu clairement les faiblesses de son armée et opté pour la négociation pour sauver son pays, il est présenté par d’autres comme un général félon qui a abandonné le Mali aux mains des ennemis de la Nation.
Une transition dite civile, sans les civiles
Mais que l’on se situe du côté des laudateurs ou des détracteurs du général ATT, on doit reconnaître que son parcours devrait inspirer au moment où sa dépouille est retournée à la terre malienne qu’il a servie. Sa vie est faite de hauts et de bas comme tout autre vie, surtout politique, où comme l’a chanté l’artiste, l’on crie « vive le général » pour aussitôt dire après « à bas le général ». La leçon que l’on devrait en tirer est qu’il faut savoir parfois quitter les choses avant que celles-ci ne nous abandonnent. Et cette leçon vaut particulièrement pour la junte militaire au Mali, qui a usé de subterfuges pour conserver l’essentiel du pouvoir de la Transition mais qui se retrouve sous les feux des critiques. En effet, composé d’intellectuels, d’hommes d’affaires et de membres de la société civile, le GRAIN (Groupe de réflexion, d’analyses et d’initiatives novatrices), l’un des groupes les plus crédibles au Mali, a rendu publique une lettre ouverte qui met à nu les tares de la gouvernance de la Transition au Mali. Le groupe dénonce, entre autres, la trop grande présence des militaires sur la scène. « Aujourd’hui, nous avons une transition dite civile mais qui n’est vraiment pas civile puisque presque 70 % des postes sont occupés par des militaires ou des proches de militaires », explique l’un des membres fondateurs du GRAIN. Certains dysfonctionnements comme la non-mise en place de l’organe législatif de la transition, le Conseil national de Transition (CNT), la non-déclaration des biens des autorités de la Transition et la fronde sociale persistante, sont aussi pointés du doigt. Et voilà qui vient aujourd’hui donner raison à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui avait perçu très tôt le danger. Les Maliens apprennent ainsi, dans la douleur, qu’il n’y a pas de bon coup d’État. Mais Assimi Goïta et ses compagnons devraient aussi savoir que s’ils persistent sur cette lancée, ils n’échapperont pas au destin commun de leurs frères d’armes entrés en politique par effraction.
Youssouf Konaré
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