La tournure actuelle des agitations politiques en cours dans notre pays au sujet de l’ossature à donner au Conseil National de la Transition (CNT), semble destiner la présidence de cet organe au colonel Malick DIAW, le premier vice-président du CNSP. La poursuite d’intérêts personnels que traduit le nombre pléthorique de dossiers de candidatures déposés pour les postes de ce CNT, ce, en dépit du mot d’ordre de boycott des partis ou regroupements politiques, est de nature à pousser plus d’un des décideurs actuels vers l’option la mieux à même de taire les lamentations des aigris.
De ce point de vue, c’est le colonel Malick DIAW, le cerveau des évènements du 18 août dernier, qui se retrouve avec la faveur des pronostics parce que réunissant prodigieusement presque tous les ingrédients nécessaires à ce poste objet de grande convoitise en cette période de transition. Et comme il y a lieu par ces temps-ci de sauver les meubles en mettant le Mali au dessus de tout pour éviter les erreurs fatales d’hier, on peut ne pas postuler à un poste mais en accepter les reines par patriotisme ou par respect à une onction aux allures divines. Le colonel Malick DIAW se révèle aujourd’hui l’homme providentiel devant conduire le CNT, histoire pour le président et le vice-président de la transition de couper court aux batailles fratricides déjà nées dans les différents états-majors des partis politiques.
Quand on sait que ces dissensions internes au sein des formations politiques constituent en soi des prémices à une autre crise politique, les nouvelles autorités qui en ont déjà jusqu’au cou avec l’ébullition en cours sur le front social, trouveraient mieux à gagner dans le choix d’une figure militaire que politique au perchoir du CNT lorsque l’on parviendra à accorder les violons sur sa composition. Cette composition, faut-il le rappeler, est objet de polémique au point où les formations politiques, notamment le M5-RFP ont appelé au boycott du CNT comme conçu.
Mais malgré cette décision de boycott, de nombreux cadres, environ 150 du M5-RFP selon certaines indiscrétions, sont allés déposer leurs dossiers sur le bureau du Colonel vice-président Assimi Goïta. Les dernières informations font état de plus de 700 dossiers déposés pour le CNT. 400 de ces 700 dossiers seraient issus des partis politiques avec les regroupements ‘’boycottistes’’ y inclus. Le comble est leur surprenant engouement avec lequel certains anciens députés de l’ADEMA-PASJ, du RPM, de l’UM-RDA Faso Jigi, de l’URD et d’autres partis se réclamant tant de l’ancienne majorité que de l’ancienne opposition, ont abondamment envoyé leurs dossiers de candidature pour siéger au sein du futur organe législatif.
Autant dire que les velléités pour les commandes de cet organe s’annoncent très dures, d’où le vent en poupe pour le colonel Malick DIAW. Celui-ci jouit déjà d’un soutien notoire, celui d’une bonne partie de ces postulants; lesquels estiment que la classe politique malienne est tellement divisée qu’il est difficile d’accepter qu’une coloration politique dirige cette institution stratégique, véritable laboratoire des réformes politiques et institutionnelles à venir.
C’est également en le choix du colonel Malick DIAW pour présider les destinées du CNT, que la junte militaire du 18 août peut désarçonner le M5-RFP de sa monture d’ayant droit de la gestion de la transition post coup d’Etat dont il a été l’instigateur. En plus, le dépôt de dossiers fait par les membres du M5-RFP pour siéger au CNT, prouve à suffisance que ceux-ci voguent seulement au gré de leurs intérêts personnels ; des intérêts généralement liés aux privilèges et délices du pouvoir. Il s’agit là du discrédit pour le M5-RFP au profit du colonel Malick DIAW qui jouit par la force des choses d’une bénédiction à n’en point douter. Le fait qu’il soit le seul parmi les 5 colonels du CNSP à ne pas occuper un poste de responsabilité dans les organes de la transition fait assurément de lui le profil idéal pour les véritables auteurs du changement à prendre la présidence du Conseil National de la Transition.