En marge des obsèques nationales d’ATT, le président de la transition nous accordé un entretien. C’était, mardi dernier, en fin de journée, à sa résidence de la Base aérienne. Interviou. Sans concession.
Savez-vous, Mr le président, que l’écrasante majorité des Maliens ne croit plus à votre capacité à réussir cette transition ?
Je sais que les Maliens nous font, de moins en moins, confiance. Mais, croyez-moi, nous réussirons cette transition, inchallah.
Comment allez-vous réussir cette transition, alors que les partis politiques, les syndicats et même la société civile font front commun contre la junte militaire au pouvoir. Pour eux, la volonté de la junte militaire de militariser les institutions est « un danger pour la démocratie ».
Tout ça à cause de deux petits décrets, liés à la clé de répartition des membres du Conseil National de la Transition (CNT) ? Ces politiciens exagèrent.
Le Comité stratégique du M5-RFP a déclaré, lundi dans les colonnes de notre confrère l’Indépendant, que le « M5-RFPne peut pas se rendre complice de l’installation d’un régime militaire. Cela ne rend service, ni au Mali, ni à la démocratie, ni à notre armée ». Qu’en pensez-vous ?
En d’autres termes, le Mouvement de contestation veut combattre la transition, comme il l’a fait avec IBK et son régime.
C’est bien cela. C’est, d’ailleurs pour cette raison, que sept grands regroupements de partis politiques, auxquels s’ajoutent la CSTM, la seconde grande centrale syndicale de notre pays ont renoncé à leur participation au CNT. Qu’allez-vous faire maintenant ?
Je reconnais que cela risque d’être un coup dur pour la transition. C’est pour cela que je leur demande de mettre un peau d’eau dans leur dolo.
Allez-vous, modifier les deux décrets sur la clé de répartition des membres du CNT ?
Ecoutez-moi bien, Le Mollah sans barbe, ni moustache : par rapport au CNT, j’ai signé un décret et je m’en tiens à l’esprit de ce décret.
Il paraît que le vice-président de la transition a reçu, récemment, choguel Maïga dans ce sens. Qu’est-ce qu’ils se sont dits ?
Comment puis-je le savoir ? Je n’y étais pas !
Mais c’est vous le président de la transition.
Rectificatif : je suis, tantôt, le président ; tantôt, le vice-président.
Pouvez-vous être plus clair ?
Le vice-président et moi changeons nos postes au gré de nos intérêts et de nos humeurs.
Comment comptez-vous faire face à la colère des partis politiques et des syndicats, qui s’apprêtent à en découdre avec les autorités de la transition ?
J’ai consulté mon « jeteur de cauris » hier. Il m’a annoncé que les menaces proférées par ces partis politiques et syndicats contre la transition n’est qu’une tempête dans un verre d’eau.
Pour Choguel Maïga, la junte militaire au pouvoir n’est pas différente du régime IBK, surtout lorsqu’il déclare « Le M5-RFP veut une transition de rupture pour refonder l’Etat malien avec des objectifs clairs et précis, parmi lesquels, l’ancrage durable de la paix et de la sécurité, l’unité nationale et la souveraineté du Mali. Le M5-RFP exige des réformes politiques et institutionnelles pour aboutir à des élections crédibles et transparentes… ».
Si le régime d’IBK n’est pas différente du nôtre, alors pourquoi nous l’avons déposé le 18 août dernier ?
Pensez-vous pouvoir mettre en œuvre toutes les réformes contenues dans la charte de la transition ?
Pourquoi cette question ?
Parce que pour les Maliens, les autorités de la transition ont, déjà, perdu deux mois sur les 18 que devront durer la transition.
Que les Maliens se rassurent : nous allons rattraper le temps perdu, inchallah.
Choguel Maïga réclame, aussi, que les auteurs des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020 soient recherchés et jugés, dit-il, avant d’ajouter « Il ne sera pas question pour nous de faire la transition sans clarifier qui a donné l’ordre de tirer et de tuer les Maliens qui manifestaient, pacifiquement ». Que lui répondez-vous ?
Je lui réponds que les enquêtes sont en cours et que ce dossier est confié à la justice, qui en décidera.
Aujourd’hui, l’écrasante majorité des Maliens ne croit plus à la capacité de la junte militaire à réussir cette transition. Quel message avez-vous à leur endroit pour les rassurer ?
Je leur demande de nous faire confiance. Car, notre mission est difficile et le délai trop court pour engager toutes les réformes réclamées par le peuple souverain du Mali.
Propos recueillis par Le Mollah Omar /Canarddechaine.com