Le doyen Broulaye Diabaté, connu sous le surnom très affectueux de ‘’Koro Brou’’ a définitivement rangé les crayons le week-end dernier. La triste nouvelle a endeuillé personnel et surtout la rédaction du «Le Challenger» où il a officié pendant plusieurs années en qualité de «correcteur», traquant sans cesse et avec la patience d’un horloger, les coquilles, les impuretés contenues dans les «papiers» des journalistes.
C’était un baroud d’honneur pour lui de les rendre propres et «comestibles» pour le grand public. Formé à la coloniale, notre cher doyen pensait qu’un bon papier journalistique est celui qui respire (avec le respect scrupuleux de toutes de ponctuation) ; un qui est surtout écrit en ‘’toubabou kan tiègni’’. En dépit de son âge très avancé, cet octogénaire pétri de culture mandingue ne ratait aucun rendez-vous avec ce bi-hebdo bien connu et apprécié par les lecteurs et au sein duquel il entretenait avec la «grande famille Challenger» (car en réalité, c’en est bien une) des relations fortement chaleureuses et filiales. A chacun son destin ! Il n’aura donc pas eu droit à des funérailles nationales, mais qu’importe ! En tous les cas, au vu de son extrême simplicité, sa grande foi en Dieu, le doyen n’aurait sans doute pas envié un tel honneur. Surtout qu’il y a bien d’autres priorités et Doyen avait un sens aigu des priorités ! Car comme dit un vieux proverbe de chez nous : «Au lieu de venter un homme mort à l’aide d’un poisson séché, il eut mieux valu en faire un bon bouillon pour le lui servir pendant qu’il est grabataire.».
Nous avions en partage – le doyen et moi – une passion commune pour les textes vantant l’esthétique de la culture et de l’art mandingue, dont l’un des meilleurs étendards fut incontestablement Mangala Camara (Paix à son âme !), ce génie précoce de la musique mandingue depuis les falaises de son Tambaoura natal jusqu’aux confins de la plaine de Bancoumana, terre d’origine de ses parents. Ainsi va la vie ! Dors en paix doyen…