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Les humeurs de Facoh : La République en panne
Publié le dimanche 22 novembre 2020  |  Mali Tribune
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L’indépendance du Mali fut proclamée par l’US-RDA le 22 septembre 1960 et de ce jour à maintenant nous en sommes à 3 républiques. Comparaison idiote pour comparaison idiote comme dirait Aimé Césaire, la République française qui nous apprit la démocratie occidentale enseignée par ses philosophes du XVIIIè siècle, de la révolution française de 1789 à maintenant, n’en connaît que 5 en plus de 200 ans d’histoire.
La Grande Bretagne étant une monarchie de type constitutionnel n’en connut qu’une seule, celle de William Cromwell au XVII è siècle, vite écrasée dans le sang par le camp monarchiste. Les USA, de leur indépendance en 1776 à ce jour, sont toujours gouvernés par une même constitution, celle de cette même année et est très sensible aux modifications constitutionnelles pour quelque motif que soit. D’ailleurs la tradition des Républiques différentes les unes des autres, souvent se copiant, est bien française en raison de l’instabilité politique installée par la révolution française et dont les IIIè et IV Républiques furent des archétypes.

Si la 1ère République du Mali (1960-1968) fut remarquable par sa stabilité et ses réalisations socio-économiques, en revanche celles qui suivirent se distinguèrent notoirement par des échecs successifs en plusieurs domaines. Le régime d’exception du CMLN, forteresse de dictature sauvage en son temps, gouverna par décrets et ordonnances entre 1968 et 1974 après avoir supprimé la constitution de 1960.

Toutes les constitutions qui suivirent, venues à la suite de graves crises politiques, ne furent que des copies pâles de 1960 avec la marque que les constituants de 1991 s’inspirèrent du parchemin gaullien de 1958, fondant ainsi la IIIè République malienne, ne firent que réchauffer la vieille marmite de 1960. Si la Première République, en dépit de l’hostilité politique environnementale, parvint à mettre les citoyens au même niveau par ses réussites spectaculaires, celles qui la remplacèrent s’abonnèrent avec déshonneur au creusement du fossé entre les fils de la nation. L’UDPM succéda en 1974 au CMLN jugé régime de bandits politiques ayant trop regardé les films du Far West américain. Mais ce régime de parti unique constitutionnel ne fit pas mieux que celui des soldats du CMLN qui ressemblaient étrangement à Samuel Doe de la Sierra-Leone voisine bien qu’ils fussent antérieurs à celui-ci de plusieurs années. A l’ère démocratique, le pays prit l’habitude de se nourrir de crises politiques tantôt justifiées, tantôt idiotes comme celle de 2012 ayant emporté le président ATT.

Jamais crise politique au Mali ne fut aussi insolite et burlesque que celle-là en raison du contexte et de l’amateurisme de ses auteurs. ATT cueilli à froid comme les têtes fortes du Directoire de la révolution française lors du coup du 18 Brumaire, ne dut le salut, en tant qu’officier supérieur et chef des armées, qu’au concours de l’ambassade des USA où il trouva refuge. Il finit comme Napoléon Bonaparte à propos duquel Chateaubriand avait dit : “Déjà sous Napoléon perçait Bonaparte”. Quant à IBK, l’homme de “je le ferai, inchallah”, de sa chute, il n’y a de responsable que lui-même tant ce peuple avait cru en sa maturité politique et à son patriotisme à nul autre pareil.

Dans ces conditions, que la République soit bloquée par des politicards, cela ne relève point du hasard.



Facoh Donki Diarra

(écrivain Konibabougou)
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