L’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) a entamé le mercredi 18 novembre 2020, une grève de 72 heures sur toute l’étendue du territoire. Les citoyens lambda ont beaucoup souffert à cause de l’arrêt de travail dans l’administration publique, la santé et les banques. Avec la série de grèves, le pays semble complètement pris en otage.
L’UNTM compte 13 syndicats nationaux regroupant la majeure partie des syndicats de l’administration d’Etat (les impôts, la douane, les affaires économiques, les domaines, entre autres), la santé, les banques, les assurances, l’administration pénitentiaire, etc. Ce qui explique la paralysie de la ville pendant ces 3 jours, aussi la fluidité de la circulation sur la plupart des artères principales. D’énormes pertes financières se profilent aussi pour l’Etat qui va enregistrer une baisse dans les recettes douanières et fiscales chiffrée à des centaines de milliards de F CFA.
Des hôpitaux à l’instar du CHU Gabriel Touré ont pris part à la grève mais en observant le service minimum comme l’exige la loi. Quelques médecins étaient sur place pour secourir les cas d’urgences. A part cela, tous les assistants et infirmiers médicaux ont observé le mot d’ordre de grève. Des patients et leurs familles qui en ont les moyens étaient obligés de se rabattre sur leurs médecins pour des consultations et traitements à domiciles ou dans les cliniques privées.
Quant aux banques, aucune d’entre elles n’a ouvert ses portes. Le syndicat national des banques et établissements financiers (Synabef), affilié à l’UNTM est resté droit dans ses bottes.
Les clients n’avaient d’autres recours que les guichets automatiques. Aucune autre opération n’était possible dans les quelques banques que nous avons sillonnées comme la Banque de Développement du Mali (BDM), la Banque malienne de la solidarité (BMS), la Banque nationale de développement agricole BNDA, la Banque internationale du Mali (BIM), la Banque atlantique, Ecobank, UBA et bien d’autres. Les clients laissés pour compte ont été durement affectés.
Fadjigui Keita, un jeune banquier à la BNDA, affirme avoir reçu plusieurs appels téléphoniques venant de ses clients dans la seule journée d’hier. Selon lui, beaucoup n’étaient pas informés de la grève. ‘’La grève de l’UNTM perturbe énormément le pays, car tous les syndicats des finances sont affiliés à cette centrale. Seuls les Gab ou guichets automatiques et les services digitaux sont opérationnels’’, a-t-il fait savoir. Avant d’ajouter qu’il souhaite qu’il y ait rapidement un terrain d’entente.
La presse écrite a été aussi impactée car la majorité des abonnés sont des travailleurs de l’administration. Plusieurs journaux ont été obligés d’ajourner leur parution.
Il faut rappeler que l’UNTM revendique l’égalité des chances et de traitements et la non-discrimination entre les travailleurs de même catégorie. Douze points faisaient l’objet de revendications parmi lesquels on peut retenir, « l’octroi à tout le secteur privé du bénéfice des acquis signés entre le Conseil national du patronat du Mali (CNPM), le gouvernement et l’UNTM sur les augmentations au terme d’un chronogramme de paiement précis au plus tard le 10 novembre 2020 » ; « l’octroi d’indemnités et de primes de spécificités par catégories à tous les fonctionnaires de façon équitable ».
La centrale avait aussi réclamé une amélioration des grilles salariales à appliquer dans le secteur privé conformément aux pourcentages obtenus dans la nouvelle grille des fonctionnaires avec comme date d’effet janvier 2021 et l’adoption d’une politique de recrutement massif des jeunes.
Elle a demandé l’éradication de la violation de la liberté syndicale dans les secteurs publics parapublic, privé, et de plus en plus dans les ambassades par la prise des mesures vigoureuses de protection du droit syndical et des responsables syndicaux.
Selon le Secrétaire général de l’UNTM, Yacouba Katilé, c’est après un échec des négociations de 48 heures qu’ils ont décrété la grève.