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Transition politique au Mali : le Mali dans les mains du cousin d’un ancien président et du neveu d’un autre ancien président de la République
Publié le mercredi 25 novembre 2020  |  L’Inter de Bamako
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© Présidence par DR
Photo du Jour : IBK et Alpha Oumar Konare à Addis Abeba
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La transition malienne de 2020 serait mal partie. Tout ce remue-ménage est entretenu par deux (02) anciens présidents de la République qui tirent les ficelles dans l’ombre afin que les réformes tendant à faire l’audit de la nation soient vouées à l’échec. Car, ils ne veulent pas que leur gestion désastreuse de l’État ne soit sur la place publique.

Il sera difficile que les Maliens voient le bout du tunnel avec les autorités qui gèrent la transition pour sortir leur pays de l’impasse. Ainsi, il se trouve que Bah N’Daw est le cousin germain de l’ancien président déchu Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Le colonel Assimi Goïta est le neveu de l’ancien président Alpha Oumar Konaré. Dès lors, on comprend comment, il a pu dribbler toute la classe politique pour placer ses hommes dans le gouvernement et se hisser vice- président de la transition. «Bon sang ne saurait mentir».

Ces deux (02) anciens présidents seraient en train de tirer les ficelles dans l’ombre pour que les réformes tant attendues par le peuple malien ne voient jamais le jour. Histoire de ne pas mettre à nu leur gestion chaotique des affaires de la cité. Et ce rapprochement se voit à travers la visite de Bah N’Daw chez Ibrahim Boubacar Kéita à son retour des Emirats Arabes unis, où il avait bénéficié des soins. Et l’autre est la nomination de la fille d’Alpha Oumar Konaré comme ministre dans le gouvernement de la transition.

Selon des sources crédibles, ils consulteraient, chacun de son côté, ces anciens présidents avant de prendre une décision. Et cette confusion entretenue dans la clé de répartition des membres du Conseil national de transition (CNT) serait l’œuvre d’un ancien président pour noyer le poisson.

La si longue marche des hommes acquis au changement est loin de prendre fin avec le putsch du mardi 18 août 2020. Après avoir  savamment préparé leur retour en force sur le landerneau politique, les militaires qui ont précipité la chute du régime IBK se sont accaparés du plein pouvoir et ne veulent rien céder aux hommes politiques.

Aujourd’hui, un débat fait rage dans les médias, dans les bureaux politiques des partis politiques et dans les grins: entre les hommes politiques et les jeunes militaires du Comité national du salut pour le peuple (CNSP) qui est le meilleur sur le plan de gestion du pays ? Les littératures foisonnent. Les thuriféraires de la junte et les militants des partis politiques ne tarissent pas d’arguments pour soutenir leur poulain. Là n’est pas le problème. Quand on aime son pays, on se donne à fond.

En 2002, avant la fin du mandat d’Alpha Oumar Konaré, il a cassé son parti ADEMA-PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice) pour en sortir huit (08) candidats à l’élection présidentielle. Les plus futés de la ruche (10 barons) ont rejoint le candidat indépendant, le général Amadou Toumani Touré (ATT), candidat à l’élection présidentielle.

De mémoire de Maliens, tous ont pensé à une meilleure gestion du pays par un militaire. Mais la déception du peuple a été grande: délinquance financière en hausse, spéculation foncière devenue systématique, le népotisme et le clientélisme politico-ethnique transformés en mode de gouvernance. Tous ces faits ont été accompagnés de meurtres de militaires (Aguelhok), ensuite les promesses tenues au peuple pendant la campagne n’ont pas été respectées. Du coup, les Maliens ont pris leur mal en patience jusqu’au 22 mars 2012.

Sur ce tableau pas très glorieux d’ATT à la tête du pays, chassé par un coup d’État par des jeunes militaires pour mauvaise gouvernance, alors qu’il venait de recevoir, en 2010, le prix Kéba M’baye pour la bonne  gouvernance, les Maliens doivent réfléchir par deux fois avant de prendre toute décision. Nous sommes aujourd’hui à quelques deux cent quarante (240) partis politiques sans vrais militants, sans fiefs, ni base. Les partis politiques satellites nés de scission de grandes formations sont très nombreux maintenant. Ce sont ces petits partis qui rendent difficile la cohésion sociale, de vrais tubes digestifs prêts à tout pour des strapontins.

Présentement, ce sont ces petites formations qui font le jeu de la junte au sein du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Cela nous rappelle le pouvoir de Alpha Oumar Konaré qui était chancelant à un moment donné et il n’a pas hésité à faire recours à de petites formations politiques pour se maintenir en formant un gouvernement dit d’union nationale. Ce gouvernement d’union nationale s’est constitué sur le dos du peuple. Un bilan des plus désastreux.

La transition du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) a dix-huit (18) mois pour mettre les lampions du Mali au vert. Ne seraient-ce que la sécurité intérieure et l’audit de la nation, la junte doit montrer pattes blanches. Ni les bonnes intentions du colonel Assimi Goïta, ni la bonne foi de Bah N’daw ne suffiront  à mettre en marche le train Mali.

Les blessures politiques infligées à notre peuple ne sont pas encore cicatrisées (Abdoul Karim Camara, Tiéoulé Mamadou Konaté, Siaka Koné, Lamine Diabira, Seydou Diarrah dit Toto, Dialla Konaté, les bérets  rouges et les bérets verts, Birama Touré). Ceux qui ont perdu leurs proches pour des raisons politiques peuvent pardonner leurs bourreaux, mais ils n’oublieront pas.

Le vice-président, Colonel Assimi Goïta, qui a la charge de la sécurité, se la coule douce dans un bureau climatisé avec un cabinet de trente (30) membres. Quant au président de la transition, colonel-major à la retraite, Bah N’Daw, il passe son temps à des réceptions officielles. Pendant ce temps, les syndicats affutent leurs armes pour observer des grèves. Rien n’a encore bougé.

Sur le plan judiciaire, les dossiers de quelques menus fretins ont été remis à la justice alors que les Maliens attendent de voir la justice interpeller les présumés coupables du dossier de l’achat des équipements militaires déjà au Pôle économique.

Fatou CISSÉ

Source : L’Inter de Bamako

 
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