Athènes pourrait envoyer une petite unité militaire, dans le cadre de l’opération anti-terroriste initiée par la France, plus particulièrement dans le triangle des trois frontières, aux confins du Mali et du Niger.
Une unité de petite taille
La mission grecque sera de « petite taille » et impliquera du personnel des forces spéciales, selon notre collègue Savvas Vlassis du média grec Doureios. Ils devraient provenir de l’escadron parachutiste d’intervention de la gendarmerie nationale (ou ETA comme Eidiko Tmima Alexiptotiston), une unité d’élite de l’armée grecque.
Pour la force protection
Au préalable, deux officiers des forces spéciales devraient être envoyés au Mali, en repérage, afin de s’informer sur le cadre opérationnel, se faire une image de la lutte en cours et de la mission de Takuba. Le contingent suivra ensuite. L’unité grecque devrait assurer, au début, la ‘force protection’ du camp.
La Grèce est le cinquième pays européen à s’engager dans cette opération au sahel (après l’Estonie, la Tchéquie, la Suède et l’Italie).
Commentaire : un engagement africain peu courant
Cet engagement des Grecs sur le terrain terrestre est suffisamment rare pour ne pas être signalé. Athènes n’avait pas montré un engagement notoire sur le terrain africain jusqu’ici. Les Héllènes ne sont actuellement que deux dans la mission de formation de l’UE de l’armée malienne (EUTM Mali). On peut donc y voir une contrepartie, solidaire, à l’engagement français indéfectible aux côtés des Grecs dans leurs différents répétés avec la Turquie. La France a d’ailleurs encore récemment envoyé plusieurs navires en Méditerranée orientale (lire : MEDOR. Trois navires et deux avions français pour surveiller du coin de l’œil la Turquie).
Un tournant grec dans la défense européenne
Mais il ne s’agit pas d’un simple retour d’ascenseur. La Grèce effectue un retour notable dans le dispositif européen de la défense, sous la direction du premier ministre (Nouvelle Démocratie), K. Mitsotakis. Après une période de prudence, elle s’est impliquée de façon notable dans la coopération structurée permanente (PESCO), coordonnant 5 des 26 projets les plus prioritaires. Elle est entrée récemment dans l’initiative européenne d’intervention (IEI) lancée par Paris. Elle commande aujourd’hui la force maritime en mer Méditerranée (EUNAVFOR Med Irini) y contribuant directement avec un navire et un avion de patrouille maritime. Enfin, lors de la réunion des ministres de la Défense de l’UE, vendredi dernier (20.11), le Grec Nikolaos Panagiotopoulos avait appuyé sur « l’intérêt commun » des États membres à « parvenir à la stabilité au Sahel et à renforcer la sécurité dans l’ensemble de la région », en particulier au Mali.
Une demande française de longue date
Cela répond à une demande française exprimée à plusieurs reprises. Le président français Emmanuel Macron l’avait évoqué de façon sybilline en recevant le premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis fin janvier, parlant « d’opération conjointes maritime comme terrestre ». La ministre des Armées Florence Parly l’avait exprimé plus directement lors d’une rencontre avec son homologue grec, à Athènes en février. « J’ai demandé à mon homologue de considérer l’engagement, à un niveau significatif, des forces armées grecques à nos côtés, au sol, en Afrique, pour lutter contre la menace terroriste et neutraliser au plus loin les trafics. » « Cet engagement exigeant est porteur d’une forte expérience opérationnelle et d’une plus grande interopérabilité de nos forces. » avait-elle ajouté. (Télécharger ici). Et le sujet aurait été à nouveau abordé lors du sommet Med7 en Corse début septembre (lire : Sommet Med7. Les Méditerranéens menacent la Turquie de sanctions).