En raison de la faiblesse des cours mondiaux du coton sur le marché international, la direction générale de la Holding ne pourra pas payer ce bonus aux producteurs pour cette campagne 2013-2014. La réussite d’une campagne agricole passe aussi par la sensibilisation. Le ministre de l’Agriculture, Baba Berthé, le sait. Accompagné du président directeur général de la Holding Compagnie malienne de développement des textiles (CMDT), Salif Cissoko, et du directeur national de l’agriculture, Daniel Siméon Kéléma, Baba Berthé a entamé vendredi dernier par la zone CMDT de Kita, une mission de supervision de la campagne agricole 2013-2014.
Cette tournée du responsable du département dans les zones CMDT était destinée à sensibiliser les producteurs et l’encadrement sur la réalisation des objectifs du plan de campagne agricole 2013-2014, faire le point sur la disponibilité des intrants et la situation de leur distribution, apprécier l’état d’avancement des opérations d’entretien des champs (sarclage, fertilisation et traitement phytosanitaire) et, surtout, passer un message important.
Ce message souligne la faiblesse des cours mondiaux du coton sur le marché international. Leur bas niveau empêche la direction générale de la Holding CMDT de payer des ristournes sur le prix du coton de la campagne 2012-2013. En effet, la direction de la Compagnie malienne de développement des textiles, en vue d’encourager la culture du coton, avait instauré le paiement d’une ristourne aux producteurs chaque fois que le coton malien vendu sur le marché mondial dégageait une marge bénéficiaire intéressante. Les bénéfices du coton sont, dans ce cas là, partagés à raison de 55% pour les producteurs et 45% pour la Compagnie malienne de développement des textiles. La part de la CMDT étant consacrée à régler ses charges (réalisation et entretien des pistes rurales, entretien et fonctionnalité des unités industrielles, évacuation de la fibre vers les ports maritimes, paiement des frais de transit et de douane, achat et distribution d’intrants, paiement de salaires, etc).
La ristourne est considérée comme un bonus que le producteur perçoit généralement en cours de campagne pour lui permettre de faire face à des dépenses du quotidien. Cette année, la vente de la fibre malienne n’a pas permis de dégager cette marge bénéficiaire. Il est alors du devoir de la société cotonnière d’en informer à temps les producteurs et de donner l’assurance que la société paiera bien au prix convenu le coton produit, soit 250 Fcfa le kilogramme. Au cours de la campagne agricole 2012-2013, le prix du coton graine au producteur était de 255 Fcfa le kilogramme que la société a entièrement payé. Malheureusement, ce coton a été vendu à 235 Fcfa le kilogramme sur le marché international, occasionnant une perte de 20 Fcfa par kg.
19 milliards de subvention. Pour compenser cette perte, la Compagnie malienne de développement des textiles, avec l’accord conjoint du gouvernement, de l’Interprofession du coton et de l’Union nationale des sociétés coopératives de producteurs de coton (UN-SCPC) a puisé dans le Fonds de stabilisation prévu pour de telles circonstances. Ce fonds est alimenté essentiellement par des bénéfices engrangés par la vente du coton sur le marché international et sert à compenser les dommages subis par la filière cotonnière comme les sinistres et calamités divers.
Les producteurs connaissent le mécanisme et la société se devait de les informer à temps, afin qu’ils ne s’attendent pas au paiement de la ristourne. Le PDG de la Holding CMDT a rappelé que sur la campagne agricole 2011-2012, les producteurs avaient bénéficié du paiement d’une ristourne qui s’élevait à 14 milliards Fcfa. Il a salué les producteurs pour leur compréhension et les a encouragés à maintenir la performance de la filière conformément aux objectifs de la campagne qui sont de 540.000 tonnes de coton graine et 2 millions de tonnes de céréales. Salif Cissoko a surtout encouragé les producteurs de Kita qui est la dernière née des zones CMDT (1994) à produire du coton de meilleure qualité, afin que leur usine puisse tourner à pleine capacité.
Le ministre de l’Agriculture a salué les producteurs de la zone de production agricole de Balandougou où sa délégation s’est arrêtée pour faire passer le message. Baba Berthé a, par ailleurs, expliqué que l’Etat avait rempli sa part du contrat envers les producteurs en subventionnant les intrants agricoles (semences et engrais). Sur les 36 milliards de subvention, la Compagnie malienne de développement des textiles a bénéficié de 19 milliards Fcfa, contre 16 pour toutes les autres spéculations (riz, mil, sorgho, maïs hybride et niébé). Le démarrage tardif de la campagne et l’irrégularité de la pluviométrie, sa mauvaise répartition dans l’espace et le temps, ont amené le gouvernement à puiser dans le fonds réservé à la subvention pour financer l’opération « pluies provoquées », a annoncé le ministre Berthé.
Produits laitiers de qualité. La visite de terrain dans le champ de Sériba Diakité a confirmé l’intérêt des producteurs pour la culture du coton d’une part et les cultures vivrières d’autre part. Ce champ a été choisi car Sériba Diakité produit, depuis quelques années, plus d’une tonne de coton dans ses champs. Il compte maintenir le même rythme cette année. Il a reçu les félicitations et les encouragements du ministre et de l’encadrement de la Compagnie malienne de développement des textiles, partisan de hauts rendements afin de rentabiliser la culture du coton et, indirectement, de contribuer au maintien de la subvention des intrants.
Sagaba Diakité, le secrétaire de la coopérative des producteurs de coton de la commune de Kassaro, a expliqué que la campagne avait accusé un retard considérable obligeant les producteurs à effectuer deux, voire trois ressemis. Il a confirmé que tous les intrants ont été livrés à temps dans les zones de production et que ces derniers jours l’hivernage a retrouvé son allure normale. Les paysans ont le sourire car l’état végétatif des cultures incite à l’optimisme. Les pluies sont de plus en plus régulières maintenant, a constaté le secrétaire de la coopérative.
Dans un tout autre registre, le ministre de l’Elevage et de la Pêche, Mme Diané Mariam Koné, a inauguré vendredi à Kita, une mini-laiterie. Cette infrastructure a coûté, avec celle de Kayes, 73,5 millions Fcfa financés par le budget national. Elle a été implantée dans le cadre du Projet d’appui au développement des productions animales de Kayes sud (PADEPA-KS) pour une capacité théorique de 2500 litres par jour. Mais l’unité démarre avec une capacité réduite de 1000 litres par jour. Les équipements des deux infrastructures ont coûté 52,7 millions Fcfa financés par la Banque africaine de développement (BAD). Ces équipements se composent de pasteurisateurs de 500 litres de capacité, de contrôle de qualité du lait, de tanks de 500 litres, de deux écrémeuses, de deux thermosoudeurs, de deux groupes électrogènes de 5 KVA chacun, de 40 motos et d’un véhicule pick-up double cabine.
Mme Diané Mariam Koné a souhaité que la population puisse s’approprier cette infrastructure en venant s’y approvisionner en produits laitiers de qualité.