L’éclaircissement était-il voulu ? En tout cas, la dernière rencontre entre le Chef de gouvernement et la classe politique, si ce n’est pas un jeu, sera une réponse à l’événement qui sied.
En rencontrant avant-hier les responsables des principaux courants politiques actuels dans le pays, le Premier ministre posait un jalon. Le climat, dit-on, était à la franche compréhension mutuelle. Un organe (encore un de plus ?) à venir servira d’interface entre le gouvernement et la classe politique. La question est savoir si Cheick Modibo Diarra ne viendra pas, par ce côté, à casser le jeu politique. Or l’ancienne classe politique ne semble guère plus avoir de marge de manœuvre. Cette transition ne devrait pas être perdue pour tout le monde, quoi qu’il y ait si peu à attendre. Cheick Modibo Diarra ne sera plus le seul régisseur de ses propres incertitudes. Il aura à partager cette plate-bande avec Ibrahima N’Diaye, 1er vice-président de l’ADEMA-PASJ.
Un ancien ministre de la République demande la démission du gouvernement.
Les derniers propos du Premier ministre devant ses compatriotes de la diaspora en France et tous les membres de son gouvernement, le reste de la classe politique, la société civile (mais on s’interroge), enfin, tout le monde a pris la mesure des limites de l’action. Ce fameux mot de « consensus » que tout le monde avait à la bouche ne fait plus rage, du moins autour de cet attelage gouvernemental. Ibrahima N’Diaye, qu’on ne présente plus, voulait-il créer l’événement en avançant ce qu’il a dit devant les micros au sortir de son avant-dernière rencontre avec le Premier ministre à Paris ? Car l’autre jour, il était devant les cameras, aligné tout autant que les autres devant le Premier ministre qui recevait. Nous croyons que l’un des patrons du parti de la Ruche voulait simplement chevaucher l’événement car le camp des anti-putschistes continuait à cultiver les sons graves. Le dernier projet de loi sur le comité militaire, même avec un rôle consultatif, est considéré comme un « ukase ». Le divorce est donc là, dans cette opposition entre les propos officiels et les convictions prolongées par les faits. Iba N’Diaye a eu l’intransigeance des modestes quand ils font parler leur orgueil. Ce faisant, comment apportera-t-il sa touche pour jouer à l’apaisement ? Voici ce qu’il disait lorsqu’il invitait « chacun à s’assumer… ». Ne disait-il pas encore qu’avec ce gouvernement, c’est l’enlisement ? Un gouvernement qui n’a pas de feuille de route et où personne ne peu assurer qu’il n’y a pas navigation à vue. Mais il y a que pour tant de dissidences qui réussissent, combien sont-elles à échouer ? Le Président Dioncounda Traoré vient de saluer un Cheick Modibo Diarra Premier ministre à hauteur de mission. Quand, dans le lit du fleuve, un tout petit poisson dit que le crocodile a de gros yeux, a-t-il raison ?