Dans l’intervalle de moins d’une semaine, la commune rurale de Léré, dans la région de Tombouctou, aura connu deux évènements particulièrement sanglants, depuis la libération totale de cette localité du nord, de l’occupation des groupes armés. Tout a commencé au matin du 11 août, jour du deuxième tour de l’élection présidentielle, lorsque les populations de Léré ont battu à mort le sieur Abdoulaye Ag Mohamed Ali, un notable touareg d’une soixantaine d’année ne résidant pas en permanence dans ce village, mais qui s’y était rendu pour voter. Abdoulaye Ag Mohamed Ali, dit «Bolla», qui serait le frère ainé du ministre sortant de l'Artisanat et du Tourisme, Yéhia Ag Mohamed Ali, était accusée par les populations d’avoir eu des responsabilités dans la police du Mnla, lors de l’occupation de Léré par les groupes armés. Cinq jours après, le vendredi 16 août, la commune de Léré a reçu la visite d’un groupe de touareg armés de sabres, selon des sources proches des habitants. Ces visiteurs armés se seraient abattu sur des bergers peulh dans la brousse de Léré, précisément à Takarma à 25 km de Léré, le vendredi aux environs de 17 heures à 18 heures. Ce vendredi aura été particulièrement sanglant, les assaillants auraient égorgé cinq personnes, toutes des bergers peulh. Ces touareg qui étaient à moto, selon nos sources seraient venus du camp des refugiés de M’bera en Mauritanie. A Léré, certaines sources parlent au conditionnel de six personnes armées sur trois motos. « C’est la panique ici à Léré, les cultivateurs ne peuvent plus aller au champ ». Le maire de Léré, Checkna Dicko qui a tenté de se rendre sur les lieux, accompagné de militaires et de certains habitants pour constater les faits et enterrer les morts, n’a finalement pas pu accéder au site de Takarma, la zone étant complètement inondée en cette période hivernale. Ayant quitté Léré le dimanche, les cinq véhicules qui les transportaient ont été tous embourbés. Selon le maire retourné à Léré, les parents des victimes ont été autorisés à les enterrer hier lundi.
Après le lynchage de Abdoulaye Ag Mohamed Ali, dit «Bolla», le maire de Léré Cheikna Dicko avait dénoncé cet acte à la radio France internationale, en ces termes : « En tant que maire de ma commune, je condamne cet acte barbare. Je le condamne fermement. C’est la paix que nous demandons aujourd’hui pour notre pays et précisément pour ma commune. Depuis mon arrivée au pouvoir, j’ai l’espoir de ramener toute la population dans le pays et que nous puissions tous vivre ensemble en paix. Ce sont ces genres d’actes qui empêchent la population de revenir. Je n’aimerais pas que ce genre d’acte se répète dans ma commune et surtout pas quand il s’agit d’innocents.» Dans un communiqué conjoint, le MNLA Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) affirmaient qu'il s'agissait d'un « assassinat ». Faut-il comprendre la tuerie des cinq bergers comme étant un acte de représailles, suite à la mort d’un des leurs ?