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Assemblée générale constitutive de l’inter-profession bétail-viande du Mali reportée : Plus de 3.000.000 de têtes de bœufs du Mali se retrouvent en Guinée.
Publié le vendredi 27 novembre 2020  |  Mali Demain
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L’Assemblée Générale constitutive de l’Interprofession Bétail et viande du Mali prévue, le 24 novembre 2020, au Mémorial Modibo Keita, a été reportée sine dite par les organisateurs. En marge de cette AG reportée, votre Journal Mali Demain a rencontré le Président de la Fédération Bétail-Viande du Mali, l’honorable Boubacar Ba, qui nous a donné les raisons de ce report. C’est aussi un Président très remonté contre la politique de l’élevage du Mali qui s’est confié à nous. Lisez plutôt les notes de Pépin Narcisse LOTI.
le Président, Présentez-vous ?

Je suis l’honorable Boubacar Ba, Président de la Fédération Bétail-Viande, Président du Comité Paritaire pour la mise en place de l’interprofession Bétail-Viande.

Quel est l’objet de la rencontre de ce matin?

Nous avons appelé tout le monde, toutes les régions du Mali pour une Assemblée générale autour de la mise en place de l’interprofession Bétail-Viande.

L’interprofession Bétail-Viande est un outil essentiel pour faire évoluer notre filière, et je ne vous apprends pas que le bétail au Mali, c’est la première ressource. Parce que, l’or est sous la terre. Le coton, il faut chercher l’hivernage, pendant que le bétail, il est là. Il est présent dans nos mains. C’est pourquoi je dis que le bétail, c’est la première ressource du Mali. Ce secteur-la, c’est un outil essentiel qu’il faudra préserver et mettre en place.

Quels sont les motifs du report de la rencontre ?

Nous n’avons pas toutes les raisons techniques. Ce matin le Directeur National des Industries et Professions Animales m’a appelé pour me dire que l’instruction lui a été donné de reporter la rencontre parce que les régions du Nord, n’ont pas été concernées par la mise en place des bureaux.

Cela est une raison technique, c’est une bonne raison, une raison défendable parce qu’on met en place une seule interprofession. L’interprofession doit avoir un caractère où tout le monde doit être représenté. Donc, si de façon technique, il y’a des régions qui ne sont pas concernées, il est essentiel d’aller vers elles d’abord avant de faire démarrer la chose.

Le Mali est grand pays en matière de cheptel, mais notre pays ne profite pas, surtout de la filière viande. On perd beaucoup dans cette filière-là. A cause du manque d’abattoirs de qualité. Est-ce que votre structure est entrain de s’organiser pour faire face à ce défi ?

Je vais vous sortir d’une erreur. Les gens se trompent pour dire que le Mali est un pays d’élevage. C’est la politique qui fait l’élevage. Ce n’est pas l’élevage qui fait la politique.

Le Mali a une très mauvaise politique en matière d’élevage. Le bétail, c’est une richesse mobile, un peulh derrière avec un bâton ça va là où c’est favorable. Nous ne sommes pas entrain d’installer une bonne politico-ethnique d’élevage.

Aujourd’hui, vous partez au Nord de la Côte d’Ivoire, nous avons 30% du cheptel malien qui séjourne là-bas. Tout le mois de carême, c’est la Côte d’Ivoire qui a nourri la capitale Bamako en viande. Est-ce que vous imaginez cela?

Aujourd’hui, la viande est moins chère en Côte d’Ivoire qu’à Bamako. Donc, le bétail est sorti. En Guinée, nous avons au moins 3.000.000 de têtes de bétail.

Donc, il y a une très mauvaise Politique de l’élevage au Mali, et franchement, il faut que les autorités prennent conscience de la question.

Si nous avons 12.000.000 de têtes. Prenez 200.000 FCFA seulement par tête. Cela fait plus de 2000 milliards de FCFA. Nous n’avons aucun potentiel qui couvre cela.

L’élevage, vous imaginez, c’est la banque du pauvre de nos villages. Une de nos mamans qui a mis 1000 F voire 2000 F pour garder l’argent. Mais dans cela qu’elle achète une poule, puis une chèvre. C’est dans cela qu’on tresorise. Donc, l’élevage, c’est la banque du pauvre, c’est la banque des pays pauvres. Encore au Mali, nous ne réalisons pas encore, l’importance de la question.

C’est maintenant que nous, nous organisons. Si l’État n’a pas une bonne politique, alors, il y a 10 ans, 15 ans, les professionnels n’étaient pas aller à l’école. Aujourd’hui, nous sommes là. Moi, je n’ai pas fait autre chose que l’élevage. Depuis que je suis sorti de l’école en 1987, je suis là encore dans l’élevage. Je n’ai rien fait d’autres que cela dans ma vie.

Donc, les acteurs sont là déjà et ce sont des intellectuels qui connaissent et maitrisent le secteur. Donc, nous sommes entrain de nous organiser pour développer l’élevage. Maintenant si l’État veut bien nous accompagner, dieu merci, il vient avec nous. Mais s’il ne veut pas nous accompagner, nous avons nos partenaires, nous allons le faire sans l’Etat.

Quels appels avez-vous à l’endroit de l’État malien et à l’endroit des éleveurs?

Je vous remercie beaucoup. C’est vous les journalistes que le Mali doit remercier.

Parce que, chaque fois que je suis avec vous, je vois le cœur que vous mettez dans ce secteur.

Aujourd’hui, si le Mali ne réalise pas l’importance de ce secteur très vital, élément très important de la lutte contre la pauvreté, vous savez le Bon Dieu est un architecte. J’aime le dire. Il a donné le bétail au Mali, le bois à la Côte d’Ivoire. Chacun doit faire attention à ce qu’il a? Si nous ne faisons pas attention à notre bétail, nous allons le perdre.

Vous comme moi, nous sommes tous des acteurs. Travaillons à développer cet élevage-là, comme cela, nous allons sortir notre pays des problèmes. Comment vous pouvez imaginer que c’est la Côte d’Ivoire qui fournit Bamako en viande ? Mais c’est scandale !

Sous le Président Modibo Keita, c’est l’élevage qui chaussait les militaires comme les rangers des militaires, qui étaient fait à base des peaux de nos animaux. Grâce à l’élevage à cette époque, le Mali importait les cornes des bœufs. Mais c’est scandaleux, voire honteux !

De nos jours, nous ne sommes pas en train de développer ce secteur, l’un des piliers les plus importants de notre économie. Nous nous rendons compte que nos autorités ne se rendent même pas compte. Depuis fort longtemps, je n’arrête pas d’interpeller els uns et les autres afin qu’ils nous viennent en aide en prenant à bras le corps le secteur de l’élevage, peine perdue. Je n’ai jamais été écouté. J’espère que cette fois-ci avec la refondation en cours, nous serons écoutés. Vous savez, chacun de son côté, doit écrire l’histoire de notre pays. Je suis à votre disposition nuit et jour. Ce que vous faîtes, est grand.

Qu’Allah vous bénisse !

Amen !

Propos recueilli par Pépin Narcisse LOTI
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