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Le Républicain N° 4680 du 19/8/2013

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Après la présidentielle de 2013 / L’ADEMA à la croisée des chemins
Publié le mardi 20 aout 2013  |  Le Républicain


© aBamako.com par A S
Conférence nationale de l`Adema-Pasj
Bamako, le 14 avril 2013 au CICB. Les militants et sympathisants de l`Alliance pour la Démocratie au Mali-Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema-Pasj), ont tenu une conférence nationale au cours de laquelle ils ont investi Dramane Dembélé comme candidat du parti pour les présidentielles de juillet 2013.


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« Vous savez, l’ADEMA, c’est comme le phœnix. Il renaîtra de ses cendres ». En tenant de tels propos dans une interview publiée chez notre confrère l’Indépendant le 19 août 2013, Boubacar Bah dit Bill, l’un des vices présidents du parti de l’abeille, vient d’admettre que le plus grand parti politique du Mali est à la croisée des chemins. Et, sa trop grande certitude cache mal, une possible capacité de l’ADEMA à rebondir.

Et, si contrairement à la certitude de Boubacar Bah dit Bill, l’ADEMA n’était pas le phœnix et n’arrivait pas à rebondir de ses centres. Effectivement, Boubacar Bah dit Bill pourrait avoir raison, si on avait en face de nous l’ADEMA originelle. Mais, hélas, de 1991, à nos jours beaucoup d’eau a coulé sous la ruche. Et les vagues ont emporté des abeilles et même des frelons, et non des moindres. Vous vous souvenez que de grandes saignées de la ruche sont à la base de la création du MIRIA, du RPM, de l’URD et l’ASMA. Si le MIRIA n’a pas pu devenir un parti qui draine du grand monde, il faut reconnaitre que le RPM et l’URD, sont parvenus à s’hisser parmi les plus grands partis du Mali, et souvent à rivaliser avec l’ADEMA et même à le surclasser. Aujourd’hui, avec la grave crise qui a secoué le Mali depuis le 17 janvier 2012, seule les grandes formations politiques arrivent difficilement à admettre que leur hégémonie est mise en cause. Comment comprendre que l’ADEMA n’ait pas pu dépasser aisément les 10% lors du premier tour de l’élection présidentielle du 28 juillet 2013. Nous ne croyons pas, comme certain qu’il a battu lors des primaires de l’ADEMA, que le score peu honorable du parti, soit le fait du candidat. Nous ne croyons pas aussi que les rumeurs qui voudraient que Dramane Salif Dembélé a été trahi par certain barons du parti, puisse expliquer ce score. La débâcle de l’ADEMA pourrait s’expliquer par le fait que ce parti a été assimilé, à tort ou à raison, à la faillite de l’Etat. Nombreux sont les maliens qui accusent aujourd’hui, l’ADEMA d’avoir été à la base de la débâcle du Mali, ou tout au moins d’avoir collaboré étroitement au système qui nous a conduit à cette situation, de telle sorte que le mot « changement » devienne le plus usité au Mali. Mais, si le peuple a voulu sanctionner la gouvernance de l’ADEMA, comment expliquer le fait qu’il ait envoyé au second tour de l’élection présidentielle du 11 août 2013, deux anciens barons de la ruche. Soumaila Cissé, qui a été candidat de l’URD, a été pendant plusieurs années ministres dans les différents gouvernements qui se sont succédés pendant l’ère Alpha Oumar Konaré. Et, Ibrahim Boubacar Keita, a été pendant six ans, Premier ministre de Alpha Oumar Konaré.

Aujourd’hui, tout porte à croire que le peuple n’a pas choisi IBK, parce que c’est un homme nouveau. IBK a été choisi, parce le commun des maliens est convaincu que c’est l’homme de la situation. Et, cela tient de deux choses : du temps, où il était Premier ministre, il a géré le pays avec poigne et le fait qu’il est perçu par ces concitoyens comme le « Kankeletigui » ou celui qui a une seule parole. Cela est très important dans un Mali qui sort de la crise qui prend ces origines lointaines dans le fait que la politique à l’ère démocratique malienne était devenue la chose de tous ceux qui ne tiennent pas paroles. Dans, un tel contexte, l’ADEMA devra batailler dur pour amener le peuple malien à lui faire confiance. Mais, déjà le débat de clocher auquel nous assistons depuis le choix de Dramane Dembélé comme le candidat à la candidature de l’élection présidentielle, n’est pas de nature à faciliter la reconquête du pays. Et, tout porte à croire que l’ADEMA, dans l’incapacité de devenir roi, s’est spécialisé dans le rôle peu honorant de faire des rois. Et, à ce rythme-là, il faut craindre que le parti n’ait plus la capacité de renaitre de ses cendres comme le phœnix. Et si l’ADEMA n’est pas le Phoenix, il lui reste tout de même, l’intelligence politique pour éviter le piège dans lequel l’US-RDA est tombée. Le parti de l’Indépendance n’a jamais compris que son rôle historique était terminé avec le coup d’Etat de 1968. Et, les anciens, aveuglés par la gloire politique n’ont pas eu la capacité de se mettre en veilleuse pour faire la place à des acteurs beaucoup plus jeunes et adaptés au contexte de la démocratie qui venait de naître aux débuts des années 90. Aujourd’hui, contrairement à Boubacar Bah dit Bill, qui affiche une confiance débonnaire, nous pensons que l’ADEMA est à la croisée des chemins et doit manœuvrer intelligemment pour passer ce cap. Comme l’US-RDA, l’ADEMA doit reconnaitre que la mutinerie militaire du 22 mars 2012, ayant contraint le général Amadou Toumani Touré à la démission, est arrivée comme une sanction d’un système politique et de gouvernance. Avec, cette conviction, les anciens doivent admettre que l’heure de la retraite politique est arrivée et accepter de se mettre en veilleuse pour l’intérêt supérieur de la ruche. Quand on est à la direction d’un parti comme l’ADEMA, qui a une ruche qui grouille de jeunes cadres compétents qui ont fait leurs preuves dans des postes de hautes responsabilités, on doit à un moment admettre son échec et faire la place à du sang nouveau. A s’accrocher à un nénuphar comme un naufragé qui ne sait pas nager, les anciens de l’ADEMA risqueront de se noyer dans un bruit assourdissant. Or aujourd’hui, la ruche n’a pas besoins de chocs spectaculaires. Elle a besoin de sérénité pour donner confiance aux militants encore fidèles. Si les abeilles le comprennent la ruche sera sauvée. Dans le cas contraire, elle volera en éclat et restera l’ombre d’elle-même dans le paysage politique malien.

Assane Koné

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