La peur règne sur la capitale malienne, Bamako, meurtrie par des braquages en cascade en pleine journée qui ont charrié colère, indignation. Le 30 novembre particulièrement a été un « Bloody Monday » avec trois attaques à main armée à Sogoniko, Faladiè sur la rive gauche du fleuve Djoliba, et le centre d’affaires ACI 2000. A Sogoniko, c’est un client d’une banque qui s’est fait tirer dessus pour son sac contenant de l’argent, avant de succomber à ses blessures. Il faut ajouter les braquages et cambriolages en série dont sont victimes les paisibles populations de Bamako et qui ne sont pas très souvent rapportés dans la presse, laissant l’impression que nous assistons à une sorte de banalisation de la violence, qui s’abat sur les populations comme des faucons fous sur leur proie.
Il est fréquent d’entendre parler d’une montée de la violence urbaine et de la criminalité dans les débats, alors que, inquiétant paradoxe, le phénomène reste sous-étudié, même par l’université où il n’y a presque pas de travaux académiques dessus, pas plus qu’il n’y a de statistiques disponibles ou consultables au niveau des services de sécurité. Or cette intensification du banditisme classique mérite une réponse à la hauteur des enjeux pour sortir Bamako ou lui éviter de prendre la trajectoire d’une ville criminogène et au Mali de se « colombiser ».
Mais Bamako n’est pas encore Bogota : en Colombie les homicides crapuleux étaient plus élevés que les décès liés aux affrontements entre l’armée et la guérilla, notamment celle des FARC. Il est donc important de repenser l’organisation sécuritaire dans le pays mais aussi réfléchir sur le rôle de la Brigade anti-criminalité qui, comme l’a relevé le chercheur Baba Dakono, a d’autres priorités que le contrôle des vignettes et des « cartes grises » de véhicules en circulation.