Dans les coulisses du scrutin présidentiel de 2013, certaines personnalités du pays se sont prêtées à nos questions qui s’articulaient autour des attentes, de l’installation d’une opposition constructive et des élections législatives et communales couplées. A notre micro, elles se sont prononcées sans détour. Ce sont : Moussa Ben Deka Diabaté, Elu de l’URD à la commune III du District de Bamako ; Cheik Oumar Diallo, Enseignant résident à Bolibana à la retraite ; Mme Doumbia Mama Koité, présidente de Femnet/ Mali ; Mohamed Macki Bah, Président National des jeunes musulmans du Mali (UJMMA) ; RachelleDiangonne, Présidente de l’ONU/Femmes Mali ; Boubacar Diarra dit Abel, Officier d’état civil de la mairie de Bamako-Coura du parti ADEMA ; Mme Sirantou Diallo, première secrétaire à l’organisation du Bureau National des femmes RPM. Jugez – en.
Moussa Ben Deka Diabaté, Elu de l’URD à la commune III du District de Bamako
(C’est la combinaison de tous les efforts qui peuvent aboutir à la réussite du mandat)
‘’Nous venons de terminer avec l’élection présidentielle et nous avons été battus par Ibrahim Boubacar Keita. Il est le président de tout le peuple malien, il faut raisonner en ces termes, que c’est lui le président de la République du Mali. A lui seul, il ne peut pas tout faire, c’est la combinaison de tous les efforts qui peuvent aboutir à la réussite du mandat.C’est un malien qui a le même souci que tout le monde. Donc il ne s’agit plus de rester dans les bureaux pour dire qu’il faudrait faire ceci, qu’il faudrait faire cela. Quand vous voyez une action gouvernementale et que vous estimez qu’il y a des failles, prenez votre stylo et écrivez au ministre en lui proposant des solutions qui vous semblent plus bonnes. Abandonnons les critiques stériles. L’opposition est nécessaire dans un pays démocratique quand on propose des solutions fiables. Il faut que ça soit une opposition constructive et positive. Par rapport aux élections législatives et communales, je pense qu’il faut aller d’abord par la députation et après le communal‘’
Mme Doumbia Mama Koïté, présidente de Femnet/Mali
(IBK va diriger le bateau malien et chacun doit jouer sa partition)
‘’ D’abord, il faut noter que le peuple est ravi de cette brillante élection qui a placé Ibrahim Boubacar Keita à la tête du pouvoir. De façon conjuguée, IBK pourrait transcender cette situation difficile que le pays a vécue. A noter que le peuple n’a pas voté seulement pour le problème d’emploi qui demeure, mais surtout pour que la dignité des maliens revienne, pour que la sécurité soit effective, pour que l’unité tant réclamée par les maliens puisse être retrouvée. C’est vraiment l’un des plus grands défis à relever. Cette crise a eu plus d’impact sur les femmes parce qu’elles ont été les plus touchées à travers les viols que certaines femmes et filles ont subi. IBK va diriger le bateau malien et chacun doit jouer sa partition, que ça soit les hommes, femmes et jeunes de toutes les couches. Il doit être à l’écoute de tous les citoyens et de toutes les citoyennes car à lui seul, il ne peut pas tout faire. Il doit surtout s’appesantir sur la problématique de la corruption qui a gangréné la société. ‘’
Cheick Oumar Diallo, Enseignant à la retraite, résidant à Bolibana
(L’opposition ne veut pas dire qu’il faut critiquer pour le simple plaisir de critiquer)
‘’ Le président Ibrahim Boubacar Keita n’a pas droit à l’erreur. Nous voulons fermement de bons résultats et nous pensons qu’il est capable de le faire. Le peuple lui a fait confiance en s’exprimant en sa faveur pour qu’il soit à la tête de la plus haute instance de l’Etat. Selon la volonté du peuple, il doit vraiment se mettre très rapidement au travail en choisissant des hommes corrects qui ne seront pas hésitants au moment de la prise de décision. Et pour cela, il faudrait qu’il réfléchisse et aller avec prudence. Il doit soutenir l’installation d’une opposition forte, mais que l’opposition soit constructive et non destructrice, parce qu’il ne faut pas confondre les deux termes. Quand on est à l’opposition cela ne veut pas dire qu’il faut critiquer tout simplement pour le plaisir de critiquer, mais il faut critiquer en proposant des solutions qui peuvent aller dans le bon sens de la décision du chef de l’Etat. Le choix d’une élection législative et communale couplée relève de la compétence de l’administration territoriale. ‘’
RachelleDiangonne, Présidente de l’ONU/Femmes Mali
(Mes attentes sont celles exprimées par les femmes)
‘’ D’abord, je suis très contente par rapport au processus électoral en félicitant le peuple malien pour la grande mobilisation. C’est vraiment un mérite. Je félicite également les femmes qui ont été au rendez-vous. Je n’ai pas une attente particulière, mais mes attentes sont celles exprimées par les femmes du Mali. Nous voudrons que le président qui vient d’être élu respecte les engagements internationaux. Le Mali a ratifié un traité qui stipule qu’au moins 30% des femmes doivent être au niveau de la prise de décisions. Tout dernièrement, nous avons constaté qu’avec le préaccord signé à Ouagadougou, aucune femme ne faisait partie, ce qui n’est pas normal. Ce sont les femmes qui ont été les plus victimes dans cette crise. Ce sont nos maris, nos enfants qui sont sur le champ de bataille. Il faut que le nouveau président pense à ce coté là, c’est très important. Aujourd’hui, nous n’avons que 10% des femmes au niveau de l’Assemblée Nationale, alors que les pays comme le Sénégal sont à 48% de femmes. Cela veut dire que c’est possible au Mali. Il faut que le président élu puisse examiner cette possibilité afin de permettre aux femmes du Mali de participer à égalité de chance au niveau des élections législatives. ‘’
Mohamed Macki Bah, Président National des jeunes musulmans du Mali (UJMMA)
(L’heure est à l’union sacrée autour de nos valeurs qui fondent notre identité)
‘’Nous, responsables religieux, tout d’abord nous faisons la bénédiction pour le pays, également pour le nouveau président de la République El hadj Ibrahim Boubacar Keita pour la lourde tâche que le peuple vient de lui confier. Quand on devient chef, on a une nouvelle vision ; que la vision qu’il va entreprendre soit positive et conforme à celle de l’intérêt public. Nous souhaitons que le peuple entre et sorte par la même porte. Quand le peuple va dans lemême sens, le président peut travailler dans la tranquillité. Mais si jamais il y a division c’est très difficile de diriger le pays. L’heure est à l’union sacrée de tous les patriotes autour des valeurs qui fondent notre identité. Soyons vigilants pour que la confiance entre le Mali et les pays étrangers soit respectée. ‘’
Mme Sirantou Diallo, première secrétaire à l’organisation du Bureau National des femmes RPM
(C’est le peuple qui a élu IBK, pas seulement le RPM)
‘’ C’est le peuple qui a élu IBK, pas seulement le RPM. Que le bon Dieu l’aide à ne pas décevoir ce peuple qui lui a placé sa confiance. Malgré sa sincérité et sa générosité envers tout le monde, c’est quelqu’un qui a de la rigueur. Donc il faut qu’il continue avec ce principe. Le peuple criait en scandant des messages que c’est lui la solution. Alors, il a un grand défi à relever, mais avec l’appui de tout le monde il pourra réussir. Nos attentes sont surtout l’emploi de nos enfants, ils ont terminé les études il y a longtemps, mais les emplois font défaut. Il a tout dit au Stade du 26 mars lors du lancement de la campagne électorale. Donc on peut lui faire confiance parce que c’est quelqu’un qui tient à ses paroles depuis qu’il était premier ministre. Il faut que l’armée soit reformée comme il l’a dit dans son discours, qu’aucun pays ne peut se développer dans la peur.’’
Boubacar Diarra dit Abel, Officier d’état civil de la mairie de Bamako-Coura, du parti ADEMA
(Le peuple s’est exprimé en sa faveur et il a besoin de tout le monde pour la réussite du mandat)
‘’L’élection s’est passée dans la transparence. Le peuple a choisi volontiers et le choix est tombé sur Ibrahim Boubacar Keita. Donc il est désormais le président de tout le peuple malien. Les attentes sont nombreuses, le problème du nord, l’insécurité et tant d’autres… Je crois qu’il faut donner le temps au nouveau président pour résoudre définitivement le problème du nord. S’il doit avoir une opposition, qu’elle soit constructive et non une opposition qui ne serve absolument à rien. Ce pays nous appartient à tous ; il faut que tout le monde soit derrière lui pour une issue heureuse. Le peuple s’est exprimé en sa faveur et il a besoin de tout le peuple pour la réussite de son mandat. Personne ne fera le pays à notre place. ‘’