Nommé le 26 juin 2019 au lendemain des massacres perpétrés à Ogossagou et à Soban-Dah, en remplacement du général Sidy Alassane Touré, le général de Brigade Abdoulaye Cissé qui était sensé être un homme à la portée du défi au centre du pays, était devenu à son tour une déception pour la plupart des populations de la région. Aujourd’hui, c’est sur le nouveau gouverneur, Colonel-major Abass Dembélé. que ces populations comptent pour trouver avec le gouvernement et les forces armées et de sécurité, une solution pérenne à la situation du centre du pays.
Pur produit du Prytanée militaire de Kati et de l’EMIA de Koulikoro, sous-Chef d’état-Major général, Commandant de la 8ème Zone de défense de la 8èmerégion militaire à Sikasso, attaché personnel du président de la Commission de l’Union africaine, aide de Camp de l’ancien président, Alpha Oumar Konaré, bref, le général de brigade Abdoulaye Cissé avait toutes les qualités pour être utile au régime déchu d’Ibrahim Boubacar Kéita qui avait besoin d’un vrai levier pour redresser la barre tordue à Mopti. Mais, c’était sans connaître la capacité réelle de l’homme ou du moins sa volonté obscure à bien faire les choses. Seulement quelques mois ont suffi au désormais ancien chef de l’exécutif de la 5e région pour montrer ses limites dans la gestion d’une crise multiforme.
De quoi s’agit-il ?
Très peu connu dans la région de Mopti, le général Abdoulaye Cissé puisque c’est de lui qu’il s’agit, ne maîtrisait pas bien la situation de cette zone sensible et en proie à des attaques terroristes d’une part, et d’autre part, perturbée par des violences intercommunautaires, notamment entre dogon et peulh.
Depuis sa nomination, le général de brigade, vrai apôtre de l’ancien premier ministre d’IBK, Boubou Cissé, est constamment décrié pour sa faible implication dans la gestion de la crise. «Nous ne savons pas combien d’attaques y en a eu depuis sa nomination, mais en tant qu’autorité régionale, nous ne le voyions presque jamais venir s’enquérir des nouvelles des dégâts qui se produisaient. Pire encore, vous pouviez l’appeler pour un village sous le feu des assaillants et une semaine après, vous trouveriez que le gouverneur n’avait mobilisé aucun détachement militaire. Tout ce qu’il savait faire, c’était d’accompagner quand d’autres autorités venaient de Bamako pour les mêmes causes, jamais l’initiative ne venait de lui »,a regretté un conseiller municipal du cercle de Bandiagara.
Selon des sources locales, il y a seulement une semaine, le village de Minimakanda, dans le cercle de Bankass, région de Mopti, a été doublement attaqué par des hommes armés. Une attaque meurtrière qui réalimente le cycle de violences dans lequel est plongée la zone depuis plus d’un mois. Au cours de cette attaque, les terroristes ont fait sept morts et une dizaine de blessés parmi les éléments des groupes d’autodéfense le premier jour. Le lendemain encore, ils sont revenus pour incendier le village entier sans que les FAMAs n’interviennent.
Taxé de partialité !
L’autre fait macabre décrié par les populations dans le comportement de l’ancien gouverneur de Mopti et actuellement gouverneur à Koutiala était sa partialité dans la gestion des cas d’attaques qui se sont produites dans la région. Nombreux sont les populations qui pensent aujourd’hui que le conflit ne connaîtrait pas une fin avec son comportement très obscure. « Il est clair pour nous que le gouverneur ne se souciait pas des dogons. Il était actif seulement quand les peulhs étaient attaqués comme s’il était là que pour une seule communauté. C’est vraiment frustrant »,témoigne Moussa Morba, habitant de Mondoro.
Aujourd’hui encore, il y a des voies qui l’accusent d’être à la base du retard dans la reconstruction du Pont de Parou de la route du poisson, un véritable enfer aujourd’hui pour les usagers. Il y a juste deux semaines, lorsque Abdoulaye Cissé était toujours Gouvernement de Mopti, la Coordination des Associations du Pays Dogon témoignait que vingt huit (28) véhicules (tout type) ont été attaqués et brûlés causant aussi 116 morts et des blessés sur route du poisson du mois de juillet 2020 à nos jours. Ce cauchemar a commencé quand le Pont de Paron a été saboté par des hommes armés non identifiés depuis 2019.
Un gouverneur qui s’avoue vaincu !
Mis sous pression par les différentes associations ressortissantes de la région de Mopti ces derniers temps, l’ancien gouverneur de Mopti a eu à avouer qu’il n’avait aucun pouvoir décisionnaire dans la région. Il fait croire même qu’il n’exécute que des ordres venus de Bamako. Pour lui, même quand un village est sous le coup d’un assaut des terroristes, il faut que les autorités alertent Bamako afin que ces derniers réagissent comme si lui n’était pas un porteur de voix pour les populations.
Actuellement, avec la vague de nominations de gouverneurs, la même personne se retrouve à Koutiala comme gouverneur.