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Nord Mali : Pourquoi il faut privilégier l’option militaire
Publié le jeudi 21 juin 2012   |  L'Indépendant




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Jamais l’on a réussi à obtenir pacifiquement des terroristes qu’ils décampent d’une localité. L’offre de négociation du MNLA doit être accueillie et traitée avec la plus grande prudence. Elle ne doit nullement compromettre l’organisation de l’intervention militaire qui, dans tous les cas, est nécessaire. Car même si l’obstacle venait à être écarté, il reste entendu que les terroristes n’entendent un autre langage que celui de la force.

Le MNLA a déclaré la guerre au Mali le 17 janvier 2012 et proclamé l’indépendance unilatérale le 6 avril des régions nord du pays qu’il considère comme faisant partie de l’Azawad. Un Etat fantoche qu’il s’imagine s’étendant au delà des frontières du Mali. Cette occupation s’est caractérisée par des exactions, des viols systématiques des femmes et des jeunes filles. Sans oublier les rançonnements des paisibles citoyens, le pillage des services administratifs, des établissements bancaires. Des actes dignes des bandits de grand chemin comme le sahel peut en compter.

Le mouvement national de libération de l’Azawad est avec son allié djihadiste d’Ansar Eddine responsable de l’exécution sommaire et barbare de jeunes militaires maliens. Ces derniers ont d’abord été faits prisonniers avant d’être froidement exécutés.

Faut-il donc négocier avec des gens qui ont du sang sur leur main ? Et qui pourtant sont poursuivis par la justice malienne pour des crimes d’assassinats, de viols. Les bandits armés du MNLA sont aussi dans le collimateur de la Cour pénale internationale pour les mêmes chefs d’accusation.

Quid de son allié Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghaly. Ces djihadistes alliés au MUJUAO, à Boko Haram, entre autres groupes terroristes, constituent le bras armé d’AQMI. Ils sont responsables des nombreuses prises d’otages dans la région et disposeraient de nombreuses katibas dans la bande sahélo-saharienne. Ces groupes entretiennent des trafics d’armes, de drogue.

Toutefois, Ansar Eddine et MNLA qui ont combattu côte à côte pour chasser l’armée malienne du nord se trouvent aujourd’hui confrontés à un sérieux problème de leadership et de légitimité. Autant tous les deux groupes de bandits sont rejetés par les populations des zones concernées, autant tous les deux cherchent à faire prévaloir leur supériorité dans la zone.

La réalité est que le MNLA est perdu dans un conflit qu’il a lui-même provoqué et ne doit sa survie que sur papier et sur les chaines des télévisions françaises. Les djihadistes ont pignon sur rue et prennent leurs ordres d’AQMI.

Les négociations entamées par le médiateur de la CEDEAO, selon plusieurs observateurs avertis, ne contribueront pas à améliorer la situation. Loin s’en faut. D’abord les conditions posées par le médiateur à l’une ou l’autre des deux parties seront très difficiles à respecter. Au moment où le négociateur a pris langue avec le MNLA, celui-ci continue encore de parler de l’Etat de l’Azawad.

Comme pour pousser la provocation à son comble, il continue à travers son Secrétaire général, Bilal Ag Shérif, de placer ses pions dans les petites agglomérations qui relèvent encore de son contrôle. Un double jeu qui en dit long sur les intentions de ce mouvement criminel.

S’agissant des djihadistes d’Ansar Eddine, à qui le médiateur a demandé de se débarrasser des groupes terroristes et de toute activité criminelle, il nous parait difficile qu’Iyad Ag Ghaly et sa bande puissent honorer cette condition. Sans Aqmi, Ansar Eddine d’Iyad Ag Ghaly cesserait d’exister. Il est pourvu en armement par la nébuleuse terroriste. Et c’est encore AQMI qui finance les djihadistes.

Nous avons vu par le passé que la médiation de Blaise Compaoré à travers les différents accords signés avec l’ex-junte putschiste de Kati, même si elle a permis de ramener un semblant de retour à la vie constitutionnelle, a entretenu une crise politique sans précédent, rendant difficile tout dialogue entre les différents acteurs de la vie politique et de la société civile malienne.

Le chef d’Etat major de l’armée malienne, Colonel major Ibrahim Dahirou Dembélé, qui a pris part aux travaux de la réunion des chefs d’état-major de la CDEAO sur la situation au nord de notre pays, a déclaré que « ce problème des rébellions qui sévissent dans le nord du Mali, sans une solution militaire, semble très difficile à résoudre par la négociation« . Cette idée est partagée également par certains pays de la CDEAO, notamment le Niger, le Benin et la Côte d’Ivoire qui craignent une contamination dans tout le sahel. Aussi, les négociations entamées par le président Compaoré avec les renégats et les terroristes, ne contribueront qu’à affaiblir le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine devant le conseil de sécurité de l’ONU pour une éventuelle intervention militaire africaine sous les couleurs des Nations Unies. Elles favoriseront également une situation de statu quo dans la mesure où le Mali ne négociera pas l’intégrité de son territoire, le MNLA l’indépendance de l’Azawad et Ansar Dine ne veut pas entendre parler de la laïcité. Ce qui va aboutir à l’instauration d’un climat où seules les victimes seront encore les populations civiles.

L’histoire a démontré que les différentes négociations engagées avec les terroristes se sont toujours soldées par des échecs. C’est le cas des Talibans en Afghanistan, des Shebbab en Somalie et de Bokko Harram au Nigéria. C’est pourquoi les observateurs sont unanimes pour dire qu’au nord du Mali, une opération d’envergure sera forcement nécessaire pour neutraliser les salafistes et empêcher AQMI de renforcer son emprise sur la bande sahélo-saharienne.

Moussa SIDIBE

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