Nana Kadidia Théra est une ancienne athlète internationale du Stade malien de Bamako, (spécialiste du 400 m plat et du relais 4×400). Elle est la femme de l’ancien médecin des équipes nationales du Mali, Idrissou Touré. Nous l’avons rencontrée le 2 juin 2020, à l’occasion de l’interview que son mari nous a accordée pour cette même rubrique. En posant la question de savoir comment elle a rencontré son époux ? Elle nous a souri et conseillé de ne pas chercher trop loin : Nana Kadidia était athlète et Idrissou, le médecin du Stade malien et des équipes nationales, le courant sinon le coup de foudre pour le mariage est vite passé. Sans débat. Quels sont ses plats qui font le plaisir du palais de son mari ? Le tô ou le poulet ? Motus et bouche cousue.
Bref, notre interlocutrice était une athlète polyvalente. En plus du sprint, elle pratiquait le lancer de javelot et le triple saut. Titulaire d’un diplôme cycle supérieur de l’Institut national de la jeunesse et des sports (INJS), elle n’a connu que le sport et continue de vivre sport en sa qualité de professeur d’éducation physique au lycée Mamadou Sarr et au sein de l’ex-Collège Horizon. Femme battante, son nom figure dans le livre de l’ex-première Dame “Le Dictionnaires des femmes célèbres du Mali”, Adame Bah Konaré. Elle a connu trois maternités, dont une fille. Ses enfants apprennent tant bien que mal à pratiquer le basket-ball. Sa différence avec ceux-ci est qu’elle partait vers le sport, or aujourd’hui Nana Kadidia pousse sa progéniture vers le sport. Son second garçon en est à ses débuts au centre de formation de l’AS Police tandis que la benjamine se débrouille dans celui du Palais des sports. La simple question de savoir le nom du technicien qui a contribué à sa réussite ne l’envoie pas dans une gymnastique de réflexion pour répondre. Elle lâche le nom de son entraîneur, Idrissa Kouyaté, qui même en dehors du terrain veillait sur sa vie privée comme le lait sur le feu.
L’ancienne sprinteuse est l’héroïne de la chronique “Que sont-ils devenus ?”
Prologue
Dans la vie, l’activité de l’homme peut provoquer en lui une peur indicible chaque fois qu’il se donne le temps de penser à son avenir. Ce sentiment peut être consécutif aux éventuelles conséquences négatives des actes qu’il pose. Dans notre cas spécifique et dans le contexte de l’animation de cette rubrique, il nous arrive d’être craintif parce que nous recevons de nombreux coups de fils d’encouragement et de félicitations de fidèles lecteurs de la chronique. C’est à dire que devant l’Histoire nous avons l’obligation morale d’honorer cette confiance et surtout cette marge de considération manifestées par les inconditionnels de “Que sont-ils devenus ?” Convaincu que le soutien et la motivation de la direction du journal ne feront pas défaut, nous prions humblement le bon Dieu afin qu’il nous donne encore tous les atouts indispensables pour relever le défi.
Ceci dit, nous revenons à notre héroïne de la semaine : Nana Kadidia Théra. Qui ne se rappelle de ce nom ! La jeune dame fraîche dans ses muscles, qui avait comme secret l’assaut final à l’arrivée pour décrocher les médailles d’or, surtout dans les relais 4×400, où elle rentrait dans la danse au dernier virage. La persévérance, la discipline dans les entraînements, l’amour de l’athlétisme ont caractérisé sa carrière. Si l’argent n’était pas sa priorité, la défaite, pour Nana Kadidia Théra, était plutôt une leçon et une arme pour s’imposer à la prochaine compétition.
Un mentor
Elle est l’un des fruits des coupes inter scolaires des années 1987-1988. En son temps, les clubs assistaient aux compétitions pour détecter les jeunes talents. A l’arrivée d’une course de 1000 mètres, pendant qu’elle cherchait à prendre une gorgée d’eau, Nana Kadidia est approchée par l’entraîneur d’athlétisme du Stade malien, Idrissa Kouyaté. Celui-ci, en bon technicien l’encouragera et lui fera dire qu’elle a des qualités prometteuses.
Il lui proposera de s’entraîner désormais avec les Blancs de Bamako au stade Omnisports. Le seul obstacle lié au moyen de déplacement sera alors levé parce qu’il ne n’était pas facile pour une adolescente de quitter le quartier de Lafiabougou pour le centre-ville. Son nouveau coach s’en est chargé avec l’appui des dirigeants. Quelques mois d’assiduité ont permis à Nana Kadidia de rentrer de plain-pied dans le championnat national, s’offrant le luxe de battre la championne en titre, nouvellement revenue d’un stage en Algérie.
Qui est cette nouvelle gazelle du Stade malien ? A cette interrogation, Idrissa Kouyaté répondait qu’elle l’a repérée au second cycle B de Lafiabougou et ajoutait même qu’elle fera carrière avec des résultats plus que probants. Autre coup de circonstance, la Biennale culturelle et artistique de 1988, où elle fut sélectionnée pour défendre les couleurs du district de Bamako.
Des coups de pouce
Autres facteurs de circonstance, les différentes compétitions de cross-country de la Commune III, parrainées à l’époque par Djibril Diallo, secrétaire politique du BEC de l’UDPM, qui lui servirent de visa pour figurer dans la nomenclature de premier plan du Stade malien de Bamako.
Nana Kadidia Théra tapera avec fracas à la porte de l’équipe nationale, malgré son jeune âge.
En plus d’une dizaine de tournois de la solidarité au Niger, au Bénin, au Togo, au Burkina Faso, le Tournoi des Quatre nations en 1997 au Nigeria, elle a participé à trois grandes compétitions : le Championnat d’Afrique d’athlétisme (Le Caire 1990), les Jeux africains (Le Caire 1991), le Championnat du monde au Japon en 1991.
Constante dans la compétition, rien n’a pu arrêter Nana Kadidia Théra et son club, le Stade malien de Bamako, qui glanaient des médailles d’or ou de bronze aux meetings d’athlétisme à Bamako ou à San. Agile comme une gazelle au démarrage devant un lion, l’enfant de Lafiabougou garde encore toute la souplesse et la rapidité de l’athlète de haut niveau. Alors pourquoi avoir arrêté de sitôt sa carrière en 1997? Le mariage, nous répond-elle.
Depuis cette nouvelle étape cruciale, notre héroïne de la semaine consacre désormais son quotidien à la gestion de son foyer, en dehors des heures de cours dans les établissements précités.
Pour parler de ses bons souvenirs, Nana Kadidia Théra évoque la Coupe du monde au Japon, les Jeux africains. Et comme mauvais souvenirs, elle retient sa défaite lors de la Coupe de l’UDPM en 1989, en présence du président Moussa Traoré.
Dans la vie elle aime le sport, et les études. Elle déteste l’hypocrisie, le mensonge. O. Roger