Le Premier ministre algérien Abdelaziz Djerad a regretté la paiement de rançons pour libérer des otages, dans une référence implicite à la France après la récente libération au Mali de quatre otages dont une Française. "L'Algérie prend acte, avec une grande préoccupation, de la poursuite des transferts, au profit de groupes terroristes, de fonds colossaux au titre de rançons pour la libération des otages. Une démarche qui sape nos efforts de lutte antiterroriste", a déclaré dimanche M. Djerad lors de la 14e session extraordinaire de la conférence des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union africaine (UA), cité par l'agence officielle algérienne APS.Négociée par le pouvoir malien avec un groupe jihadiste combattu depuis des années par la France, la libération en octobre de 200 prisonniers contre les quatre otages, dont l'humanitaire française Sophie Pétronin, avait déjà été vivement critiquée par Alger.L'un des jihadistes relâchés au Mali en échange des otages, arrêté fin octobre en Algérie, avait évoqué le versement d'une rançon de "millions d'euros", dans une vidéo diffusée sur la télévision publique algérienne."Les négociations ont eu lieu avec la France, Iyad Ag Ghali (un des principaux leaders de la nébuleuse jihadiste sahélienne, affilié à Al-Qaïda, NDLR) et le Mali", avait-il affirmé sans qu'il soit possible de corroborer ses dires ni de savoir dans quelles conditions la vidéo avait été enregistrée.Le mois dernier, le ministère algérien de la Défense avait déjà déploré "le versement d'une importante rançon au profit des groupes terroristes, en échange de la libération de trois otages", fustigeant des "pratiques douteuses, contraires aux résolutions onusiennes incriminant le versement de rançons aux groupes terroristes".Le Premier ministre algérien a aussi estimé qu'il était impératif de "consolider la concertation afin d'éradiquer l'extrémisme violent, lutter contre le terrorisme et assécher les sources de son financement".La France a toujours démenti avoir été impliquée dans les négociations pour la libération des quatre otages, et avoir payé une rançon pour Mme Pétronin. "Nous n'étions pas partie de ces négociations", a dit le 12 octobre le Premier ministre Jean Castex, évoquant un "geste humanitaire" des jihadistes à propos de la libération de Mme Pétronin.Les paiements de rançon dans le cadre de libération d'otages occidentaux au Sahel sont réputés courants, sans que les détails ni la véracité de ceux-ci ne soient dans la majorité des cas confirmés officiellement.Cette déclaration du Premier ministre algérien intervient dans un contexte de crispations croissantes entre Paris et Alger. La France a récemment dit envisager une réduction "ciblée" du nombre de visas attribués aux pays --notamment l'Algérie-- qui rechignent à reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière et/ou ceux soupçonnés de radicalisation.