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Que sont-ils devenus… Mohamed Traoré dit Cerezo : Le déménageur du DAC devenu barbu
Publié le samedi 12 decembre 2020  |  Aujourd`hui
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Nous avons un peu hésité avant de solliciter un entretien avec Mohamed Traoré, ex-international de football du Djoliba AC, dans le cadre de “Que sont-ils devenus ?” parce que l’ancien joueur du Tata et du Sigui a depuis quelques années radicalement changé. La barbe toujours soignée, il ne rate plus aucune prière à la mosquée. Aujourd’hui, il dit s’être libéré de Satan depuis sa retraite footballistique en 2000, c’est-à-dire qu’il s’est rendu compte que certaines pratiques mystiques pour engranger des victoires sont aux antipodes des principes de l’islam. Accepterait-il notre sollicitation ? Cette interrogation a longtemps entravé notre volonté de le contacter. Heureusement que l’un des fidèles de la rubrique, Amara Diombéra, a croisé l’homme dans une mosquée. Il a pris son numéro et lui a expliqué les tenants et les aboutissants de “Que sont-ils devenus ?”
Surnommé Cyril Cerezo à ses débuts à Sikasso, Mohamed Traoré était un joueur polyvalent, qui ne donnait pas trop de temps à son adversaire quand il jouait en défense ou comme milieu récupérateur. Il évitait les surprises désagréables, ce qui explique ses interventions énergiques à l’allure d’anticipation. Reconnu pour son engagement, il était l’un des commandos de Kidian Diallo en équipe nationale pour les situations difficiles.

Comme ce fut le cas le 19 août 1990 quand les Aigles ont arraché le match nul à Yaoundé face aux Lions Indomptables du Cameroun. Ce jour-là, il devait s’occuper de Cyril Makanaky, lequel prendra par la suite un carton rouge parce que très énervé par les agissements de son garde du corps circonstanciel du jour. Dommage, la manche retour, jouée le 28 avril 1991, constitue un mauvais souvenir pour notre héros de la semaine.


Mohamed Traoré dit Cerezo
Fraichement rentré à la place d’Aly Diarra, Mohamed Traoré n’avait pas la tâche facile pour prendre la température du match, contre des Lions indomptables, décidés à laver l’affront de la manche-aller. Son nom est cité dans le premier but camerounais par feu Demba Coulibaly dans sa retransmission à la radio. Est-ce vrai ? Qu’est-ce qui s’est passé ? Comment s’est-il démarqué de cette bourde (à tort) après le match ? Quelle explication au naufrage des Aigles après une bonne première mi-temps ?

“Non ! Les propos distillés ne corroborent pas avec la réalité des choses. Sur le premier but camerounais sur lequel mon nom a été cité, il n’y avait aucune action sur laquelle on peut parler d’erreur. C’est sur une relance du portier Antoine Bell que François Omam Biyick a surpris le portier malien. Ce n’était pas moi qui le suivait, mais un autre joueur que je ne nommerai pas. J’ai mis du temps pour me défaire de cette mauvaise pensée qui m’a beaucoup marqué. Parce que les supporters qui n’étaient pas au terrain ne comprendront pas que le commentateur s’est trompé sur ma personne. Pour donner mon avis sur la défaite des Aigles, je dirais qu’elle est due à deux facteurs : le changement dans le classement et le système de jeu conseillé par un coopérant français qui était venu donner des cours à l’Institut national des sports en son temps. Le système de cinq défenseurs a mis l’équipe dans les difficultés. Comment peut-on accepter de confier les couloirs respectivement à un milieu récupérateur (Boubacary Borry) et à un ailier droit de métier Yacouba Diarra. Ils ont eu des difficultés pour s’adapter au système. Et face à des joueurs plus expérimentés, l’équipe malienne a craqué et l’irréparable s’est produit”.

Sa carrière au sens réel du terme a pris forme au Tata de Sikasso. Pensionnaire du centre de formation de l’AS Réal de Bamako, Mohamed Traoré sera découvert dans la Cité du Kénédougou, à la faveur des vacances scolaires chez sa grande sœur à Sikasso. Ses séances d’entraînement avec le club de quartier Flasso, sont couronnées par la victoire finale lors de la Coupe inter quartiers, ce qui précipitera les événements.

Pression

Le 2e vice-président du Tata, un commissaire de police lui demande de signer une licence avec l’équipe régionale. Mohamed Traoré manifeste son désaccord, au motif qu’il doit retourner à Bamako pour reprendre le chemin de l’école. Alors le compol met la pression sur le beau-frère et le menace de mutation au cas où Cerezo refuse de signer la licence.

Le mari de sa grande sœur qui n’a aucun pouvoir sur lui, se rabat sur les parents à Bamako afin qu’ils interviennent auprès de Mohamed. A défaut il perd son poste.

Finalement, Cerezo reste à Sikasso (1985-1986), pour jouer au Tata et continuer ses études. L’année suivante le dirigeant emblématique de la Cité des Balanzans, Amary N’Daou le transfère à l’AS Biton de Ségou, où il passe trois saisons (1986 -1989).

Au Djoliba AC, il passe une seule saison (1989-1990). A la suite d’une victoire des Rouges sur le Sigui (qui avait pourtant mené au score, 3 à 0), son transfert à Kayes est discuté et négocié dans “le Train week-end”.

Le président Alassane Diallo l’invite dans son wagon pour lui faire des propositions. Il accepte et ne dit rien aux dirigeants djolibistes, jusque-là ignorant ce qui s’est tramé au chemin de retour de l’équipe. Son aventure dans la Cité des rails dure trois ans (1990 -1993).

De retour dans la famille Rouge, parce qu’il est djolibiste pur-sang, il prend sa retraite en 2000, après avoir réalisé deux doublés (Coupe du Mali et championnat) en 1996 et 1998. Entre-temps il émet le désir de servir dans l’armée comme gendarme. A l’époque l’Usfas débauche dans presque tous les clubs. Cerezo explique son intention au président Karounga Kéita dit Kéké. Selon lui le vieux le comprend et accepte de le prêter au club militaire. Malheureusement malgré toutes les démarches entreprises par ci par là, ainsi que les relations dans le milieu sportif, Mohamed n’intègre pas l’armée.

En bon musulman,il parvient à la conclusion que le bon Dieu ne veut pas. Il met fin à sa carrière et opte pour autre chose. Alors commence pour lui une série de contrats dans les mines d’or de Tabakoto, Sadiola, Siama. C’est surtout à Sikasso que sa chance de décrocher un emploi est liée à un événement malheureux. Lequel ?

Le virage

“Quand je suis arrivé à Siama en 2005, j’ai commencé par m’entraîner seul avec un ballon sur le terrain de football. Cela a attiré des jeunes qui ont fini par me rejoindre jusqu’à former deux équipes. Avec un tel effectif, j’ai proposé au directeur de la mine d’or, Adama Bagayoko, une finale en son nom entre les deux équipes. Ancien joueur du Tata de Sikasso, il a apprécié et a même financé l’organisation.

Seulement à quelques heures de la finale, au terme d’une dernière visite d’inspection pour voir l’organisation, j’ai été percuté par un véhicule de la société sud-africaine Fife. Nous étions deux sur la moto, et vu l’état des blessures nous fûmes évacués sur Sikasso. Les Sud-Africains nous ont soignés et pour éviter d’autres démarches judiciaires, ils nous ont embauchés, avec deux jeunes frères de mon ami. Parce qu’il a eu une double fracture. Je suis resté jusqu’à la fin du contrat de la société. Après je suis parti à Kayes, où le gouverneur, un grand frère de quartier m’a fait embaucher dans la mine d’or d’Alou Badra Diallo. J’y suis resté jusqu’en 2016, date de notre licenciement. Depuis lors j’ai tourné dos aux mines d’or, avec leurs quotidiens de remerciements sans politique de préparation morale”.

Toujours collé au sport, et plus particulièrement le football, Mohamed Traoré crée son club, le FC Hamdallaye qui évolue en troisième division en Commune IV. Marié à deux femmes, il est père de quatre enfants.

Son bon souvenir est un match qui a opposé le Stade malien au Sigui de Kayes en 1992. Cette rencontre avait la particularité d’être un pont pour le titre de champion des Blancs. Il leur fallait obligatoirement une victoire, à défaut c’est le Djoliba qui passait. Les Kayésiens n’ont rien ménagé pour tenir tête aux Stadistes.

Score final 0 à 0. En deuxième heure, les Rouges s’imposeront face à l’AS Mandé de la Commune IV par cinq buts à deux et deviendront champions. Autre bon souvenir la finale de la Coupe Ufoa contre l’Asec d’Abidjan en 1990.

Aujourd’hui Cerezo travaille dans une usine de carton. Ses deux activités principales : la religion, le sport. Son dernier mot au terme de notre entretien s’adresse à Cheick Kanté, président de la Ligue de Kayes. Il rend hommage à ce dirigeant pour services rendus, dans les situations difficiles, que lui Mohamed Traoré a traversées en un moment donné de sa vie.

O. Roger Sissoko

Tél : (00223) 63 88 24 23
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