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Lettre au président de la transition : Mourir de faim, de Covid-19 ou d’insécurité ?
Publié le samedi 12 decembre 2020  |  Aujourd`hui
Le
© aBamako.com par AS
Le président de la transition, Bah N`Daw, reçoit le représentant spécial de la CEDEAO au Mali
Bamako, le 1er Octobre 2020, le président de la transition Bah N`Daw a reçu le représentant spécial de la CEDEAO au Mali, le Pr Hamidou BOLY.
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Monsieur le Président de Transition !
Votre tâche s’avère plus ardue qu’on ne le pensait car avec les multiples problèmes auxquels vous aviez prévu de vous attaquer dès votre investiture, s’ajoute désormais la nouvelle vague de coronavirus, plus agressive, si l’on en juge déjà par les statistiques funestes enregistrées ces trois dernières semaines. Il suffit donc de faire preuve de beaucoup plus de fermeté dans l’observation des mesures-barrière, surtout avec cette fin d’année festive et qui se présente donc, dans le monde entier, comme un énorme souci des gouvernements, lesquels n’ont pas tardé d’initier des mesures, notamment pour éviter les regroupements de la Nativité et de fin d’année, un véritable terreau fertile pour le coronavirus. Que décideront les Autorités maliennes dont vous, en tête ?

Mais, Monsieur le Président, les Maliens ont une autre préoccupation, tout aussi importante que la lutte contre le coronavirus : la lutte contre l’insécurité qui n’est plus seulement le fait d’un terrorisme allié au narco jihadisme, mais d’un grand banditisme ambiant, au point que les attaques à main armée tendent à devenir de banals sujets de faits divers quotidiens.

Les mosquées se vident de plus en plus à l’aube à cause de la peur de se faire agresser à cette heure où les rues sont désertes car beaucoup de cas ont été enregistrés. Les citoyens se barricadent car les cambriolages à domicile se multiplient et chaque citoyen se voit tenté de se procurer une arme pour assurer sa défense. En un mot comme en mille, une psychose d’insécurité totale s’installe et peut entrainer des comportements et attitudes des plus négatives car, au lieu que force reste à la Loi, on risque de se retrouver dans une situation du genre : force reste à sa capacité d’autodéfense.

Monsieur le Président !

Vous avez vu que la dégradation de la situation sécuritaire, est due en grande partie à l’action des milices armées dont les actions ont plongé cette partie du territoire national dans une spirale d’expéditions punitives de vengeances et de règlements de comptes. Ne faut-il pas donc, dès à présent, rassurer la population de Bamako qu’on ne doive pas en arriver-là ? Cette question peut faire sourire maintenant, mais si l’on sait que dans plusieurs quartiers de la capitale des jeunes sont en train de se concerter pour assurer, eux-mêmes, la sécurisation de leur espace de vie, des dérives ne sont pas à exclure comme c’est déjà vu, il n’y a guère longtemps, lorsque trois frères bouchers qui se rendaient aux abattoirs, à l’aube, ont été purement et simplement battus à mort par une horde de jeunes qui, au vu de leur arsenal d’armes blanches -leurs outils de travail- les ont pris pour des malfaiteurs pour leur faire subir la loi de la vindicte populaire.

S’il faut ajouter à tout cela la pauvreté galopante qui allège de jour en jour le panier de la ménagère et désemplit les marmites dans les familles, il faut se rendre compte de ce que tend à devenir le quotidien du Malien Lambda.

C’est dire, Monsieur le Président, que la population vit actuellement sous la menace de trois risques majeurs dont chacun nécessité des mesures énergiques : la Covid-19, l’extrême pauvreté qui va crescendo et l’insécurité qui empêche désormais de dormir.

A.B.NIANG
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