Les agents des services de l’Administration du Cercle de Goundam, dans le Nord du Mali, ont tous simplement verrouillé les portes de la Préfecture et se sont mis à l’abri des menaces quotidiennes de djihadistes présents dans plusieurs villages de la zone.
A la suite d’une insécurité grandissante caractérisée par de nombreux braquages de bandits armés, amplifiés par des menaces, enlèvements ou assassinats commandités par de présumés djihadistes, une grosse frayeur a enveloppé la ville. Le Cercle se trouve livré à lui-même. A tous les niveaux, les activités sont au ralenti.
On rappelle que le domicile du préfet actuel a fait l’objet de deux tentatives d’attaques, repoussées par le Peleton de gendarmerie qui a opposé une farouche résistance aux assaillants et a évité, ainsi, une situation dramatique. Un an plutôt, il y a eu l’assassinat, en pleine ville, du chef de Peleton de Goundam, alors qu’il revenait de la mosquée, au petit matin.
Les tirs des assaillants ont atteint le chef de Peleton et son neveu, dans son sommeil. Son adjoint, qui a essayé de défendre la victime, a été tué également, malgré la présence, à Goundam, des Forces armées maliennes (FAMa) et la Mission intégrée multidimensionnelle pour la stabilisation au Mali (MINUSMA).
Les mécontentements, menaces et, aussi, règlements de comptes liés aux dernières législatives ont beaucoup contribué à détériorer la situation sécuritaire, rendant, ainsi, l’atmosphère invivable pour certains responsables. Le médecin-chef du Centre de santé de référence (CSRéf) de Goundam, a reçu des menaces de mort, simplement parce que certaines personnes lui en ont voulu ne pas avoir loué leurs véhicules pour conduire les récentes journées de vaccination, ignorant que tous les engins ne peuvent être pris en location.
En fait, les menaces étaient, le plus souvent, dirigées contre les représentants de l’Administration locale. Le seul sous-préfet, celui de Raz-El-Ma, qui assurait l’intérim, a reçu un message sur son téléphone, lui accordant quarante-huit heures pour quitter et fermer ses bureaux. Il a été contraint de partir.
Le siège du Conseil de Cercle de Goundam
Cependant, il faut préciser que quelques services sociaux de base fonctionnent mais à très faible régime. L’accompagnement de certaines ONG a permis au CSRéf de la ville de mener ses activités, tout comme différents Centres de santé communautaire (CSCOM).
Ces derniers temps, des bandits ont tiré à bout portant sur leurs victimes, sur les axes routiers et même à l’intérieur de la ville, les dépossédant de leurs moto, téléphone et argent. Face à cette insécurité inquiétante dont des actes s’opèrent, parfois, non loin des camps des forces de sécurité, sur des populations sans aucun moyen défense, l’armée s’est organisée et mène des patrouilles à travers la ville de Goundam, à Diré et Tonka et sur les différents axes, afin de dissuader les bandits et autres individus armés non identifiés. Cependant, l’armée ne peut être partout, compte tenu de son faible effectif.
A Goundam, les responsables des forces de sécurité ont rendu visite aux notabilités pour les informer des patrouilles qu’ils mènent à travers la ville et ont fourni un numéro vert “pour tout cas suspect”.
De l’avis des habitants, on a le sentiment que, “puisque la nature a horreur du vide”, il y a un laisser-aller dans le Cercle : la fraude et la contrebande s’opèrent au vu et au su de tous ; des camions traversent la ville, sans aucun contrôle, les arbres des forêts sont coupés, transformés en bois de chauffe et en charbon dont les sacs sont chargés par des véhicules tout-terrain et stockés aux coins de rues ; certaines ONG sont accusées de comportements qui jurent d’avec l’éthique.
En l’absence des services des impôts, de la perception, des commerces émergent à tout bout de champs, les prix des denrées sont fixés de manière anarchique, autant de situations qui entraînent le Cercle dans un cycle infernal.
A Goundam, il est impératif que tous les moyens sécuritaires soient déployés pour un retour rapide de l’Administration, des impôts et la perception qui, pour ce qui concerne ces deux derniers services publics, sont absents depuis près de neuf ans.
Le renforcement des Forces armées et de sécurité est plus que nécessaire.
Actuellement, certains problèmes et activités du Cercle sont gérés par le président de l’Autorité interimaire, Abocar Hanga Touré, et son bureau. Il préside toutes les rencontres au Cercle.
Des chefs de services locaux, notamment de l’Agriculture, du Développement social, le directeur du Centre d’animation pédagogique (CAP), sont présents et assurent leur mission.