Le capitaine putschiste, Amadou Haya Sanogo, a été promu, à travers un décret du président par intérim, Dioncounda Traoré au grade de général de corps d’armée, 4 étoiles. Du coup, il gravit six échelons : Commandant, Lieutenant-colonel, Colonel, Colonel-Major, Général de brigade, Général de division. Une décision choquante, à la limite insultante, selon certains observateurs, pour la Nation malienne.
Ca décision prise récemment en Conseil des ministres de promouvoir Amadou Haya Sanogo, Didier Dacko et Moussa Sinko Coulibaly au grade de général, est diversement appréciée, tant sur l’échiquier national qu’international, il n’en demeure pas moins vrai qu’il y a une dose d’injustice quelque part pour certains officiers. Il s’agit notamment d’ El Hadj Gamou, Kéba Sangaré, Gaston Damango, Néima Sagara, Abdramane Baby, Abdramane Ould Meydou, Mamadou Sissoko dit Samarek… Alors qu’ils se sont illustrés au front ou sur d’autres terrains militaires et font la fierté du Mali.
Pour preuve, le Colonel Kéba Sangaré dirige les opérations militaires à Tombouctou ; El Hadj Gamou et Gaston Damango, sont tous deux au front et se sont fait remarquer positivement. Quant à Néima Sagara, elle était au four et au Moulin à Gao pour que les populations et l’armée puissent parler le même langage. Et surtout que c’est la seule femme officier au front. Le genre n’a donc pas été respecté.
En ce qui concerne Abdramane Baby, c’est un officier qui s’est fait remarquer lors des pourparlers de Ouagadougou et il fait partie de la Commission mixte de sécurité qui a obtenu le cantonnement des groupes armés. Concernant Abdramane Ould Meydou, il est un excellent Officier, chargé de mission du ministère de la Défense, qui a montré toutes les qualités dont il dispose. Sans oublier Oumar Dao, Faye, Abass Dembélé et autres.
Les élucubrations de Dioncounda Traoré
C’est un usage chez Dioncounda de s’adresser au peuple hors du pays, un comportement incompréhensible du président de la République par intérim.
En effet, après la promotion du Capitaine ex-putschiste Amadou Haya Sanogo, au grade de Général de corps d’armée, il n’a trouvé mieux que de donner des explications au peuple malien étant à l’extérieur par média interposé. Le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré est coutumier du fait.
Pour nombre de Maliennes et de Maliens, cette attitude de Dioncounda Traoré est incompréhensible et à la limite, elle constitue une insulte à la Nation.
De même, aux forts moments de la crise, il s’est déjà comporté de la sorte étant hors de nos frontières, en se prononçant sur des questions touchant à la vie de la Nation. «Il ne faut pas chercher à remuer le couteau dans la plaie», déclarait-il en terre burkinabé, alors qu’il était en visite le 16 août dernier, faisant ainsi allusion à la promotion de l’ex-putschiste qui a renversé le général ATT, le capitaine Amadou Haya Sanogo. Ce dernier, de son grade de capitaine, est désormais bombardé général de corps d’armée. Ce qui étonne certains Maliens.
Le président par intérim, Dioncounda Traoré, explique cette promotion de Sanogo par une volonté d’aller vers la réconciliation. Sachant bien qu’il a fomenté un coup d’Etat le 22 mars 2012 qui aurait contribué pour beaucoup, selon certains observateurs, à l’enlisement de la crise au Mali.
Une prime à l’impunité ?
«Je pense plutôt le contraire. Nous sommes à un stade où il ne faut pas chercher à compliquer les choses ; un stade où il faut pardonner et se lancer résolument vers l’avant. Nous devions régler certaines questions définitivement. Quand on n’est pas capable de pardonner, on n’est pas capable d’aller vers la paix. Amadou Haya Sanogo a des droits et des devoirs comme tout Malien. Cette promotion est une question ordinaire qu’il faut comprendre et il ne pas chercher à remuer le couteau dans la plaie». Voilà des arguments avancés par Dioncounda Traoré, pour convaincre l’opinion nationale et internationale. Des arguments qui, selon certains Maliens, ne tiennent pas la route. La réconciliation, c’est aussi la libération du colonel Abdina Guindo, ancien aide de camp du général ATT.
Ibk serait-il associé à la promotion de Sanogo ?
Alors que les attentions étaient focalisées sur la proclamation des résultats tant attendus du second tour de la présidentielle opposant Ibk à Soumi, la promotion de Sanogo au grade de général de corps d’armée, voilée par celle de Moussa Sinko Coulibaly et de Didier Dacko, est tombée comme un couperet. Et dans les esprits des Maliennes et des Maliens, c’était la grande cacophonie. Du coup, ils se demandent si le nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéïta a été associé à ce jeu dangereux de Dioncounda Traoré. Nous disons bien dangereux, parce qu’il peut encourager, à l’avenir, d’autres officiers et d’autres subalternes à fomenter un autre coup d’Etat, espérant être récompensés par la suite comme on est en train de le faire pour l’ex-putschiste Sanogo.
Loin de nous de jeter de l’huile sur le feu, nous pensons que Dioncounda ne devait pas se presser avec une vitesse vertigineuse pour procéder à ces promotions, d’autant que le pays n’est pas encore totalement pacifié. Il devait laisser cette responsabilité au nouveau président démocratiquement élu, IBK.